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Leila Rhiwi : Ce que doit nous rappeler la Journée internationale des droits de femmes

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Lettre ouverte de Leila Rhiwi, représentante ONU femmes Maroc

Commémorer la Journée internationale des droits des femmes, c’est avoir cette conscience globale des défis quant à l’atteinte de l’égalité chacun dans son domaine et la volonté et l’engagement d’accélérer les progrès en sa faveur.

La communauté mondiale s’apprête à commémorer la Journée internationale des droits des femmes, une occasion pour l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes de rappeler la philosophie de cette journée mondiale.
Le 8 mars est en effet une commémoration des luttes des femmes pour l’égalité des droits économiques, politiques et sociaux. Pour rappel, cet élan de mobilisation à l’échelle planétaire avait commencé avec les revendications des femmes dès le début du siècle dernier, pour le droit de vote, le droit au travail, le droit d’exercer une fonction publique, l’éradication des discriminations sur les lieux de travail. Cette date nous invite donc à nous remémorer les combats menés pour faire avancer les droits des femmes dans nos sociétés. C’est un moment de bilan pour apprécier les avancées et les progrès mais aussi un moment d’interrogation et d’analyse sur tout ce que les femmes continuent à vivre comme entraves à la jouissance de leurs droits, un moment d’engagement pour accélérer la cadence en faveur d’une société égalitaire.

Cependant, et après plus d’un quart de siècle d’adoption par la communauté mondiale du Programme d’action de Beijing, qui avait établi la façon d’éliminer les obstacles systémiques qui empêchent les femmes de participer de manière égale dans tous les domaines de la vie, que ce soit dans la sphère publique ou privée, les changements réels ont été désespérément lents pour la majorité des femmes et des filles à travers le monde. Aujourd’hui, pas un seul pays ne peut prétendre avoir atteint l’égalité des sexes. Les avancées contrastent avec le fait qu’en dépit de l’éducation améliorée des femmes, ces dernières continuent à occuper des emplois parmi les moins attrayants, les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes restent un phénomène universel, la violence à l’égard des femmes et des filles subsiste dans tous les pays, et les femmes sont loin d’être au même niveau de représentation que les hommes dans les postes de direction d’institutions tant publiques que privées et politiques.
Certes, le Maroc a connu de nombreuses avancées au cours des dernières années tant sur le plan législatif qu’institutionnel et ce en accord avec les engagements internationaux pris par le pays. Sur le plan constitutionnel, le Maroc dispose d’une

Constitution qui consacre le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes et celui de la parité; des réformes des cadres juridiques en vue de leur harmonisation avec les standards internationaux ont été réalisées. De même, le pays a mis en place des politiques publiques dédiées à l’avancement et à la protection des droits des femmes. Également, et à l’instar des mouvements mondiaux, la société civile marocaine, notamment les organisations de droits des femmes et leurs coalitions, constitue une véritable force de proposition et interagit dans un dialogue politique régulier avec les décideurs. Cependant, malgré les progrès, les indicateurs de développement humain, incluant l’accès des hommes et des femmes à l’éducation, la santé et l’emploi démontrent des inégalités persistantes. Pour rappel, au niveau du Global Gender Gap Report 202 du Word Economic Forum, le Maroc est au 144ème rang sur 156 pays en matière d’égalité entre les sexes.

Aussi, au moment où l’on s’apprête à commémorer la Journée internationale des droits des femmes, il est important de rappeler la globalité de l’engagement en faveur de l’égalité entre les sexes. En effet, commémorer cette journée c’est questionner nos engagements et nos pratiques. L’institution publique, l’entreprise, l’organisation est-elle dans une approche intégrée de l’égalité des sexes ? A-t-elle une connaissance fine des écarts entre les sexes dans son domaine d’intervention? La mission, la politique, la stratégie, le plan d’action et la culture organisationnelle sont-ils inclusifs des préoccupations de genre et visent-ils à réduire ces écarts? Le plus haut niveau du management est-il favorable et engagé pour l’égalité entre les sexes ? Les femmes et les hommes au sein de l’institution-entreprise-organisation ont-ils les mêmes opportunités? Un suivi et des rapports périodiques sur les progrès en faveur de la réduction des inégalités sont-ils assurés ? Ainsi, commémorer la Journée internationale des droits des femmes, c’est avoir cette conscience globale des défis quant à l’atteinte de l’égalité chacun dans son domaine et la volonté et l’engagement d’accélérer les progrès en sa faveur.
Enfin, ce chemin vers l’égalité ne peut être poursuivi par les femmes seules. Les hommes et les garçons sont concernés et doivent être plus impliqués, leur voix en tant qu’alliés du féminisme doit être plus forte.

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