Economie

Le ticket perdant

© D.R

Il n’y aura pas d’exception marocaine. La commission zéro, appliquée en France depuis le premier avril, est venue soudain, début mai, assombrir les prévisions des petites et moyennes agences de voyages adossées sur la billetterie. La plupart de celles-ci doivent, d’ici novembre prochain, trouver une alternative aux 7% qu’elles percevaient sur la vente d’un billet d’avion à l’international. Mais comment? 
En facturant le client, suggère triomphalement, entre les lignes,  «le nouveau modèle économique de la distribution du voyage aérien sur le marché marocain». Ce modèle dont les contours restent encore à définir a fait l’objet d’une rencontre, le 11 mai dernier, entre les voyagistes et la RAM, à l’invitation de cette dernière.
L’on s’achemine donc d’ici peu vers un système de rémunération où les  agences de voyages doivent faire payer au client, en sus du billet, des frais de dossier et autres services. Reste à savoir si le Marocain est prêt à faire cet effort et surtout pour quel type de prestations il sera enclin à payer sans réticences. «De toute façon, ce modèle ne peut se tenir debout, déclare Fouzi Zemrani, président de la FNAVM, que si la RAM et les compagnies aériennes desservant le Maroc jouent  le jeu ». Autrement, les agences ne pourront pas résister à l’effet courant d’air qui résulterait d’une différence de prix avec leurs partenaires de l’aérien.
Pour soutenir les compagnies, la RAM va probablement s’aligner avec elles, en appliquant les fees (frais de services). Les voyagistes s’approvisionneront en  billets d’avion au «prix d’usine ». A elles, suivant leurs choix et leurs services, de décider du taux de rémunération à appliquer au client», suggère un cadre de l’aérien. Mais la survie dans un environnement concurrentiel dépendra des agences de voyages elles mêmes, de leur capacité à créer des produits à valeur ajoutée. «Dire qu’il y aura des centaines d’agences qui vont disparaître serait faire preuve d’alarmisme», renchérit le président de la Fédération.
En fait, dans la nouvelle donne, chacun fera payer le service qu’il dispense. Le client qui veut un service personnalisé passera certainement par l’agence. D’ailleurs, en France après l’entrée en vigueur de la commission zéro, les agences se sont retrouvées avec 10% quand elles ont appliqué les fees, et bien géré leur portefeuille.
Trouver un modèle qui arrange la distribution est tout l’enjeu du Conseil d’administration de la FNAVM qui se tient samedi 21 mai 2005 à Marrakech.  Faut-il le préciser, l’heure n’est plus à la polémique chez les acteurs de la distribution, mais aux discussions sur les modalités d’application de la Commission. Pourtant il y a un peu plus de deux ans, quand la rémunération est passée de 9 à 7%, les agences avaient réagi énergiquement. Une plainte avait même  été déposée.
Aujourd’hui, le ton est différent. Pas tant que cela pourtant, déclare-t-on dans les rangs des voyagistes. «A l’époque, il y avait eu vice de forme. L’on ne nous avait pas consultés, la baisse de 2% sur les commissions nous avait été imposée brutalement, en violation des règles de l’IATA. Aujourd’hui, la compagnie aérienne se met à table avec nous et discute en partenaire».  Rien à dire donc sur la forme. Des groupes de travail composés des représentants de la RAM et de la FNAVM,  ont été désignés avec pour objectif d’élaborer les simulations mettant en évidence l’avantage économique de ce nouveau modèle pour la petite et moyenne agence de voyages. Les deux parties étudieront ensemble les modalités et délais de déploiement de ce nouveau modèle économique sur les plans juridiques, fiscaux et techniques.
A noter que des professionnels jugent prématurée l’application de la commission zéro au Maroc, prenant l’exemple sur la Tunisie et la Turquie où les 9% sont toujours appliqués. Des pays comme l’Inde après avoir succombé aux sirènes de  la dérégulation auraient fait marche arrière, après quelques semaines, revenant au vieux modèle des commissions. Mais ces exceptions mises en avant ne pourront guère survivre à la dynamique quasi mondiale de la dérégulation.
Une compagnie comme la Royal Air Maroc, membre de plusieurs alliances marchait au régime de la commission zéro sur le marché européen et à celle de 7% sur le Maroc. D’où des surcoûts énormes en termes de gestion et de suivi des dossiers des agences de voyages. Justement, les compagnies majors traditionnelles comme Royal Air Maroc, Air France et Iberia entres autres, se sont engagées dans un processus draconien  de réduction des coûts pour faire face à la concurrence des low-cost qui évoluent depuis leur naissance dans un environnement complètement dérégulé. Il fallait donc inévitablement dans ce processus, revoir les rapports de force avec les grandes centrales de réservation comme Amadeus et au-delà, trouver des formules plus adaptées avec la distribution.

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