L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui célèbrera ses 50 ans ce mardi à Vienne, fait face à de nouveaux risques de divisions avec la montée en puissance attendue de l’Irak et s’inquiète des retombées du réchauffement climatique. Si le cartel a toujours pu compter pour asseoir sa puissance sur l’importance de ses gisements, il a souvent été affaibli dans le passé par des frictions internes liées au mauvais respect des quotas par certains de ses membres. Selon les experts, le développement du potentiel pétrolier de l’Irak, sur les rails après le lancement d’appels d’offres aux compagnies internationales, pourrait mettre à l’épreuve l’équilibre très politique de l’organisation. «L’enjeu est de taille : entre guerres, sanctions internationales et insécurité, l’Irak n’a pas été en mesure en 30 ans au moins de développer sérieusement un potentiel pétrolier pourtant considérable», explique Francis Perrin, directeur de la revue Pétrole & Gaz Arabes. Le pays ambitionne de produire d’ici à six ans quelque 12 millions de barils par jour contre 2,5 actuellement, ce qui en ferait le deuxième producteur de l’organisation. «Cela représente un défi majeur pour l’Opep», assure Jean-Marie Chevalier, directeur du Centre de géopolitique de l’énergie à l’Université Paris-Dauphine. Les investisseurs restent pour le moment réticents à s’engager trop vite dans un pays encore instable, mais «si les investissements des compagnies se concrétisent, l’Iran n’admettra jamais que l’Irak le dépasse en terme de production et d’exportations», souligne M. Chevalier. Entre les deux voisins rivaux, l’Opep a souvent été le seul lieu de dialogue possible, mais elle pourrait devenir pour eux une arène de compétition, où la répartition des quotas de production exacerberait les tensions. Même s’il dispose du potentiel géologique nécessaire, «l’Irak pourrait être satisfait s’il atteint ne serait-ce que la moitié de son objectif dans les dix ans, étant donné les nombreux obstacles et la surchauffe de méga-projets dans ce qui reste une petite économie», tempère Samuel Ciszuk, de l’institut IHS. A plus long terme, l’Opep s’inquiète de la possibilité d’un «pic de demande» des pays occidentaux, qui verrait ensuite leur consommation se replier.