Beni Mellal-Khénifra est une région agricole par excellence. La superficie agricole utile est de 960.000 hectares dont 205.000 hectares irrigués où l’on trouve différentes filières comme les céréales d’automne, les cultures fourragères, les légumineuses, la betterave à sucre, les arbres fruitiers, principalement les oliviers, les orangers et les grenadiers, les productions animalières, en plus d’un cheptel important composé de 3,80 millions de têtes.
Selon le directeur régional de l’agriculture de Béni Mellal-Khénifra, Said Aqarial, «malgré la succession des années de sècheresse, la région se caractérise par des potentialités agricoles non négligeables dans la mesure où elle contribue, pendant les années normales, sur le plan national avec 50 à 95% pour les filières spécifiques, à savoir le sésame, le piment rouge et grenadier, 20 à 30% pour les filières, multiplication de semences sélectionnées de céréales, betterave à sucre et agrumes et 12 à 15% pour les filières olives, lait et viandes rouges».
Concernant la situation hydrique, ajoute le directeur, la région connaît des conditions climatiques exceptionnelles, caractérisées par une baisse de la réserve des barrages qui a atteint son niveau le plus bas jamais enregistré, soit un taux de remplissage moyen de 5%. En outre, les eaux souterraines ont également connu une régression importante à cause du manque de précipitations, durant les campagnes précédentes, et l’augmentation des températures. Pour ce qui est de l’actuelle campagne agricole 2023/2024, les précipitations enregistrées du début de septembre 2023 au 29 février 2024 s’élèvent à 94 mm contre 140 mm pour la même période de la campagne écoulée, soit une réduction de 33%, associée à un retard des précipitations, ce qui a engendré un impact défavorable sur cette campagne agricole.
A cause des années de sècheresse successives lors des saisons agricoles précédentes, a souligné le directeur, et conformément aux Hautes Directives Royales proactives, le gouvernement a mis en œuvre un programme exceptionnel pour réduire les impacts de la rareté des précipitations et des changements climatiques en vue de rétablir l’équilibre des filières de production et de soutenir les agriculteurs. Lequel programme repose sur trois axes, à savoir la sauvegarde du cheptel et du patrimoine agricole, le soutien des filières de production et le renforcement des capacités de financement du crédit agricole.
Pour ce qui est de la sauvegarde du cheptel, il a été procédé, l’année dernière, à la distribution d’environ 900.000 quintaux d’orge subventionnée et 190.000 quintaux d’aliments composés au profit des éleveurs de la région. Cette année, la même opération a porté sur la distribution d’environ 773.000 qx d’orge subventionnée et environ 140.000 qx d’aliments composés subventionnés au profit des éleveurs de la région au titre de la saison agricole 2023/2024. Cette opération contribuera à la stabilité des prix des aliments du bétail dans les marchés de la région. Pendant les deux dernières campagnes agricoles, il a également été procédé à la distribution de 130 réservoirs remorqués et la réalisation de 50 points d’eau pour améliorer l’abreuvement du cheptel. Concernant le deuxième axe portant sur le soutien des productions agricoles, le ministère de tutelle a mis en œuvre un programme pour le soutien des prix de quelques intrants agricoles pour diminuer les coûts de production. a fait savoir le responsable.
Ainsi, pour ce qui est des engrais qui ont connu une flambée des prix suite à la conjoncture internationale, la dotation en engrais subventionnés accordée à la région Béni Mellal-Khénifra s’élève à 300.000 qx dont 115.000 quintaux ont été distribués à ce jour. Cette opération se poursuivra pour la couverture des besoins des agriculteurs en engrais. Notons que les prix subventionnés sont : 330 DH/Ql pour l’urée 46% (le taux de soutien est de 37,3%), 240 DH/Ql pour l’ammonitrate 33% (taux de soutien 49%) et 150 DH/Ql pour le sulfate d’ammonium 21% (taux de soutien 65,3%). Et de poursuivre: «Concernant les semences sélectionnées de céréales, le soutien a été de 210 DH/Ql pour le blé tendre et l’orge et 290 DH/Ql pour le blé dur. En outre, 57.000 quintaux de semences sélectionnées ont été distribués au niveau de la région Béni Mellal-Khénifra.
Au sujet du soutien des plants et semences des cultures maraîchères, il a porté sur les semences des pommes de terre, à hauteur de 8.000 DH/ha pour les semences communes et 15.000 DH/ha pour les semences certifiées, et les semences et plants d’oignons, à hauteur de 4.000 DH/ha pour les semences communes et 5.000 DH/ha pour les semences certifiées. Rappelons qu’à ce jour, 1.700 hectares, dont 500 hectares de pommes de terre et 1.200 hectares d’oignons, ont été réalisés dans le cadre de ce soutien au niveau de la région Béni Mellal-Khénifra et l’opération se poursuit encore».
Etat d’avancement de la saison agricole 2023/2024
«Force est de constater que l’actuelle campagne agricole est impactée par les conditions climatiques difficiles que connaît le Maroc suite au retard des pluies et de la neige. Au niveau du périmètre irrigué de Tadla, 82.000 hectares ont été irrigués, notamment pour la sauvegarde des arbres fruitiers et la réalisation des programmes des cultures stratégiques, à savoir la betterave à sucre et la multiplication de semences sélectionnées des céréales, ainsi que les cultures fourragères pour soutenir la production laitière. Ainsi, pour les céréales d’automne, 266.000 ha ont été semés, dont 30.000 hectares irrigués, ainsi que 6.200 ha de multiplication de semences sélectionnées, dont 5.568 hectares irrigués ; 4.300 ha de betterave ; plus de 35.000 ha de fourrages, dont plus de 18.000 hectares de la luzerne ; 3.300 ha de légumineuses , dont 1.540 ha de fève, 990 ha de lentilles et 760 hectares de petits pois. La superficie emblavée en cultures maraîchères d’automne s’élève à 2.200 ha, dont 750 ha d’oignons, plus de 300 ha de pommes de terre tandis que celle réalisée en cultures maraîchères d’hiver s’élève, à ce jour, à 1.100 ha dont 450 ha d’oignons, plus de 200 ha de pommes de terre, 200 ha de petits pois et 100 ha d’haricots», a fait savoir le directeur.
Et de conclure : «Vu les conditions difficiles que traverse notre pays à cause de la rareté des pluies, la technique du semis direct a connu un grand essor. C’est une technique qui participe au développement de la production dans la mesure où elle contribue à la réduction des opérations de labour tout en protégeant la diversité biologique et en préservant les eaux souterraines et le sol contre l’érosion. Avec son climat méditerranéen, son sol fertile et ses traditions agricoles, la région de Beni Mellal-Khénifra offre un environnement idéal pour la pratique des cultures conservatrices, surtout le semis direct dans la mesure où ce dernier a connu une amélioration, passant de 40 ha en 2012 à 300 ha en 2019 et 2.000 ha en 2020 pour atteindre environ 13.000 ha cette année.
Notons que la stratégie Génération Green ambitionne d’atteindre 80.000 ha de semis direct à l’horizon 2030 au niveau de la région».
