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Le transport maritime national navigue à vue

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Les compagnies nationales de transport maritime continuent de tomber les unes après les autres. Pour le transport des passagers, une seule et unique compagnie continue d’assurer la liaison entre le Maroc et le Vieux Continent alors qu’il existe une forte demande de la part des MRE. Les détails.

L’intervention du ministre du transport au Parlement récemment laisse sans voix. Le Royaume qui dispose de deux façades maritimes ne possède plus qu’une seule compagnie de transport de passagers assurant la liaison entre le Maroc et le sud de l’Europe. «Nous avons aujourd’hui une compagnie marocaine, AML. Nous travaillons actuellement pour pouvoir attirer de nouveaux investisseurs dans le domaine», a lancé Mohammed Abdeljalil, ministre du transport et de la logistique, au Parlement en réponse à une question sur le secteur. Il faut préciser que Africa Morocco Link (AML) est une compagnie maritime marocaine, fondée en 2016. La compagnie opère de Tanger Med au Maroc et d’Algésiras en Espagne. Cette déclaration jette ainsi un pavé dans la mare puisque les lignes entre le Maroc et les pays du sud de l’Europe, principalement l’Espagne, la France et l’Italie connaissent une forte demande chaque année en raison du retour des Marocains résidant à l’étranger pour passer leurs vacances. Ces derniers critiquent le plus souvent les tarifs appliqués par le mastodonte du secteur majoritairement à capitaux étrangers. Avec une seule compagnie nationale encore assurant la liaison entre le Maroc et l’Espagne, la situation ne risque pas de changer de sitôt. Ces développements arrivent à un moment où le Maroc cherche à se doter d’une véritable flotte nationale.

En attendant un pavillon marocain
Pour rappel, le Souverain avait appelé à renforcer la flotte nationale. «Si, par sa façade méditerranéenne, le Maroc est solidement arrimé à l’Europe, son versant atlantique lui ouvre, quant à lui, un accès complet sur l’Afrique et une fenêtre sur l’espace américain. C’est la raison pour laquelle Nous sommes déterminé à entreprendre une mise à niveau nationale du littoral, incluant la façade atlantique du Sahara marocain», avait affirmé SM le Roi dans Son discours adressé à la Nation à l’occasion du 48ème anniversaire de la glorieuse Marche Verte. «Nous sommes également attaché à ce que cet espace géopolitique fasse l’objet d’une structuration de portée africaine», avait souligné le Souverain. «Nous nous attachons à mettre à disposition les moyens de transport et les stations logistiques nécessaires. Cela inclut aussi de réfléchir à la constitution d’une flotte nationale de marine marchande, forte et compétitive», avait poursuivi SM le Roi. Quelques semaines après, le ministre du transport et de la logistique avait annoncé que son département planchait sur la préparation d’une étude stratégique concernant la constitution d’une flotte nationale de commerce maritime forte et compétitive. Répondant à une question à la Chambre des conseillers, M. Abdeljalil avait expliqué que le lancement de cette étude intervenait conformément aux Hautes Orientations Royales, contenues dans le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 48e anniversaire de la Marche Verte, dans lequel le Souverain a souligné la dimension atlantique du Royaume. Cette étude «se penchera sur le diagnostic de la situation actuelle de la navigation commerciale afin de l’adapter aux meilleures pratiques internationales, dans le but de créer des conditions propices à encourager les investissements dans ce secteur», a ajouté le ministre.
M. Abdeljalil avait souligné que le Maroc a adopté une politique économique fondée sur l’ouverture et la liberté d’initiative, estimant que «le principe de la libéralisation est le moyen le plus efficace de créer de la richesse, de développer l’économie nationale et de créer les opportunités d’emploi». Il a également noté qu’au cours des vingt dernières années, un nombre important de secteurs vitaux ont été libérés, notamment le transport routier de marchandises, le transport aérien, ainsi que le transport maritime et les services portuaires, à l’exception du transport maritime de passagers, «en raison de sa particularité et de son importance stratégique». Le ministre avait affirmé que le secteur du transport maritime est fortement lié au développement du secteur portuaire, soulignant que le Maroc a procédé à la transformation d’importants pôles portuaires le long des côtes méditerranéenne et atlantique et veillé à les relier aux réseaux autoroutier et ferroviaire. Il a relevé que cette démarche a permis d’attirer des investissements internationaux dans le secteur du transport maritime et, partant, améliorer l’indice de connectivité maritime du Maroc, classé désormais au 20e rang à l’échelle internationale, grâce à sa connectivité à plus de 184 ports dans 71 pays.

Convoitise
Même si les compagnies marocaines peinent à s’imposer, le transport maritime au Maroc suscite la convoitise en attirant les grandes compagnies internationales. Dans ce sens, DFDS, la compagnie danoise de ferries et de logistique, vient d’officialiser l’acquisition de FRS Iberia Maroc suite à l’approbation du processus par les autorités compétentes. Avec cette nouvelle acquisition, DFDS se renforce en Méditerranée puisque la compagnie exploite déjà des lignes de la Turquie vers l’Italie et la France, et de la France vers la Tunisie. «Cette acquisition n’est pas seulement un pas en avant dans notre vision de la croissance, mais elle renforce également notre engagement en faveur de l’excellence opérationnelle, de l’innovation et de la durabilité», a déclaré Ronny Moriana Glindemann, DG de FRS Iberia/Maroc. Torben Carlsen, CEO de DFDS, a ajouté : «Nous sommes ravis de commencer l’intégration de FRS Iberia Maroc et nous nous réjouissons de développer nos capacités communes pour faire croître notre activité, tout en continuant à fournir des services de ferry fiables et efficaces aux passagers et aux clients du fret». Reste à savoir si des acteurs marocains pourront investir dans le secteur très bientôt. Il faut savoir que les investissements dans ce domaine sont très lourds et la concurrence très féroce face à des géants mondiaux qui sont capables de maintenir leurs services et proposer des prix concurrentiels.

Appel
Flotte : Alors que le transport maritime assure 97% des échanges extérieurs du Maroc et l’essentiel de ses exportations vers les partenaires internationaux, notamment l’Union européenne, la participation de la flotte nationale demeure en deçà des attentes. C’est ce qui ressort d’une journée d’étude organisée au Parlement en 2022 par la majorité et consacrée à la contribution du secteur du transport au développement économique et social du pays. Les chiffres sont en effet édifiants. La flotte nationale est composée d’à peine 13 navires. Un chiffre qui ne semble pas porter chance à l’activité du secteur puisque seulement 5% du volume du commerce extérieur de notre pays est assuré par le pavillon national. Malgré un potentiel logistique prometteur, et compte tenu de la reprise des relations commerciales avec le voisin espagnol, le Royaume reste malheureusement sans flotte commerciale maritime sous le contrôle et l’organisation de l’État marocain, par l’intermédiaire de compagnies nationales pour renforcer ainsi la sécurité stratégique maritime tout en permettant le transport des Marocains résidant à l’étranger vers la patrie à un prix compétitif, sans oublier le renforcement de la dynamique commerciale loin de toute dépendance vis-à-vis des entreprises étrangères.

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