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LE MAROC OBTIENT UNE LIGNE DE CRÉDIT MODULABLE AUPRÈS DU FMI

Les autorités ont l’intention de considérer le dispositif de la LCM comme une mesure de précaution et d’y mettre fin dès que la période de 24 mois sera écoulée, en fonction de l’évolution des risques. (D.R)

D’un montant d’environ 5 milliards de dollars

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Economie. Le Royaume vient de rejoindre les quelques rares pays au monde bénéficiant d’une Ligne de crédit modulable (LCM), conçue pour la prévention des crises. Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) vient d’approuver lundi un accord de deux ans en faveur du Maroc. Les détails.

Cette fois-ci fut la bonne pour le Maroc. Alors que les pourparlers remontent à quelque temps déjà entre les deux parties, un accord a été trouvé et le FMI vient d’octroyer une LCM en faveur du Maroc. Dans les détails, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé lundi un accord de deux ans en faveur du Maroc au titre de la Ligne de crédit modulable (LCM), conçue pour la prévention des crises, d’un montant d’environ 5 milliards de dollars.

« Le Maroc remplit les conditions requises pour bénéficier de cette LCM en raison de ses très solides politiques économiques, cadres institutionnels et fondamentaux économiques, ainsi que de son engagement à maintenir ces politiques à l’avenir », a indiqué le FMI dans un communiqué diffusé à Washington.

L’accord renforcera les réserves extérieures du Maroc et fournira une assurance temporaire contre les risques extrêmes plausibles sur une base temporaire. « Les politiques macroéconomiques et le cadre institutionnel très solide du Maroc ont permis à son économie de rester résiliente face aux multiples chocs négatifs qui se sont produits au cours des trois dernières années, notamment la pandémie, les deux sécheresses et les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine », a indiqué Antoinette Sayeh, directrice adjointe générale du FMI et présidente par intérim du conseil, dans une déclaration à l’issue des délibérations du conseil d’administration.

Elle a ajouté qu’à l’avenir, les autorités marocaines « restent déterminées à reconstituer des marges de manœuvre de politique économique, à apporter une réponse globale aux nouveaux chocs et à poursuivre la mise en œuvre de vastes réformes structurelles nécessaires pour rendre la croissance économique plus forte, plus résiliente et plus inclusive».

La responsable du FMI a noté que malgré sa résilience, l’économie marocaine « reste vulnérable à une détérioration de l’environnement économique et financier mondial, à une volatilité accrue des prix des matières premières et à des sécheresses récurrentes. Dans ce contexte, l’accord de la LCM renforcera les coussins extérieurs du Maroc et fournira au pays une assurance supplémentaire contre les risques extrêmes ». « Les autorités ont l’intention de considérer le dispositif de la LCM comme une mesure de précaution et d’y mettre fin dès que la période de 24 mois sera écoulée, en fonction de l’évolution des risques », a ajouté Mme Sayeh.

Depuis 2012, le Maroc a bénéficié de quatre accords successifs au titre de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), d’un montant d’environ 3 milliards de dollars chacun. La première LPL a été approuvée le 3 août 2012, et trois autres ont été approuvées le 28 juillet 2014, le 22 juillet 2016 et le 17 décembre 2018. La quatrième LPL a expiré le 7 avril 2020, lorsque les autorités ont acheté toutes les ressources disponibles dans le cadre de la LPL pour limiter l’impact social et économique de la pandémie de la Covid-19 et permettre au Maroc de maintenir un niveau adéquat de réserves officielles pour atténuer les pressions sur la balance des paiements.

« Si les accords de la LPL ont bien servi le pays dans le passé, les très solides fondamentaux cadres institutionnels et antécédents économiques dans la mise en œuvre de politiques économiques très solides, ainsi que l’engagement continu à maintenir ces politiques à l’avenir, tous justifient la transition vers un accord de la LCM », a indiqué l’institution financière internationale, qui a ajouté qu’un accord de la LCM aiderait le Maroc à relever le défi de la reconstruction de la marge de manœuvre de politique économique, tout en accélérant la mise en œuvre de son programme de réformes structurelles dans un environnement extérieur de plus en plus risqué.

