Le Conseil économique et social (CES) a eu toutes les raisons d’être satisfait du séminaire national sur «les nouveaux défis de l’employabilité» qu’il a organisé, mercredi, à Rabat en invitant des institutions homologues d’Algérie, du Sénégal, d’Espagne et de France. En séance d’ouverture de la rencontre, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche et celui de l’emploi et de la formation professionnelle ont rendu hommage à l’ensemble de son action et à sa pertinence pour la compréhension des grandes questions nationales. Chakib Benmoussa, président du CES, qui n’a pas ménagé son plaisir devant ces louanges a cependant paru plus particulièrement heureux de ce que les deux hommes aient fait part de leur volonté de davantage mettre à contribution le Conseil pour diagnostiquer les problèmes et pour leur proposer solution. Cette perspective devrait mettre fin au cercle peu vertueux des autosaisines qui l’obligeait à se mettre au travail de lui-même sur les sujets dont il connaît. A cette double satisfaction s’ajoute le fait que le séminaire est un succès qui a enregistré une forte affluence d’opérateurs privés dont des représentants de la CGEM, de responsables de l’OFPPT, de hauts fonctionnaires et d’universitaires. Tous sont convenus que la question de l’emploi est au centre du développement économique et social durable que le Maroc s’est assigné pour objectif. Mais si la perception de la finalité du plein emploi est sensiblement la même, les causes de l’existant sont différemment perçues. Pour Lahcen Daoudi, la situation de chômage chronique actuelle, dont pâtit plus particulièrement la jeunesse diplômée, est due au fait que le Maroc s’est hasardé sur les chemins de l’intégration dans le système économique mondial sans s’y être auparavant préparé. Le ministre qui a donné l’impression par moments de se faire l’avocat des universités et des instituts de formation a mis en doute l’existence d’un déterminisme rigoureux entre la qualité de l’enseignement dispensé et le niveau de chômage des jeunes. «On a beau jeu d’expliquer le chômage des jeunes diplômés par l’inadaptation de l’enseignement qu’ils ont reçu aux besoins de l’entreprise ; voyez l’Espagne, qui oserait dire que son enseignement n’est pas de qualité», a-t-il fait remarquer. Pour lui, l’affaire est entendue, «on a fait des choix assez peu judicieux. Parmi eux la préférence pour le tourisme, les transferts des MRE et la promotion des exportations à faible valeur ajoutée, là où il fallait investir dans la connaissance et les nouvelles technologies». Abdelouahed Souhail n’a pas fait mystère de son désaccord sur ce point. S’il a souscrit au diagnostic de l’existant, il a néanmoins estimé que les politiques sectorielles portées par le Maroc vert, Halieutis, le Maroc bleu… ont contribué à améliorer la situation du marché de l’emploi. La solution, a-t-il ajouté, est de continuer sur cette voie en l’accompagnant d’étais sociaux. Il a ainsi appelé à respecter la législation sous peine de pénalisation, à promouvoir l’apprentissage en entreprise, à encourager l’enseignement alterné et à donner à l’observatoire national de l’emploi les moyens d’assurer la bonne gouvernance du marché. Pour lui l’enseignement et la formation ne sont que le commencement de la quête d’emploi, il faut la continuer par la formation continue et le recyclage, toujours d’utilité en cas de grippage. Cependant, comme son collègue, Abdelouahed Souhail a estimé que l’emploi est également affaire de croissance. Pour que l’emploi s’émancipe de la force d’inertie, une croissance de 7% est indiquée, a-t-il conclu.