Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a franchi pour la première fois la barre des 74 dollars jeudi matin à Londres, montant jusqu’à 74,22 dollars, un record.
Le Brent est le prix de référence pour deux tiers du pétrole échangé dans le monde selon l’IntercontinentalExchange (ICE), qui détient le marché de Londres.
Le "light sweet crude" à New York a lui aussi battu un nouveau record jeudi lors des échanges électroniques, à 72,49 dollars le baril. Il s’échange encore pour livraison en mai, alors que le contrat juin (actuellement autour de 74 USD) deviendra la principale référence vendredi.
Les cours ont ensuite pâti de prises de bénéfices, et se sont repliés.
Vers 16H00 GMT, le baril de Brent baissait de 1,23 dollar à 72,50 USD et celui de "light sweet crude" perdait 1,27 dollar à 70,90 USD.
Les analystes s’attendent toutefois à ce que ce mouvement de repli soit temporaire, avant une nouvelle poussée vers le seuil de 75 dollars le baril.
"Les prix sont soutenus par l’association de tensions géopolitiques et de fondamentaux plus fermes sur l’offre et la demande", observe Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays, relevant que le déclin des stocks d’essence aux Etats-Unis est contraire à la normale saisonnière.
Il note "le risque grandissant d’une crise de l’offre dans un futur pas très éloigné".
Le département américain de l’Energie (DoE) a fait état mercredi d’un recul généralisé des stocks la semaine dernière aux Etats-Unis.
Les stocks de brut, de diesel et de fioul de chauffage ont reculé alors que les analystes s’attendaient à une progression. Mais la principale source d’inquiétude était la chute de 5,4 millions de barils des stocks d’essence, plus de deux fois supérieure aux attentes, car ces réserves sont désormais 4,6% en dessous de leur niveau de l’an dernier à la même époque.
"Cela montre que malgré le haut niveau de production et les prix élevés, la demande en brut et en produits raffinés reste suffisamment forte pour faire reculer les stocks, ce qui est particulièrement inquiétant avant la saison estivale des grands déplacements aux Etats-Unis", soulignent les analystes de la maison de courtage Sucden.
Cette saison, qui dure de fin mai à la mi-septembre, coïncide avec la période des départs en vacances des Américains, pic annuel de la consommation de carburant aux Etats-Unis.
Le marché redoute une pénurie d’essence pendant cette période, alors que la production pourrait en plus être ralentie par l’entrée en vigueur de normes plus strictes aux Etats-Unis sur la composition de l’essence, qui doit désormais inclure de l’éthanol et non du MTBE, trop polluant.
Le marché restait aussi sur les nerfs en raison de la crise iranienne, craignant une intervention militaire des Etats-Unis alors que Téhéran refuse de cesser d’enrichir l’uranium, malgré les injonctions des Nations unies.
"L’escalade des tensions entre l’Iran et les pays occidentaux sur le programme nucléaire de Téhéran ont accru les craintes d’une réduction de la production iranienne si une solution pacifique venait à échouer", relève Kevin Norrish.
"L’incertitude politique en Irak, au Venezuela, au Nigeria et au Tchad s’ajoutent à la situation en Iran, et rendent le climat géopolitique extrêmement tendu", estime-t-il.
L’Iran pourrait riposter à toute sanction prise à son encontre en interrompant ses exportations –2,7 millions de barils par jour (mbj).
Or le monde dispose actuellement de seulement 1,5 mbj de capacités excédentaires de production, ce qui serait insuffisant pour compenser une telle perte.