Economie

Lettre du tourisme : Le secret des chiffres

Finalement l’année touristique 2004 a été bouclée et contrairement à ce qui a été annoncé par l’administration de tutelle, elle n’a pas été l’année de tous les records ou alors il faut qu’elle précise lesquels. Ce qui est certain, c’est que le principal indicateur des nuitées au titre du tourisme récepteur (étranger) dans les hôtels classés pour 2004 se situe au niveau des années 98 et 99.
Pour les habitués des activités touristiques, le plan décennal de développement 2010 a une seule et unique année de référence et c’est l’année 2000.
S’entêter à crier victoire sur la base d’une comparaison inadéquate avec l’exercice 2003 ne résout pas les problèmes d’autant plus que ce dernier a été marqué par des évènements dramatiques qui ont fortement réduit ses résultats. Dès lors, l’année 2003 ne peut constituer sérieusement une base de comparaison sauf si celle-ci est d’ordre purement statistique. Disons le tout de suite, ni les arrivées aux frontières, ni les recettes globales en devises, dont la partie «changes manuels» est sujette à caution, ne rendent compte de l’état de santé des activités touristiques. Seul l’examen des nuitées réalisées dans les hôtels classés, donc contrôlables, peut le faire surtout s’il est complété par l’analyse des recettes correspondantes.
Or il est certain aujourd’hui que les nuitées réalisées dans les hôtels classés du Royaume, l’année passée, sont en recul manifeste, par rapport à l’année 2000,et ce pour l’ensemble des villes du Royaume, Marrakech exceptée. Cette dernière a enregistré en effet une légère amélioration de 1%. Par contre l’année 2004 a mis en évidence deux types de touristes en essor constant.
Le Maroc découvre en effet, avec surprise, que les Marocains résidant à l’étranger sont devenus les premiers visiteurs du Royaume, même s’ils ne sont pas de vrais touristes, leur progression n’étant le fait par ailleurs d’aucun démarchage commercial organisé. Il s’agit en réalité de «tourisme familial» si on peut dire, qui ne fait l’objet que de la sollicitude royale .Les Marocains résidant à l’étranger constituent donc un segment de touristes aussi «captif» que l’est celui des autres nationaux.
Nous découvrons par ailleurs avec satisfaction que les Marocains comptent désormais dans l’échiquier global du tourisme de séjour puisqu’ils représentent environ l’équivalent de presque le tiers de la masse des nuitées réalisées par le tourisme international de séjour. Ce qui équivaut à l’apport de toute l’ancienne Europe, sauf la France, à savoir l’Espagne, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, auquelle il faut ajouter les pays scandinaves, l’Autriche et la Hollande. C’est dire que les nationaux sont devenus un élément fondamental de développement du tourisme qu’ils soient résidents au Maroc ou à l’étranger.
Cette découverte révèle une situation paradoxale dans laquelle évolue un tourisme international coûteux ,par sa promotion, et un tourisme majoritaire peu onéreux avec les Marocains.
Si on ajoute à cela la faiblesse du business relatif au transport aérien qui représente moins de 7000 passagers/jour et que se partagent toutes les compagnies charters et régulières qui desservent le Maroc, on comprend pourquoi l’optimisme ambiant doit être tempéré. A suivre.

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