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Les chefs de ménage femmes vulnérables à la Covid

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Elles ont été touchées plus que les hommes par l’impact économique de la crise sanitaire

Par catégorie socioprofessionnelle, la perte de revenu a été plus prononcée chez les ménages dirigés par des femmes ayant le statut de cadre moyen (51,7%) et exerçant comme des commerçantes et artisanes (57,6%).

Il est certain que la crise sanitaire a profondément affecté la situation des ménages, mais son impact sur les femmes a été plus prononcé. Une détérioration de la situation des femmes a été observée durant cette période, notamment aux premiers mois du déclenchement de la Covid. Au Maroc, les femmes chefs de ménage ont subi fortement les effets de cette crise. Ceci s’est répercuté par une perte significative de l’emploi et des baisses de revenu. Le contexte pandémique est ainsi venu accentuer les maux dont souffrait la gent féminine, notamment en termes de précarité de l’emploi affaiblissant davantage leur situation financière. Se référant à une étude antérieure du Haut-commissariat au Plan, il ressort que la situation financière des femmes observée lors de la crise sanitaire est intervenue en lien avec l’accentuation des contraintes entravant leur accès au marché de travail. «72% des ménages dirigés par des femmes exerçant dans le commerce se sont retrouvés sans revenus. Cette proportion s’élève à 58% des chefs de ménage femmes dans l’industrie, suivis de 41% dans les services et 36% dans l’agriculture», apprend-on à cet égard. Et de préciser que pour les ménages dirigés par des hommes, «ces proportions ont atteint respectivement 46%, 53%, 33% et 32,5%». Par catégorie socioprofessionnelle, la perte de revenu a été plus prononcée chez les ménages dirigés par des femmes ayant le statut de cadre moyen (51,7%) et exerçant comme des commerçantes et artisanes (57,6%). Ces taux reviennent respectivement à 28,3% et 51,6% chez les hommes disposant du même statut professionnel, avec respectivement 28,3% et 51,8%.

Une faible présence dans les circuits formels

La vulnérabilité des femmes durant la Covid a par ailleurs été marquée par leur faible recours d’une part à l’épargne et de l’autre aux aides accordées par le Comité de veille économique aux ménages défavorisés. Leur faible présence dans les circuits formels a fortement contribué à cette tendance. En chiffres, seulement 16% des femmes ont pu recourir à l’épargne durant cette période contre 26% d’hommes. En termes d’aides financières, il ressort que 15,9% des ménages dirigés par les femmes déclarent avoir bénéficié d’une aide des pouvoirs publics contre 19,2% pour les ménages dirigés par les hommes. Par catégorie sociale, 17,9% des ménages conduits par des femmes ont eu accès aux aides contre 23,5% chez la même catégorie de ménages dont le chef est une femme. Les statistiques disponibles démontrent par ailleurs que 25% des chefs de ménages femmes ont bénéficié des montants forfaitaires octroyés par la CNSS. Ce taux s’élève à 31% pour les hommes. Cet écart résulte du fait que les femmes sont faiblement déclarées à la CNSS. Pour ce qui est des aides octroyées aux ménages exerçant dans le secteur informel, les statistiques révèlent que la totalité des chefs de ménages dirigés par les femmes rurales, ayant eu au moins une perte d’emploi au sein de leur ménage, déclarent avoir reçu ces aides contre 63% pour les ménages dirigés par les hommes. Dans les villes, la proportion des chefs de ménage femmes bénéficiaires grimpent à 70% contre 37% des ménages dont le chef est un homme. En outre, 28% des ménages gérés par les femmes ont eu accès à des transferts d’autres ménages contre 13% pour les hommes.

La reprise relativement dure

Les écarts observés ont persisté même après le confinement. L’intensité a ainsi varié en fonction des secteurs d’activité, des catégories socioprofessionnelles et du niveau de vie des ménages. Si 66% des commerçants et 56% des employés en arrêt d’activité pendant le confinement ont pu reprendre leur activité, dans les clans des femmes ces chiffres sont revenus respectivement à 58,5% et 49%. De même, l’analyse établie en tenant compte du niveau de vie de ménages démontre que seulement 12,5% des ménages pauvres dirigés par des femmes comptent des membres ayant préservé leur activité contre 20,7% pour les ménages dirigés par des hommes de la même catégorie. Dans les milieux moyen et aisé, ces taux avoisinent respectivement 16% pour les chefs des ménage femmes et 24,2% pour les chefs des ménage hommes. La non-reprise de l’activité par les femmes après l’arrêt du confinement est expliquée par plusieurs facteurs. Citons dans ce sens la crainte de contamination, le manque de moyens financiers nécessaires à la reprise de l’activité professionnelle exercée avant l’arrêt ainsi que la prise en charge de la garde des enfants, particulièrement dans le contexte de fermeture des écoles conjuguée aux tâches ménagères.

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