Economie

Lettre du tourisme : Talon d’achille

© D.R

Parlant récemment de l’Irlande, quelqu’un a dit que lorsqu’un  petit pays veut devenir grand, il faut qu’il soit intelligent. En restructurant son économie sur la base d’un impôt de 12% sur les sociétés et en se donnant les moyens pour que la formation professionnelle puisse assurer la couverture des besoins et des ambitions du pays, l’Irlande est devenue aujourd’hui le premier pays exportateur de soft ware. Bien sûr il n’ y a pas que cela, l’Irlande est totalement alphabétisée et dispose d’une culture populaire construite sur des valeurs sûres tels l’amour du travail et le sens du devoir. Si la formation professionnelle est un passage obligé pour toutes les économies du monde, pour nous, au Maroc, elle revêt une importance capitale.
Toute la vision 2010 repose en effet sur elle. Pourquoi ? Parce que les hôtels du fameux plan Azur, les nouvelles agences de voyage, les restaurants et les commerces à créer, n’auront aucune chance d’être rentables, s’ils ne trouvent pas de gestionnaires, de cadres et de personnels qualifiés, à tous les niveaux de l’exploitation, de la promotion, de la commercialisation, de la maintenance et du contrôle de qualité.
Le bilan de nos réalisations, en la matière est si modeste que la question risque désormais d’empoisonner notre vie. En quatre ans, nous avons formé moins de 7400 cadres au lieu des 28000 prévus, 26% seulement de nos besoins. C’est peu, trop peu ! Le secteur public a réalisé le meilleur score avec plus de 5300 cadres formés. Par contre, le secteur privé et l’OFPPT se sont distingués par des résultats respectifs de 1400 et 2230, tout à fait insuffisants. N’allez pas imaginer que ces résultats, pour mitigés qu’ils sont, ont profité totalement à notre économie touristique !
La réalité est que beaucoup de nos cadres, une fois terminées les études et bouclés les stages de formation sur le terrain, s’expatrient. La raison ? on leur propose des postes  inadaptés et des salaires de misère. Mais alors comment  tournent les dix mille lits supplémentaires construits depuis quatre ans? Apparemment avec du tout venant. Les directeurs généraux des nouveaux hôtels, s’arrachent les cheveux. Ils sont à la recherche l’un d’un bon chef de rang, un vrai, de serveurs aguerris, de chefs de partie, de cuisiniers qualifiés, de pâtissiers, l’autre de chef d’entretien, de réceptionnistes et la liste est longue… Il est  évident que le ministère du Tourisme ne pourra pas à lui seul mettre en marche la lourde locomotive de développement de ce secteur.
Il doit certes animer, mobiliser et orienter les troupes, mais il faut que tous les partenaires s’acquittent de leurs obligations et il n’est pas raisonnable de lui demander de donner des cours du soir à des milliers d’étudiants en hôtellerie et en tourisme après ses journées super chargées. En vérité, l’Etat, le gouvernement et surtout le secteur privé, toujours aptes à prendre et souvent peu enclin à donner, devront se sentir interpellés dans ce genre d’affaires car l’échec du tourisme sera aussi et surtout le leur. Alors ne tirons pas sur le pianiste sachant qu’il ne joue pas seulement ses propres partitions

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