Economie

Le patron de BP à Abou Dhabi pour sonder des investisseurs

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Le directeur général du groupe pétrolier BP, Tony Hayward, tenait des réunions, mercredi, à Abou Dhabi dans le cadre d’une tournée visant à sonder des investisseurs en vue de se protéger contre une possible OPA hostile. M. Hayward, dont le groupe est confronté aux conséquences de la marée noire dans le Golfe du Mexique, est arrivé mardi soir dans la capitale des Émirats Arabes Unis et tenait des rencontres auxquelles les journalistes n’ont pas eu accès dans le palace d’Abou Dhabi. La marée noire a déjà coûté à BP 3,12 milliards de dollars, et le groupe a promis aux États-Unis d’en placer 20 en trois ans dans un fonds consacré à la catastrophe. La presse prête depuis dimanche à BP, qui a perdu la moitié de sa valeur en deux mois (il valait mardi 64 milliards de livres-77 milliards d’euros), l’intention d’approcher des fonds souverains du Moyen-Orient pour les encourager à prendre une participation ou renforcer leur participation actuelle à son capital, afin de l’aider à résister à un éventuel assaut d’un concurrent. La capitale émiratie est le siège de l’Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), propriété de l’émirat d’Abou Dhabi, considéré comme le fonds souverain le plus important au monde avec des avoirs estimés à plus de 600 milliards de dollars. Interrogé par l’AFP sur une éventuelle volonté de ce fonds d’acquérir des parts dans BP, un porte-parole d’ADIA a refusé de commenter. «Il est évident que les fonds souverains du Golfe sont intéressés par BP», estime l’analyste et expert en questions stratégiques Ibrahim Khayat, basé à Dubaï. «C’est une occasion à ne pas rater, surtout que les difficultés financières actuelles du groupe ne remettent pas en cause la valeur stratégique de ses avoirs de par le monde», ajoute-t-il. Pour l’analyste Saud Masud, chargé de la recherche au groupe de services financiers UBS à Dubaï, «les fonds souverains du Moyen-Orient ont recours traditionnellement à des investissements à long terme dans les grosses capitalisations, notamment dans les marchés développés». «Quand les actions peuvent être achetées à des prix aussi bas, ils sont sûrement intéressés», dit-il. A Ryad, le quotidien économique saoudien Al-Iqtissadiya a rapporté mercredi que des investisseurs saoudiens seraient intéressés par une prise de participation de 10 à 15% dans le capital de BP. Ces investisseurs, dont des opérateurs dans le secteur de l’énergie du Royaume saoudien, un géant pétrolier, «se sont rendus à Londres pour négocier directement avec BP», écrit le journal. Mardi, le patron de la compagnie libyenne de pétrole (NOC), Chokri Ghanem, a estimé que le capital de BP était une «opportunité» pour les investisseurs, sans préciser si son pays était intéressé par une entrée dans le capital. Mais un officiel koweïtien, dont le pays détient 2,8% de BP, a déclaré à l’agence Dow Jones Newswires que «ce n’était pas forcément une bonne idée d’augmenter la part actuelle» de l’émirat. L’arrivée au capital de BP de fonds souverains pourrait dissuader une éventuelle offre publique d’achat (OPA) hostile d’un concurrent, selon la presse britannique. Parmi les prédateurs possibles figurent l’américain Exxon, plus grosse entreprise mondiale par la capitalisation, ou des géants plus petits comme Shell ou Total, ce dernier ayant toutefois démenti étudier un rachat, selon les journaux. BP a indiqué ne pas envisager d’augmentation de capital mais une porte-parole a confirmé à l’AFP que le groupe «accueillait volontiers de nouveaux actionnaires, ainsi que les actionnaires existants qui souhaiteraient augmenter leur part».

  Nathalie Gillet (AFP)

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