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Les ambitions «réalisables» de l’industrie pharmaceutique marocaine

© D.R

Une rencontre organisée par la CGEM et la FMIIP

L’industrie pharmaceutique marocaine est prête à relever les défis des chantiers que le Maroc a lancés. Selon les professionnels, le pays jouit de tous les atouts pour se positionner comme le «Hub Africain» de l’industrie pharmaceutique. Lors d’une rencontre à distance organisée le 26 janvier 2022 par la CGEM en partenariat avec la Fédération de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), sur le thème «Industrie pharmaceutique : plus de valeur ajoutée pour une souveraineté sanitaire nationale et continentale», les professionnels ont exprimé leurs ambitions pour le secteur et son potentiel à l’export.

Une souveraineté sanitaire qui passe par la fabrication locale

Le développement d’une industrie pharmaceutique locale bénéficie d’une conjoncture favorable. Malgré la période difficile imposée par la Covid-19, le Maroc s’en est bien sorti grâce à l’agilité dont il a fait preuve et à son industrie pharmaceutique «Parce que nous n’avons connu aucune rupture de stock pendant la pandémie», insiste Lamia Tazi, vice-présidente générale de la FMIIP et présidente de Sothema, expliquant que depuis le début de l’année 2020 l’industrie pharmaceutique a été agile et a anticipé les importations des matières premières pour pouvoir sécuriser l’approvisionnement en médicaments.

«Aujourd’hui ce qui s’est passé en début d’année 2022, et c’est important de le signaler, c’est une tension sur certains produits non essentiels qui ont été sur-utilisés suite à la dernière vague», précise-t-elle. Par ailleurs, il faut dire que l’industrie pharmaceutique qui participe à 1,5% du PIB voit toute la fabrication locale diminuer depuis une vingtaine d’années passant de 80% à 50%, «mais nous sommes très ambitieux. Nous voulons doubler le chiffre à horizon 2026, c’est-à-dire passer de 16 MMDH à un peu près de 35 MMDH», relève Lamia Tazi.

De plus, si la tendance de baisse relative à la fabrication locale est inversée, l’industrie peut récupérer à court terme l’équivalent de 3 MMDH en médicaments (qui peuvent être changés de l’importé vers le fabriqué) sans parler des créations d’emplois et de la valeur ajoutée que cette dynamique pourrait stimuler s’alignant ainsi sur le nouveau modèle de développement. Les professionnels sont également mobilisés pour le chantier de la couverture sociale universelle. «Cette couverture nécessite un médicament de qualité et accessible», rappelle-t-elle. Au niveau du prix, deux mesures sont pour les professionnels faciles à réaliser, à savoir la promotion du générique et la préférence nationale dans les appels d’offres publics. La quarantaine de laboratoires pharmaceutique existants est actuellement à une capacité de 50% pouvant donc utiliser la capacité restante.

Booster le médicament à l’export

Le Maroc a toutes les qualités pour être compétitif dans le secteur pharmaceutique à l’international, notamment en Afrique. Pour Mia Lahlou Filali, vice-présidente de la FMIIP et directeur général de Pharma 5, «aujourd’hui le pays n’exporte que 10% de sa production en médicaments. Ce qui est très largement en dessous de son potentiel». Pour elle, la plateforme industrielle pharmaceutique marocaine «est une plateforme industrielle de premier plan à la compétitivité établie». Par ailleurs, cette industrie peut faire largement mieux en termes d’export, notamment grâce au tissu industriel très fort dont elle bénéficie comprenant entre autres 36 usines dotées d’un outil industriel à la pointe de la technologie.

«Les dernières technologies sont disponibles au Maroc allant jusqu’à l’industrie 4.0. Nous sommes dotés d’une industrie très diversifiée qui peut répondre à plus de 80% des besoins», affirme-t-elle. L’industrie pharmaceutique marocaine est compétitivité et bénéficie aussi de la légitimité de la qualité. «Aujourd’hui le label Maroc est reconnu à l’international», explique Mia Lahlou ajoutant qu’à court terme, le pays peut multiplier par 10 son chiffre d’affaires à l’export. Deux leviers principaux ont été identifiés. Il s’agit de développer la présence naturelle que l’industrie a déjà sur le continent et renforcer son accès au marché européen. Pour le marché européen, la relocalisation de la production des médicaments est un rendez-vous que l’industrie pharmaceutique marocaine cible. «Nous devons aujourd’hui appeler à mettre en avant nos avantages compétitifs», explique Mia Lahlou mettant l’accent sur la nécessité de raccourcir la chaîne logistique en cocréant des emplois avec le Nord et en encourageant le partage de technologie.

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Prioriser les génériques fabriqués au Maroc

Renforcer l’indépendance du Maroc en matière de fabrication de médicaments fait partie des cibles stratégiques du nouveau modèle de développement. Au cours de cette rencontre, Hakima Himmich, fondatrice de l’ALCS et membre de la CSMD, est revenue sur cet objectif assurant qu’il est nécessaire d’avoir une régulation plus transparente des AMM (autorisations de mise sur le marché) afin de favoriser la concurrence loyale et de donner la priorité aux génériques fabriqués au Maroc. Elle évoque aussi le fait que les remboursements de l’AMO doivent impérativement sur le prix des génériques moins cher. Parmi les recommandations citées, il est question d’assurer un marché captif pour créer des champions nationaux dans le secteur et encourager les investissements productifs en R&D.

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