ALM : Sachant que des guides touristiques au Maroc existent dans toutes les langues et traitent de tous les aspects liés au tourisme marocain, quels sont les objectifs spécifiques au guide dont vous êtes l’auteur ? Et quelle a été votre démarche de travail ?
Roger Mimo : Notre travail est destiné à une cible particulière, à savoir les touristes espagnols épris d’aventures et de découvertes. Notre objectif est que les gens en Espagne s’imprègnent de toutes les richesses dont regorge la montagne marocaine et viennent découvrir ces richesses avec toutes les possibilités que cette découverte peut offrir à la fois au tourisme marocain et aux touristes. Le guide est destiné au marché espagnol, mais nous ne rejetons aucune autre cible potentielle. Nous sommes trois à avoir travaillé sur ce projet. Nous nous sommes répartis en fonction des zones à visiter étant donné que le travail était colossal et nécessitait une couverture de tout le territoire marocain. Chacun de nous s’est occupé de la zone à visiter et des activités qu’elle permet. Notre travail a duré plus de deux ans, mais nous avons également bénéficié de l’expérience propre à chacun de nous.
Dans votre présentation, vous vous êtes attelés à expliquer les différences entre les différentes régions montagneuses au Maroc. Mais quelles seraient les points communs entre ces régions ?
Le point commun entre les différentes régions montagneuses du pays est que à mon avis, la montagne marocaine est très vivante. Du Rif à Jbel Saghro, le plus aride, il existe des milliers de gens qui y vivent. Une population locale qui reste fidèle à ses traditions et demeure attachée à sa région. En plus des paysages magnifiques, la montagne marocaine offre également au visiteur de découvrir et partager un style de vie spécifique à cette montagne concernant les traditions et valeurs des populations. En plus, on peut remarquer la diversité des paysages dans une seule et même région. Il suffit de marcher pendant 30 minutes pour se retrouver dans un cadre totalement différent du point de départ.
Comment une activité touristique peut-elle profiter aux habitants de ces régions ?
Le tourisme de montagne se présente actuellement comme un facteur très important pour le développement de ces régions et pour l’équilibre économique des populations qui, chaque année, grandissent en nombre mais qui doivent toujours vivre, ou survivre, avec les moyens du bord. C’est ce qui explique l’exode de ces populations vers les villes avoisinantes. Le développement tant bien que mal des ressources locales, qu’elles soient agricoles ou liées à l’élevage, n’étant plus suffisant, le tourisme peut constituer un moyen de développer ces régions, tout en maintenant les populations sur place.
Mais cela a bien un risque, celui de dénaturer ces zones…
L’impact écologique et culturel négatif d’une telle activité sur la montagne marocaine est inévitable. Des facteurs externes, liés à la fois à l’activité touristique elle-même et à l’arrivée de gens de plusieurs bords, ne manqueront certainement pas d’affecter certaines habitudes… Le plus important est d’être conscient de ce qui se fait et ne pas agir à tâtons. Il faut définir clairement ce que l’on peut offrir et ce qu’il y a à préserver. Le tourisme oui, mais jusqu’à un certain point.
Il reste aussi le problème des infrastructures, routière comme hôtelière. Comment peut-on développer une activité touristique dans des régions qui manquent de tout ?
Ces infrastructures existent dans certaines régions, mais elles ne sont pas suffisamment développées dans d’autres. Ce qui est sûr c’est que c’est le besoin en infrastructures qui crée ces infrastructures.
Le plus important est de bien faire les choses. Ces infrastructures doivent être d’un niveau et d’une architecture qui cadrent avec la vie dans la montagne et ses particularités au Maroc. Elles doivent s’intégrer à leur environnement. Il y a énormément à apprendre des erreurs qui ont été commises en Europe dans ce sens.