Impactés par le poids des droits de douane vers le Royaume-Uni
Export : Obtenir un traitement équivalent aux produits européens sur le marché anglais. C’est ce que demandent l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel) et l’Association marocaine des conditionneurs maraîchers (Amcom) au ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Et pour cause, les droits de douane pèsent lourdement sur les revenus des producteurs. Une situation qui devrait également pénaliser le marché anglais. Les détails.
Les exportateurs marocains de fruits et légumes vers le Royaume-Uni à travers l’Apefel et l’Amcom ont récemment adressé une lettre au ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Dans ce courrier, ils demandent une intervention du ministre afin d’obtenir pour les produits maraîchers marocains un traitement équivalent à celui en vigueur pour leurs concurrents européens. Pour mettre les choses dans leur contexte, le Maroc avait signé un accord avec le Royaume-Uni en continuité de l’accord de libre-échange qui le lie avec l’UE. Cet accord conclu en prélude de la sortie de l’Angleterre de l’Union européenne prévoit un volume de contingents avoisinant les 40.000 tonnes (du 1er octobre au 31 mai).
Dépassant cette quantité (ce qui est souvent le cas), les exportateurs marocains payent des droits de douane.
Contacté par ALM, Fouad Benabdeljalil, président de l’Amcom, estime que «cette quantité est très limitée par rapport à notre potentiel et par rapport aux besoins du marché anglais». En effet, les fruits et légumes exportés sur le marché du Royaume-Uni sont soumis au paiement des droits de douane suite à l’épuisement des contingents à droits nuls consentis par l’accord Maroc-UK, entré en vigueur le 1er janvier 2021.
«Le fait que nous soyons obligés de payer des droits de douane en Angleterre aujourd’hui pèse lourdement sur le revenu des producteurs.
Et par conséquent, les producteurs préfèrent maintenant orienter leurs produits vers le marché européen plutôt que sur le marché anglais. C’est-à-dire que ces droits de douane défavorisent aussi le marché anglais», tient à préciser Fouad Benabdeljalil.
Selon les deux associations, ces droits de douane grèvent lourdement les recettes des producteurs maraîchers. Ils représentent entre 8% du prix payé au producteur pour les tomates rondes et jusqu’à 30% pour les concombres par exemple. Pour le président de l’Amcom, «en principe, la mise en place des droits de douane est destinée à protéger le marché intérieur contre des importations qui pourraient pénaliser la production locale.
Or, la période qui va du mois d’octobre au mois de mai est une période de contre-saison pour le marché anglais, c’est-à-dire où il n’y a pas de productions». Les deux associations considèrent qu’un tel dispositif protectionniste, appliqué surtout en contre-saison et érigé plus particulièrement contre les exportations marocaines, «est totalement irrationnel».
Les productions européennes des fruits et légumes, qui pèsent beaucoup plus dans les importations du Royaume-Uni, ont en effet libre accès au marché anglais «sans restriction aucune ni d’ordre tarifaire ni d’ordre contingentaire et ce tout au long de l’année».
Dans leur lettre, les deux associations marocaines pensent également que cette situation constitue une distorsion de concurrence car elle élève simplement les charges des produits marocains par rapport aux productions européennes.
«Quand un accord est signé avec des pays tiers, il y a des commissions qui se réunissent chaque année pour évaluer le bon déroulement de l’accord et voir ce qui peut être amélioré d’un côté et d’un autre. Nous, ce qu’on demande, c’est un traitement équivalent aux productions européennes destinées au marché anglais», argumente Fouad Benabdeljalil. A noter qu’un deuxième round de négociations devrait être tenu à ce sujet entre le Maroc et le Royaume-Uni.