Economie

« L’Indexation allégerait le budget de l’Etat »

© D.R

ALM : L’annonce a été faite quant à un recours à l’indexation des prix de pétrole sur les cours internationaux. Comment se fera-t-elle concrètement ?
Rachid Talbi Alami : Il ne s’agit-là qu’un retour à la normale puisque le système d’indexation des prix de pétrole nationaux aux cours internationaux était déjà en vigueur et a été suspendu en 2000. Avec les dernières hausses des prix du baril de pétrole, il devenait urgent d’agir vu la facture pétrolière qui revient de plus en plus chère et pénalise gravement le budget de l’Etat. La réponse du gouvernement a été ce retour à l’indexation qui ne sera cependant pas effective qu’après la baisse des prix de pétrole à l’internationale en dessous de 40 dollars le baril.

Quelle économie le Maroc pourrait-il en tirer ?
Le retour à l’indexation allégerait beaucoup le budget de l’Etat qui gagnerait près de deux milliards et demi de dirhams, une somme qui sera gagnée après la décompensation des produits de pétrole. Vous savez, la loi sur la concurrence a libéralisé tous les prix qui répondront tous à la logique de libéralisation d’ici juillet 2006. Les carburants étaient parmi les premiers produits dont les prix ont été libéralisés. Malheureusement, le système a été suspendu et puisque le gouvernement ne pouvait plus continuer sur cette voie, vu la hausse des prix de pétrole à l’internationale d’un côté et le faible pouvoir d’achat des Marocains ainsi que la nature du tissu économique national.
C’est pour cette raison que nous attendrons que le prix du baril atteigne 40 dollars pour pouvoir opérer ce retour à l’indexation. Il est à rappeler que chaque quinzaine de jours, une simulation de la structure des prix est effectuée, sur la base de laquelle ce retour à l’indexation sur Rotterdam allait s’effectuer pour le début du mois de juin.
Le coût du baril était alors de 50 dollars alors que le dollar équivalait à 8,5 dirhams. Ceci n’a pu malheureusement se faire en raison de la hausse des cours du dollar qui est actuellement de 8,90. C’est un jeu arithmétique qui ne nous aurait pas permis de gagner grand-chose.
En l’absence de droits de douane suspendus en 2002 après l’incendie de la raffinerie de la Samir, l’Etat n’aurait rien gagné.

Quelles seront les répercussions de ce retour à l’indexation sur les différents secteurs ?
L’indexation permettra au gouvernement de gagner des milliards qui seront investis ailleurs, dans différents secteurs socio-économiques notamment. Une fois les prix du pétrole revenus à la normale, ils profiteront à toute l’économie nationale qui n’aura plus à supporter la lourde facture énergétique.
Dans le cas d’une nouvelle hausse des prix sur les marchés internationaux, chose qui pourrait arriver en raison des différentes tensions enregistrées un peu partout dans le monde, le gouvernement pourrait alors prendre les mesures qui s’imposent à travers notamment un recours à la compensation des produits de pétrole.

Dans le cas de l’indexation des prix de pétrole nationaux sur les cours internationaux, quelle serait désormais le rôle de la Caisse de compensation?
La Caisse de compensation joue le rôle d’intermédiaire entre le budget de l’Etat et le consommateur. Actuellement, les produits traités par cette Caisse sont au nombre de deux : le pétrole et le sucre, la farine par exemple étant un produit subventionné traité par l’ONICL. Pour le sucre, le processus de décompensation a déjà été amorcé à travers notamment les appels d’offre de privatisation des différentes unités de production. Pour ce qui est du pétrole, les produits concernés se divisent en deux : liquides, tels le gasoil, l’essence, qui seront concernés par l’indexation, et les produits gazeux tel le butane. Concernant ce dernier produit, il est compensé à hauteur de deux dirhams par litre.
Le gouvernement ne peut toucher actuellement au butane qui est considéré en tant que produit de première nécessité. C’est également un produit dont la consommation s’élargit de jour en jour en raison notamment de la politique de désenclavement des zones rurales. Ce que nous préconisons actuellement est une économie de coûts à faire quant à la chaîne de distribution.
En effet, actuellement, il n’en existe qu’un seul point à Mohammedia. L’élargir à d’autres nouveaux points comme Nador, le port de Tanger-Med, Jorf Lasfar et Agadir entre autres allégerait certainement la Caisse de compensation.

Articles similaires

EconomieUne

Promotion de la destination Maroc : l’ONMT cible la Gen Z via TikTok

L’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) innove en imaginant une opération inédite...

EconomieUne

Tanger-Tétouan-Al Hoceima : Le CRI dresse son bilan au titre de l’exercice 2023

En se basant sur cette étude, 92% des entreprises interrogées se sont...

Economie

Région TTA : Les retenues des barrages atteignent environ 1,1 milliard de m3

Les retenues des grands barrages situés dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima (TTA)...

EconomieUne

Reportage : The View Agadir, une élégance dans le tourisme bien à part

Les équipes de gouvernance ont été toutes ou presque changées avec une...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux