Economie

Le secteur national menacé

Le Maroc, l’Ile Maurice et le Bangladesh font partie des pays les plus exposés face à la fin des «quotas textiles», moratoire de dix ans qui devait préparer certains pays sensibles avant l’adhésion de la Chine à l’OMC. Dès le premier janvier prochain, les quotas encadrant le commerce des produits textiles auront vécu. Une hausse brutale des exportations chinoises s’ensuivrait logiquement avec la libéralisation complète du secteur.
Sur le plan national, au Maroc, la date du premier janvier 2005 correspond également avec l’entrée en vigueur de la revalorisation du SMIG pour certains secteurs dont le textile. Retardé depuis le premier juillet 2004, le taux horaire passerait de 8,78 à 9,66 dirhams l’heure. Il s’agit de la deuxième tranche de hausse du SMIG. Le déferlement des produits chinois affecterait la concurrence directement dans les marchés des pays développés où les producteurs des pays en développement arrivaient à se frayer une voie grâce à la politique du contingentement des importations. Or, cette disposition que bénéficiait aussi le Maroc ne pourrait plus être appliquée après le premier janvier. «Nous avons lancé un appel à la Chine pour qu’elle fasse preuve de modération, pour éviter de créer de nombreux problèmes dans des pays moins développés» lançait, incertaine, en fin de semaine, Françoise le Bail, porte-parole du nouveau président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Les pays de l’UE qui ont perdu 4 millions d’emplois dans le secteur en raison de la concurrence, ont d’ores et déjà pris les devants en mettant en place un système de surveillance des importations chinoises. L’enjeu est de taille, puisque d’après les études, 15% de l’emploi de l’Union est sous menace directe. Pour le Maroc, l’heure est encore à l’expectative. Le textile est, avec la chimie et la parachimie l’une des secteurs qui ont le plus souffert durant l’année 2004, responsables tous deux du ralentissement industriel. Il n’est toutefois pas question de fixer un nouveau moratoire. La Commission européenne, en proie à la pression des industriels européens du secteur exclut tout retour en arrière des engagements pris dans le cadre de l’OMC.
Les pays membres pourront toujours en dernier recours appliquer les clauses de sauvegarde prévues dans l’OMC en cas de déstabilisation du marché. Un scénario auquel l’UE ne veut pas parvenir. Pour le Maroc et pour l’AMITH occupée toujours par le renouvellement de ses instances, l’équation est simple. Comme le préconisait un récent rapport de l’OCDE, les pays qui aspirent encore à être exportateurs de textile doivent, après la levée des quotas en 2005, s’efforcer de «développer leur savoir-faire dans les segments à haute valeur ajoutée». D’où, pour le Maroc, l’investissement dans des segments à haute valeur ajoutée. Plutôt facile à dire qu’à faire vu la situation de la plupart des industries locales confrontées à de véritables problèmes de Trésorerie, rappelle un industriel. Le rapport de l’OCDE cite le design, le contrôle de qualité, la logistique et la distribution comme meilleure évolution des industries du Sud. Mais derrière l’ouverture attendue, c’est toujours la concurrence déloyale que craignent les pays en développement.
D’après la Confédération internationale des Syndicats libres, la disparition du système des quotas rendra le marché des USA hors de portée des pays du Sud à cause notamment des avantages comparatifs qui penchent nettement pour l’Asie. A titre d’exemple, la part de la Chine dans le marché US passera de 16 en 2002 à 50% en milieu de l’année 2005. Déjà pour certaines catégories, la part chinoise est passée en trois ans, entre 2001 et 2004, de 10 à 70%.

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