Dans quelques jours, nous tournerons le dos à l’année 2005 avec la satisfaction d’avoir enregistré quelque 16% de nuitées de plus qu’en 2004, tous clients internationaux et nationaux confondus. Le Maroc est en droit de se prendre, à ce titre, pour un "dragon". Bien sûr ce succès est à mettre à l’actif, surtout de la capitale du sud, la ville de Marrakech qui a assuré, à elle seule, plus de 57% de cette performance, due essentiellement au dynamisme du tourisme français qui représente plus de 41% de l’ensemble des nuitées, que réalise le Royaume. Soit près de 6 millions de nuitées dont 53% de ces dernières sont attribuées à la seule ville de Marrakech. Croisons les doigts et espérons que nous réussirons à maintenir la croissance du marché français sur lequel nous disposons d’atouts majeurs.
Globalement, nous pouvons donc estimer être sur la bonne voie; d’abord pour avoir réalisé des scores remarquables en matière de nuitées hôtelières dont les variations constituent, à n’en pas douter, l’un des meilleurs critères d’évaluation de la santé des activités touristiques d’un pays. Ensuite pour avoir consolidé les bonnes progressions constatées en 2004 par rapport à l’année 2003. Au niveau des autres villes du Royaume, il est difficile d’afficher la même satisfaction, même si les nuitées progressent partout. En fait, rien ne sert d’opposer au reste du Royaume les scores de la ville ocre qui, grâce à ses capacités hôtelières, au prestige qu’elle a acquis depuis une quinzaine d’années du fait du tourisme d’affaires, tant qu’un véritable sursaut national n’est pas entrepris dans des villes comme Tanger et Fès par exemples qui représentent en nuitées respectivement 5et 4% seulement du total national contre 35 et 29% pour Marrakech et Agadir.
Sursaut ? Oui mais en avons-nous les moyens?
Comment en effet développer les nuitées quand les capacités de nos villes sont tellement faibles: 3000 chambres à Fès, 3500 à Tanger, 2200 à Rabat, 700 à Essaouira, etc.… Comment obtenir de bons taux d’occupations et de fréquentations dans ces conditions ?
Seul le retour au style des anciennes chartes de développement des années 70 et 80, pouvant contenir de véritables incitations à l’investissement, est de nature à combler les insuffisances criardes constatées en la matière.
A ce propos, les communes et les municipalités peuvent se poser la question de savoir à quoi leur servent les centaines d’hectares qu’elles possèdent s’ils demeurent des terrains nus ? Ne faut-il pas les offrir au dirham symbolique à des promoteurs sérieux et engagés pour y bâtir des hôtels, des résidences et des riads, grands pourvoyeurs d’emplois et de recettes fiscales et parafiscales ?
Il y a aussi lieu de rappeler qu’à chaque lit existant ou à construire doit correspondre un siège d’avion prévu ou à prévoir. Le Maroc qui vient de signer un accord complet, cette fois-ci, sur l’Open Sky, cette fameuse ouverture du ciel marocain, à l’aviation civile européenne, a tourné enfin le dos à une étape de plus de trois ans d’hésitation, d’atermoiements et de réflexions qui s’est révélée par la suite comme étant, sinon préjudiciable, du moins inutile à l’essor de notre tourisme.
Nous étions nombreux depuis le début de la décennie à appeler de nos vœux la mise en place effective de cette politique d’ouverture, au lieu de ces fausses "stratégies" à court terme, étroites et frileuses, ne pouvant, à l’évidence, sauvegarder que des positions provisoires et peu sûres et qui ont fini, bien entendu, par montrer leurs limites, tant sur le plan du développement de la RAM qu’à celui des accords bilatéraux passés ici et là avec des partenaires bien plus attirés par les subventions que par une sincère coopération profitable et durable, prenant en compte l’intérêt de toutes les parties. Bien sûr, le sujet n’est pas ainsi épuisé, nous y reviendrons.
En attendant, Marrakech est sous les feux de la rampe et cela est en soi une grâce divine. Peut-on en conclure, pour autant, dans une sorte d’autosatisfaction anesthésiante, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, pour la vision 2010? La réponse dépendra essentiellement de l’efficacité des mesures prises ou à prendre durant la deuxième période quinquennale qui reste à courir, notamment pour ce qui est du Plan Azur, de la formation professionnelle et de la réforme fiscale.
Affaire à suivre…