Les profits des sociétés du CAC 40 ont reculé en moyenne de 5,7% au premier semestre par rapport à 2007, en raison de la crise financière et du ralentissement économique qui ont particulièrement touché les valeurs bancaires. Si cette vague de publications semestrielles s’est révélée moins mauvaise qu’anticipée par les marchés, la prudence reste toutefois de mise chez la plupart des investisseurs dans l’attente d’une véritable reprise. «Bien que les craintes sur le ralentissement économique n’ont pas été complètement matérialisées dans les résultats du premier semestre, il faudra probablement attendre les résultats du troisième et quatrième trimestres pour que les investisseurs retrouvent confiance», a déclaré à Reuters Chicuong Dang, analyste chez Richelieu Finance. «Cette vague de résultats globalement meilleurs que prévus n’est sans doute pas suffisante pour faire rebondir durablement le CAC 40», confirme Vincent Treulet, stratégiste chez Natixis Securities. «L’aversion au risque liée à la crise financière et à ses conséquences à venir reste le critère dominant chez les investisseurs, bien avant la profitabilité actuelle des entreprises». Au cours des six premiers mois de l’année, le résultat net cumulé des entreprises du CAC a atteint 49,9 milliards d’euros contre 52,9 milliards un an plus tôt, selon un calcul réalisé par Reuters à partir des comptes publiés par 36 valeurs de l’indice phare de la Bourse de Paris et ceux de Suez Environnement (qui intégrera le CAC le 22 septembre prochain). Le secteur financier affecte toutefois lourdement cette moyenne : en excluant Axa, BNP Paribas, Crédit Agricole, Dexia et Société Générale, les trente-deux entreprises restantes ont vu leur bénéfice augmenter en moyenne de 12,3%.
«Cette vague de publications a été globalement positive», souligne Chicuong Dang. «Les résultats ont été plutôt rassurants et en ligne avec les attentes, malgré d’importantes déceptions dans le secteur financier». «Le secteur de la distribution alimentaire par exemple a relativement bien résisté, tout comme le secteur de la construction grâce à son exposition croissante aux pays émergents», ajoute Marine Michel, analyste chez Montségur Finance. Ainsi, en dépit des rumeurs, Carrefour n’a pas lancé d’avertissement sur ses résultats : le groupe de distribution a au contraire rassuré le marché en maintenant ses objectifs. «Malgré ces résultats encourageants, la prudence continue à dominer sur les marchés : les dernières statistiques macroéconomiques sont meilleures que prévues aux Etats-Unis, mais l’Europe est toujours touchée par le ralentissement de l’économie», souligne un gérant basé sur Paris.
«Ce ralentissement durable s’explique par la stagnation (sinon la baisse) des prix de l’immobilier, le resserrement des conditions de crédit et le ralentissement de la consommation», rappelle Vincent Treulet. Selon les économistes de Natixis, la croissance dans les pays de l’OCDE devrait mieux se porter à partir de mi-2009, mais il faudra attendre 2010 pour connaître une véritable reprise. «La baisse des cours du pétrole et le rebond du dollar face à l’euro sont deux éléments de confiance pour le deuxième semestre», ajoute Marine Michel. Après avoir dépassé la barre des 147 dollars le 11 juillet dernier, le baril de brut léger américain a retrouvé ses niveaux de fin avril autour de 115 dollars le baril. Le billet vert s’approche quant à lui d’un plus haut de huit mois face à un panier de devises.
• Baptiste Cordier (AFP)