La théorie du tiroir, qui a fait le bonheur et le succès, mais aussi la suprématie des grandes firmes mondiales a, paraît-il, séduit plusieurs managers du paysage financier marocain. L’adhésion aux principes de cette théorie, qui dictent des stratégies de comportement concurrentiel d’une entité vis-à-vis des sociétés de son secteur, est totale. Plus simplement dit, ce système préconise qu’une entreprise doit disposer sous le coude d’un produit plus performant que celui qu’elle s’apprête à lancer sur le marché.
L’objectif étant de contrecarrer rapidement la riposte des autres sociétés et s’assurer ainsi la primauté. Toutefois, tradition managériale locale oblige, l’adaptation de ses principes s’est imposée. L’innovation est en effet coûteuse. Et, s’amuser à s’y initier, l’est encore plus. Des managers préfèrent ainsi suivre la marche avec les mêmes produits, un peu relookés. De plus en plus, des produits nouveaux, dit-on, sont ainsi lancés sur le marché financier marocain.
Ce sont les exigences de la course vers les parts de marché et les volumes, déclare-t-on. Ladite course, engagée, certes il y a quelques années, atteint aujourd’hui son paroxysme. En effet, l’agressivité commerciale des institutions nationales, bancaires ou non bancaires, suit désormais la logique du: «celui qui perd gagne ». Il faut reconnaître qu’il est un temps où s’est imposée celle de gagner pour ensuite moins perdre, mais qui s’est avérée, pour beaucoup d’établissements notamment des compagnies d’assurances, défaillante. Pendant des années, des compagnies ont « ramassé » sur le marché beaucoup d’affaires risquées sans se soucier des conséquences financières ultérieures. La facture actuelle à solder est lourde. Très lourde même au vu de leur situation financière. La loi des grands nombres n’a pas que des vertus ! Quelques établissements sont sérieusement mis à mal par ce renversement brutal de la tendance. Que faire? Comment sortir de l’impasse sans se trouver à supporter entièrement le coût? La solution-miracle ?
Dans le cas d’espèce, des établissements multiplient actuellement les offres de produits et les formes d’appel sans en changer même le concept de départ. Il n’y a en effet aucune urgence d’efficacité. L’essentiel est de faire emballer les gens et conclure des affaires. Même assez d’affaires pour remplir les trous de trésorerie et pérenniser le même train de vie. L’opacité est de mise. Au non de la concurrence et de la possibilité de tout négocier, des institutions mettent sur le marché des lots fardelés, dites révolutionnaires, sans la moindre indication sur le niveau des prix. Les prétendants, qui s’emballent facilement par des propositions alléchantes, sont invités à prendre connaissance de ces détails au cas par cas. Ils sont en fait invités à contribuer massivement au redressement financier de ces entités !