La Ligne à grande vitesse vers Agadir est sur la bonne voie avec un premier prétendant qui se positionne déjà sur ce futur marché. Les détails.
Le Maroc continue sur sa lancée concernant la modernisation de son transport ferroviaire. La Ligne à grande vitesse (LGV) vers Agadir suscite l’intérêt de la Corée. Yeonjean Yoon, ambassadeur de la République de Corée au Royaume du Maroc, vient de faire le déplacement au ministère du transport et de la logistique pour une réunion de travail. Au cours de cette rencontre, les deux parties ont loué l’excellence des relations de coopération entre le Maroc et la Corée, notamment dans le domaine du transport ferroviaire, et ont salué le bon déroulement des projets structurants en cours de réalisation. «Dans ce cadre, les responsables ont exprimé leur volonté de poursuivre cette dynamique dans le cadre du projet d’extension de la ligne LGV vers Agadir, dont la phase des études a atteint des étapes avancées», annonce-t-on. Au terme de cette réunion, les deux parties ont convenu de consolider les efforts et d’œuvrer conjointement à la promotion des liens de coopération entre le Maroc et la Corée dans le secteur du transport.
La Corée semble très intéressée par un renforcement de sa présence au Royaume dans le secteur ferroviaire, encouragée par un premier marché remporté au cours des derniers mois. En février dernier, l’Office national des chemins de fer (ONCF) avait annoncé l’attribution des marchés relatifs à son programme d’acquisition de nouveaux trains pour une enveloppe globale de 29 milliards de dirhams (MMDH), et ce dans le cadre de son nouveau cycle de développement à l’horizon 2030. Mené sous la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, ce programme d’acquisition de 168 trains nouvelle génération vise d’une part à renouveler la flotte existante de l’ONCF et, d’autre part, à accompagner la croissance du trafic ainsi que les projets de développement initiés à l’horizon 2030, notamment l’extension de la Ligne à grande vitesse de Kénitra à Marrakech, et le développement de nouveaux services ferroviaires de proximité type «RER» dans les principales régions du Royaume, avait indiqué l’Office. L’attribution des marchés d’acquisition de trains intervient à l’issue d’un processus concurrentiel mené il y a plus d’une année sous forme d’un dialogue compétitif avec les principaux constructeurs de l’industrie ferroviaire mondiale.
Objectif : Plan rail 2040
Ainsi, trois marchés ont été attribués aux entreprises ayant formulé les offres les mieux-disantes et économiquement les plus avantageuses, à savoir le marché relatif à l’acquisition de 18 Trains grande vitesse, qui a été attribué au groupement constitué de la société française Alstom Transport S.A et d’Alstom Railways Maroc. Le marché relatif à l’acquisition de 40 Trains intervilles a été octroyé à la société espagnole Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF), alors que le marché relatif à l’acquisition de 110 Trains RER (Trains Navette Rapides et Métropolitain) a été attribué à la société sud-coréenne Hyundai Rotem. Ce dernier place le marché marocain parmi ses priorités pour les années à venir. Dans ce sens, Jeong Hoon Kim, responsable au sein du géant Hyundai Rotem, a déclaré récemment à l’agence de presse officielle que le Maroc, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, s’impose comme un pôle d’attraction majeur pour les investissements industriels étrangers, notamment dans le secteur ferroviaire.
M. Kim a affirmé que le Maroc représente un marché stratégique à long terme pour Hyundai Rotem, offrant de nombreuses opportunités de partenariat industriel et technologique. «Nous suivons le marché marocain depuis plus de dix ans et la signature récente de notre contrat avec l’Office national des chemins de fer (ONCF) pour la livraison de trains RER représente un premier jalon concret de notre engagement», a-t-il indiqué, réaffirmant la volonté du groupe de s’inscrire dans une dynamique de coopération durable. M. Kim a également exprimé son intérêt pour le Plan Rail Maroc 2040, qu’il a qualifié de «Feuille de route ambitieuse» pour l’extension du réseau ferroviaire marocain, soulignant que Hyundai Rotem souhaite y contribue activement. Selon le responsable coréen, la stabilité politique et économique du Royaume constitue un facteur d’attractivité pour les investisseurs étrangers, citant l’exemple de la société coréenne Hands Corporation qui a implanté une unité de production de pièces automobiles au Maroc, destinée exclusivement au marché européen. «Il s’agit d’un modèle de coopération gagnant-gagnant que nous souhaitons reproduire», a-t-il déclaré.
Financement
Il faut préciser qu’en février dernier, Nadia Fettah, ministre de l’économie et des finances, avait co-présidé, à Rabat, aux côtés de Yeonjean Yoon, ambassadeur de la République de Corée au Maroc, la cérémonie de signature d’un Protocole de financement entre le gouvernement du Royaume du Maroc et le gouvernement de la République de Corée pour le financement d’un projet d’acquisition de matériel roulant au profit de l’Office national des chemins de fer (ONCF).
Le Protocole de financement prévoit, notamment, la mobilisation d’un financement à des conditions très concessionnelles auprès du Fonds coréen pour le développement de la coopération économique (EDCF) relevant de la Banque d’import-export de Corée (Keximbank).
A cette occasion, Nadia Fettah a souligné que la signature du Protocole de financement constitue une étape majeure dans la consolidation des relations de coopération économique et financière entre le Maroc et la Corée, tout en ouvrant de nouvelles perspectives de coopération dans le cadre d’une vision commune de développement durable et inclusif. Au cours de la même cérémonie, Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l’ONCF, et Hee-sung Yoon, PDG de Keximbank, ont procédé à la signature d’un accord de prêt pour le financement de l’acquisition de 110 trains RER auprès de fournisseurs coréens.
Contrat historique
Commande record. Hyundai Rotem avait remporté un marché lancé par l’ONCF pour fournir de nouveaux trains d’une valeur d’environ 2,2 billions de wons, soit 1,54 milliard de dollars. C’est le plus grand contrat de l’histoire de l’opérateur coréen. Selon le journal local Korea JoongAng Daily, un accord séparé sera conclu concernant la maintenance et la réparation des trains impliquant Hyundai Rotem et la société publique Korea Railroad Corporation (Korail). La même source a précisé que le train à deux étages respectueux de l’environnement peut circuler à 160 kilomètres par heure pour relier les principales villes du Maroc à Casablanca. Hyundai Rotem compte fabriquer une partie des trains au Maroc qui se prépare pour l’organisation de la Coupe du monde 2030. « La capacité de Hyundai Rotem à exploiter et à gérer de manière stable le projet ainsi que sa collaboration avec Korail pour effectuer la maintenance et les réparations par la suite ont été bien perçues », a déclaré un porte-parole de l’entreprise coréenne au Korea JoongAng Daily. « C’était un match serré jusqu’à la fin car il s’agissait d’un accord de taille». Séoul a joué la carte de l’expertise coréenne dans les domaines de l’industrie et de l’infrastructure ferroviaires, notamment le transfert de compétences en matière de maintenance et de construction ferroviaires, en plus de la formation des ressources humaines. Le dynamisme de l’économie marocaine et son carnet de commandes ont poussé les responsables coréens à courtiser le Royaume pour l’établissement d’un accord commercial. Une étude d’impact d’un potentiel accord commercial avec la Corée avait été annoncée en perspective du démarrage des négociations entre les deux parties dès cette année.