Eligibilité
Il y a quelques semaines, la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, avait annoncé son intention de recommander au conseil d’administration du FMI d’accorder au Maroc une ligne de crédit modulable de 5 milliards de dollars sur deux ans. «Compte tenu de la solidité des cadres de politique économique et du bilan du Maroc, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a l’intention de recommander l’approbation d’un accord au titre de la ligne de crédit modulable en faveur du Maroc lorsque le conseil d’administration du FMI se réunira de nouveau dans les prochaines semaines pour prendre une décision», avait indiqué alors l’institution financière internationale.

Le wali de Bank Al-Maghrib Abdellatif Jouahri avait annoncé qu’une Ligne de crédit modulable avec le FMI est envisagée en mars 2023. Lors du point de presse à l’issue de la 4e et dernière réunion trimestrielle de 2022 de BAM, M. Jouahri avait expliqué que ce «mécanisme de financement est réputé pour sa souplesse et assure aux pays admissibles l’accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue». Il faut préciser dans ce sens que le FMI avait mis en place, en mars 2009, des facilités destinées à certains pays dont les fondamentaux économiques ont fait montre de solidité et qui ont fait leurs preuves en matière de mise en œuvre de politiques économiques saines.

Cette facilité, dite «Ligne de crédit modulable », permet aux pays bénéficiaires, à l’instar de la «Ligne de précaution et de liquidité » (LPL), de faire face aux chocs exogènes et de préserver leur stabilité macro-économique. Le Maroc, ayant bénéficié de la LPL entre 2012 et 2020, a ner la possibilité de bénéficier de la LCM. Cette facilité est offerte à un nombre restreint de pays dont les fondamentaux économiques sont les plus solides. A rappeler que cinq pays ont bénéficié à ce jour de la LCM : le Mexique, la Pologne, la Colombie, le Chili et le Pérou.
Les critères d’éligibilité de la LCM sont notamment la viabilité de la situation extérieure, la prédominance des flux privés dans le compte de capital, la viabilité budgétaire et soutenabilité de la dette publique, la maîtrise de l’inflation grâce à une politique monétaire et de change saine, l’absence de problème de solvabilité des banques, la supervision efficace du secteur financier, l’intégrité et transparence des données statistiques.

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Choix stratégique
Finances. Le Maroc a sollicité un accord LCM, à titre de précaution, afin de soutenir la stratégie économique nationale, en consolidant la confiance des investisseurs et des partenaires. Il est question, en outre, de contribuer à la stabilité macroéconomique et d’assurer la disponibilité de ressources financières en cas de chocs extérieurs, lesquels exerceraient une pression sur la balance des paiements. Ainsi, le recours du Maroc à la LCM s’inscrit dans le cadre de la démarche anticipative du gouvernement visant à se prémunir contre les chocs externes et contribuer à assurer les conditions propices à la poursuite de la mise en œuvre de l’agenda des réformes et à renforcer les acquis en matière de consolidation des fondamentaux économiques.

Il faut dire enfin que lorsque le Maroc avait procédé par précaution au début de la pandémie à un tirage sur la totalité de la LPL, soit trois milliards de dollars, les responsables avaient à cette époque obtenu que ce tirage n’entrave pas la négociation d’un autre accord avec ce même FMI. Le Maroc cherche en effet depuis plusieurs années à obtenir une Ligne de crédit modulable, un dispositif financier du FMI mais nettement meilleur et supérieur à la LPL en termes de conditions et de flexibilité et surtout pour son impact sur la notation du pays. Car le Maroc négocie ce genre de dispositif pour obtenir de bonnes conditions au moment de ses sorties à l’international.

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Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès de la ministre de l’économie et des finances, chargé du budget

«La recommandation de la directrice générale du Fonds monétaire international d’accorder au Maroc une Ligne de crédit modulable de 5 milliards de dollars sur deux ans démontre que le Maroc est sur la bonne voie en matière de gestion de ses finances publiques».

Nadia Fettah, ministre de l’économie et des finances. DR

«le système financier marocain est résilient malgré les crises et les transformations qu’ont connues l’économie et les marchés financiers».

Antoinette Sayeh, directrice adjointe générale du FMI et présidente par intérim du conseil
Antoinette Sayeh, directrice adjointe générale du FMI et présidente par intérim du conseil

« Les politiques macroéconomiques et le cadre institutionnel très solides du Maroc ont permis à son économie de rester résiliente face aux multiples chocs négatifs qui se sont produits au cours des trois dernières années, notamment la pandémie, les deux sécheresses et les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine ».

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