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Les Casablancais consomment moins d’eau et d’électricité !

© D.R

Dans cet entretien accordé à ALM, Jean-Pascal Darriet revient sur les besoins d’investissement à Casablanca, la révision du contrat avec la commune, la crise d’Amendis ainsi que les défis de la COP22 organisée par le Maroc cette année.

 

ALM : Pour 2016, le budget de Lydec dédié à l’investissement avoisine le 1 milliard DH, contre près de 1,54 milliard DH en 2015. Qu’est ce qui explique cette baisse ?

Jean-Pascal Darriet : En fait le budget d’investissement est principalement composé du financement du délégataire et du financement du fonds de travaux. L’engagement du délégataire était prévu dans le contrat, mais avec une particularité c’est que lors des deux dernières années, nous avons anticipé sur nos obligations contractuelles en puisant dans des engagements à venir.
La raison en est qu’il y avait de grands enjeux qui nécessitaient énormément de capital. C’est le cas du SAP, le système antipollution, dans lequel Lydec a contribué très fortement, plus que ne le permettaient ses obligations contractuelles de l’année.

Autre facteur qui explique en partie cette évolution : il y a eu en 2015 le besoin d’accélérer un certain nombre d’opérations. Ainsi les années 2014 et 2015 ont été marquées par des niveaux d’investissement exceptionnels. Le rythme normal est en dessous. Pour ce qui est de l’autre composante, le fonds de travaux n’est jamais connu à l’avance. Parce que ce fonds est constitué des droits de participation en eau, en électricité et en assainissement des nouveaux clients, on ne sait jamais deux ans à l’avance combien il y aura d’opérations d’urbanisation et de quels types sont ces opérations, sachant que les opérations de type social donnent moins de participation qu’une activité industrielle, ou une villa en proportion. Et pour 2016, on anticipe une baisse des opérations qui rapportent le plus de participation par rapport à 2015. Toutefois, nous restons à un rythme d’investissement très largement supérieur à ce qu’il y avait les années avant.

Est-ce que ces investissements sont suffisants au vu du rythme de développement de Casablanca et des besoins en investissements de la gestion déléguée ?

A moyen terme, ce n’est pas suffisant parce que le rythme de l’urbanisation se poursuit et à grande vitesse. On fait beaucoup de logements sociaux, beaucoup de recasements… C’est nécessaire, ça rapporte moins de participation, mais ça nécessite des tuyaux, des câbles pour l’eau, l’assainissement et l’électricité. Donc, il y a besoin d’infrastructures et de moyens. Alors on disposera de quoi ? Quand on fait des visions prospectives sur l’avenir, on pourra toujours compter sur l’engagement du délégataire, aussi que sur le disponible du fonds de travaux qui lui-même dépend du rythme et de la typologie des investissements et  -c’est à quoi on s’attend – de l’harmonisation des périmètres. Cette harmonisation va permettre de doter le fonds de travaux de participations supplémentaires, notamment celles que les promoteurs versaient à l’ONEE qui étaient utilisées en investissement mais sur tout le Royaume. Grâce à cette harmonisation, ces participations seront versées sur le fonds de travaux du Grand Casablanca et dépensées sur le Grand Casablanca.
Donc, ce seront des ressources complémentaires dont on aura besoin et qui sont nécessaires pour poursuivre la politique d’investissement de la région. Mais, si ce n’est toujours pas suffisant, on pourra penser à d’autres solutions, notamment faire appel à l’emprunt.

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Pour 2016, on anticipe une baisse des opérations qui rapportent le plus de participation par rapport à 2015. Toutefois, nous restons à un rythme d’investissement très largement supérieur à ce qu’il y avait les années avant.
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Pouvez-vous nous parler de la révision du contrat qui vous lie à la commune de Casablanca ? Quels sont les volets qui devront être revus ?

