Economie

«Le Maroc, carrefour économique»

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ALM : Sur quoi précisément ont porté vos discussions avec ces hommes d’affaires espagnols ?
Bassim Jaï Hokaimi : Il s’agissait de présenter l’environnement actuel de notre pays, pour ce qui est des investissements et aussi de projeter le Maroc du futur, tel que nous le voyons à travers les grands chantiers d’aujourd’hui : infrastructures, tourisme, réformes… et plus particulièrement ce qui se passe dans le nord du Maroc, avec le port Tanger-Med, puisque cela intéresse en première ligne l’Espagne voisine. Il y avait ensuite une seconde partie axée sur le groupe ONA, où nous avons expliqué quelles étaient nos principales filiales, notre politique de partenariats, nos principes de gouvernances et nos orientations stratégiques.
Y a-t-il eu des sujets politiques évoqués lors de cette rencontre ?
Dans le cadre de la macroéconomie globale, du mouvement des réformes au Maroc, nous avons évoqué la construction de la démocratie au Maroc, de la libéralisation, l’extraordinaire dynamique de la société civile, à travers les ONG… autant d’aspects qui ont intéressé nos amis espagnols. En fait, nous avons surtout insisté sur cette position de «carrefour géographique» qu’occupe le Maroc et qu’il est en train de transformer en position de «carrefour économique», à travers les accords de libre-échange qu’il a noués avec les différentes zones, au Nord avec l’Europe, à l’Ouest avec les deux Amériques, au Sud avec l’Afrique subsaharienne, puis bien sûr vers l’Est avec les pays de l’Accord d’Agadir et la Turquie. Il est clair, que cette ouverture économique et commerciale est indissociable de l’ouverture politique et ne peut être que profitable à l’évolution des relations entre le Maroc et les pays avec lesquels il va développer de plus en plus des relations économiques.
Et le problème du Sahara ?
Le problème du Sahara n’a été évoqué que brièvement, notamment dans le fait qu’il constitue un blocage pour la construction du Maghreb économique. Néanmoins nous avons partagé l’idée que nos provinces sahariennes n’ont jamais constitué un obstacle de nos relations économiques avec l’Espagne, puisque nous avons une tendance lourde de développement de nos investissements avec ce pays depuis ces vingt dernières années, indépendamment de toutes les situations. En revanche, l’affaire du Sahara est toujours un obstacle de l’intégration du Maghreb économique, qui ne peut se construire sans de meilleures relations entre le Maroc et l’Algérie.
Concrètement, qu’avez-vous avancé comme arguments pour convaincre ces entrepreneurs du climat d’investissement positif au Maroc ?
Comme je l’ai déjà évoqué, nous avons rappelé la position stratégique du pays, associée à la dynamique de libre-échange, et qui devraient leur donner de nouvelles possibilités d’investissements pour des marchés plus étendus. Nous avons également parlé de l’ambitieux programme d’infrastructures au Maroc, routières et touristiques notamment. Il a aussi été question de parler des zones industrielles, comme Tanger Free Zone, que le groupe ONA a contribué à construire, ainsi que la nouvelle zone Sapino à Nouaceur, dont les travaux sont en cours. Nous avons mis en exergue toute la dynamique que va entraîner Tanger-Med et qui correspond à toute une vision sur la région du Nord et non pas seulement sur un port. Nous avons également mis en avant les qualités de la main- d’oeuvre marocaine, ses qualifications, sa diversité et sa capacité à fournir un travail très professionnel.
Puis nous avons évoqué les équilibres financiers que le Maroc a retrouvés vis-à-vis de sa situation extérieure, en terme de dettes, de réserves de changes, avec toutefois une préoccupation sur l’évolution de la balance commerciale d’une part et les déficits publics hors privatisation d’autre part. Mais globalement, nous avons aujourd’hui des conditions propices à un décollage économique, à condition de bien se placer dans les perspectives à moyen terme, à travers toutes ces nouvelles facilités et d’être volontaire et imaginatif dans les opportunités de l’investissement.
Mais il y a des critères encourageants de part et d’autre, puisqu’il y a aussi l’arrivée au pouvoir de M. Zapatero, non ?
Il est vrai qu’on constate une nouvelle dynamique entre les relations maroco-espagnoles, mais encore une fois, on constate toujours une tendance lourde à l’intensification des investissements espagnols. Mais, nous ne sommes pas des politiques. Nous sommes des hommes d’affaires et nous devons, quelles que soient les subtilités qui peuvent régir les relations entre les pays à un moment ou un autre, apprendre à construire des partenariats économiques, qui pourraient peut-être faciliter les relations politiques. Il y a donc un cercle vertueux qui peut faire faciliter les relations entre elles.

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