Le constat ne trompe personne. Plusieurs trésoriers et chargés des placements financiers au sein de différentes entreprises et compagnies d’assurances de la place sont loin de s’intéresser de nouveau au marché boursier casablancais. Même si beaucoup d’entre eux jugent que les niveaux de valorisation des actions cotées sont attrayants, ils préfèrent encore opérer des placements dans des actifs obligataires. « Vu nos contraintes de gestion de trésorerie, -placer à court terme dans des actifs liquides et dont le rendement répond à nos exigences de rentabilité -, ces actifs présentent pour l’instant le meilleur placement en terme du couple rentabilité-risque », affirme d’emblée un responsable des placements au sein d’une compagnie d’assurances. Les actifs obligataires concernent les bonds de trésor et les fonds obligataires gérés par les sociétés de gestion d’actifs notamment les fonds monétaires à court terme.
Ces trésoriers interprètent les premiers signes de reprise de la bourse comme étant un simple rebond technique. « La place est loin de renouer avec une performance régulière et stable sur le long terme. Du moins pour le moment », commente un responsable des placements au sein d’une autre compagnie d’assurances de la place. Cette régularité dans la performance constitue en effet en plus de la liquidité, les principaux fondements de leurs décisions d’investissement dans un actif financier. « Les fonds monétaires présente ces avantages. L’important pour nous, c’est l’évolution régulière de la valeur d’un actif et sa liquidité assurée », avance un trésorier. Suivant les cas, les trésoriers ont besoin d’un taux de rendement annuel régulier de 5 à 6 % pour pouvoir faire face à leurs engagements. « La performance affichée par quelques fonds monétaires de la place répond parfaitement pour le moment à nos attentes en termes de rentabilité. À condition, toutefois, de bien définir l’horizon de placement », est-il ajouté. En effet, les SICAV monétaires peuvent subir des pertes ponctuelles. La baisse des valeurs liquidatives trouve son origine dans la hausse des taux de marché. Essentiellement, les taux des bonds de trésor qui constituent la principale référence des courbes de valorisation des portefeuilles obligataires. Suivant la constitution du portefeuille du fonds dans lequel on investit, l’essentiel est de pouvoir adapter le produit à l’horizon de placement.
Interrogés sur les chances d’opérer des placements en actions, hors participations stratégiques, plusieurs trésoriers et chargés de placements financiers affirment qu’elles sont minimes pour l’instant.
L’absence de visibilité, même à court terme, qui caractérise le marché boursier dissuade plus d’un. « Il est vrai qu’on opère désormais dans une logique de spéculation, puisque nos entités de trésorerie sont devenues des centres de profit à part entière, mais l’absence de diversification des produits sur le marché, qui répondent à nos spécificités d’investissement, limite considérablement nos arbitrages » indiquent plusieurs trésoriers.