Une révision, c’est la remise à plat d’un contrat sur un certain nombre d’éléments. Il est question du programme d’investissement, du schéma directeur, des engagements de service, de la qualité de service, des hypothèses de croissance de l’activité : est-ce que les clients vont continuer à faire des économies auquel cas les recettes vont diminuer ?
C’est d’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui. En même temps, il y a à Casablanca un peu plus de clients chaque année, mais ces derniers consomment un peu moins qu’il y a quelques années.
Il faut prendre en compte cette équation. Une telle évolution était impensable quand Lydec a démarré ses activités en 1997. A cette époque, il y avait des croissances de consommation, encouragées par l’achat  d’équipements électriques, etc.
Ainsi les modèles changent. Tout cela doit être pris en compte dans l’économie générale du contrat, sous forme d’investissements et d’engagements…
Tout cela fait partie des éléments qu’il faut examiner de manière sereine avec les autorités.
C’est tout cela la révision et nous on a besoin aussi d’y voir clair et très régulièrement. On n’a pas besoin d’attendre. Pour notre part, si on peut faire une révision tous les ans, c’est très bien, parce qu’une entreprise a besoin d’une visibilité sur ces différents paramètres. La force que l’on a aujourd’hui c’est qu’on a un contrat, un guide avec des engagements, mais même ce contrat on a besoin de le recaler, c’est normal.

Comment la crise d’Amendis a-t-elle été suivie par Lydec. Et quels sont les enseignements à tirer ?

Les enseignements à tirer, c’est que nous avons besoin d’une très grande proximité avec le client. Et ce, que ce soit le client direct ou le client à travers les relais, les associations, les élus qui sont en relation avec les citoyens, les consommateurs.

Ensuite, il faut être capable de faire à chaque modification de tarification – puisqu’il y en a eu une à un moment donné – beaucoup de pédagogie.
Lorsque ces changements tarifaires sont intervenus en juillet 2014, nous avons à Casablanca procédé en août à une conférence de presse. On a fait un travail assez conséquent auprès des associations, des élus, sans parler des réunions portes ouvertes. On a beaucoup communiqué, on a diffusé des flyers, on a publié des infos avec la facture, on a formé notre personnel, dans les agences… Tout ceci a été nécessaire.
Mais je pense que dans ce domaine, il faut aller encore plus loin. Il faut travailler sur le temps de réactivité vis-à-vis du traitement des demandes clients. Aujourd’hui, on publie chaque jour 95.000 factures. C’est énorme ! Sur ce nombre de factures, il y en a très peu qui donnent lieu à des réclamations, 2 pour mille à peu près, soit 150 à 200 réclamations. Ainsi il faut les traiter très vite avec le souci d’expliquer au client.  Et quand il y a erreur, et c’est rare, les traiter tout de suite. Ce sont les consignes chez nous.
Ensuite, on a intérêt à avoir des systèmes de tarification qui soient les moins complexes possibles, je pense que les autorités travaillent là-dessus aussi, pour qu’il y ait plus de simplification.

Parce que le client a besoin d’un système simple, lisible et reproductible d’un mois à l’autre, sinon il a du mal à comprendre.
Par ailleurs, cette proximité dont je parle ce n’est pas qu’une posture.
C’est aussi des moyens informatiques qui font que quand un client nous appelle, il faut qu’on soit capable d’avoir historisé toutes ses demandes, de se rappeler quelles étaient ses préoccupations, de vérifier qu’on a bien répondu dans les délais donnés. C’est aussi être capable d’avoir une information sur le niveau de précision de l’index en temps réel, veiller à ce que la période de relève soit la plus stable possible…

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La Lydec et la COP22
Cette année, le Maroc abritera la COP22. Comment Lydec s’inscrit-elle dans cet événement ?

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Lydec prend part à cet événement à plusieurs niveaux. Nous participons à travers le Groupe Suez, qui est partie prenante et très engagée dans la COP22. Lydec sera également présente sur la base d’actions concrètes qui seront particulièrement cohérentes avec nos métiers. Ces actions ont trait à l’efficacité énergétique, la réutilisation des eaux usées, la formation des compétences dans l’ensemble des domaines qui participent à la préservation des ressources, la réduction des effets du changement climatique, les bonnes pratiques dans la consommation d’électricité ou d’eau.

Il est également question du partage de notre expertise avec d’autres pays africains qui nous sollicitent dans ces domaines. La COP22 s’inscrit de façon toute particulière et exemplaire dans la vie du Royaume, mais elle s’inscrit aussi dans la vie de l’entreprise Lydec qui s’est engagée depuis longtemps dans le domaine de la RSE. Nous avons à ce niveau bénéficié du label CGEM ainsi que de la triple reconnaissance Top performer Vigeo. C’est dans ce cadre que nous allons faire des actions concrètes de façon très rapprochée avec la collectivité, car nous sommes avant tout au service de la collectivité.

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