Les cadres de la Comanav n’auront pas droit à une période de grâce entre le nouvel an et l’Aid El Kébir. Pour cause, le lancement du processus de privatisation pointe déjà son bout du nez. Les premières missions d’audit sont programmées dans ce mois de janvier. Après une évaluation, prévue pour le printemps, ce sera place à un appel d’offres international.
Celui-ci interviendra normalement vers le mois de septembre 2006 qui verrait une petite bousculade au portillon de quelques majors internationales. C’est du moins l’espoir des dirigeants de la Comanav et de certains responsables gouvernementaux. Tels sont les aspects de la première ébauche d’un scénario qui devra mener cette entreprise à dominante publique dans la sphère du privé. L’Etat devra décider du mode de transfert, entre une cession de gré à gré (en principe inimaginable par les temps qui courent) et une cession stratégique.
Rappelons que lors du dernier Conseil d’administration de la compagnie, tenu le 14 décembre 2005, le capital a été augmenté à hauteur de 200 millions de dirhams. Les principaux actionnaires ont approuvé et suivi l’opération. Ainsi, dans cette augmentation, l’Etat marocain, représenté par le Trésor et l’Office chérifien des phosphates (OCP), a participé à hauteur de 10%, la CDG à 45% et le groupe BMCE à 45%. «Cet effort financier de la part des actionnaires de notre compagnie servira à la consolidation de la structure financière de l’entreprise et au financement d’un certain nombre d’investissements dont Tanger Med », déclare Toufiq Ibrahimi, P-DG de la Comanav.
Suite à l’augmentation du capital, les parts détenues par l’Etat reviennent à 51% contre 49% pour l’ensemble BMCE-CDG.
Cet effort financier, né du dernier Conseil d’administration, qui s’est déroulé sur fond d’un climat général optimiste (annonce d’un résultat net en croissance à deux chiffres, jugé conforme aux attentes, en dépit de la flambée du brut), servira à financer plusieurs projets.
A commencer par l’acquisition d’au minimum deux ferrys et sûrement des cargos, pour accompagner les prévisions du trafic. Pour cela, le plan industriel et financier prévoit un investissement de 1,2 milliard de dirhams dans la flotte. Un montant important mais à relativiser, vu le prix d’acquisition d’un ferry neuf, environ 1 milliard de dirhams. Sur les cinq prochaines années, les investissements prévus vont atteindre 3 milliards de dirhams. Sur Tanger-Med, la Comanav compte doter la société concessionnaire en capital. Une grande partie de cette dotation se fera par apport direct. «Sur les premiers équipements et les installations, nous allons tourner autour de 150 millions d’euros d’ici à l’horizon 2012 », précise M. Ibrahimi. Par la suite, dans le renouvellement du matériel et le maintien des installations, le même montant de 150 millions d’euros sera nécessaire. Ce qui ramènera, en fin de compte, l’investissement global à 300 millions d’euros sur une période d’une trentaine d’années. Actuellement, l’activité de la compagnie repose sur un effectif de 10 navires en propriété, soit 5 cargos et 6 ferrys. Entre 5 et 7 navires sont affrétés durant la haute saison. En 2005, le personnel s’élevait à 700 personnes contre 1 300 en 2001. Ainsi, en quelques années, l’emploi de la compagnie a perdu la moitié de ces effectifs, avec à la clé, un programme intensif de formation et de valorisation des Ressources humaines. Est-ce suffisant? Une chose est sûre, à valeur d’aujourd’hui, le staff dirigeant estime que les 51% du capital de la compagnie, représentant les parts de l’Etat, valent bien (sinon au-delà) les 600 millions de DH escomptés par le département des Finances. Saufs récifs imprévus, la route de la privatisation est bien dégagée.