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L’industrie pharmaceutique espère dépasser sa part de 5% du PIB

© D.R

Un médicament sur deux produit localement et 10% seulement de la production exportée

L’industrie pharmaceutique emploie aujourd’hui 50.000 personnes. Le récent contrat programme ambitionne 16.000 emplois supplémentaires et un doublement du chiffre d’affaires d’ici 2026.

Les professionnels de l’industrie pharmaceutique et les professionnels de la santé voient grand pour le secteur. Mobilisée durant la crise Covid, l’industrie pharmaceutique entame aujourd’hui un tournant. Entre souveraineté sanitaire et réforme de la santé, les défis sont nombreux et l’innovation est indispensable. Un message soulevé par les intervenants du dernier webinaire de la Britcham sur le thème «Industrie pharmaceutique: entre innovations et défis», organisé il y a quelques jours.

Un mois après la signature d’un contrat programme pour l’industrie pharmaceutique ayant pour objectif la constitution d’un véritable hub continental, le secteur est dans l’attente d’avancées réglementaires et de soutiens pour le renforcement de la logistique sur le marché africain. Si le secteur a répondu présent lors de la crise Covid, un médicament sur deux est aujourd’hui produit localement et 10% seulement de la production en médicaments est exportée. Pour Abdelmounim Belalia, directeur général de l’Université Mundiapolis et professeur universitaire, «le secteur dispose de nombreux atouts et d’une expérience solide pour espérer une croissance et une contribution importante dans les multiples défis de la réforme de la santé».

Data : Moteurs de développement

Pour Myriem Tamimy, directrice générale de Glaxo Smith Kline Maroc, un des leviers de la croissance est l’innovation. «La recherche et développement doit être un élément essentiel au Maroc». Pour cela, une ouverture réglementaire est attendue notamment sur les essais cliniques. Autre chantier crucial : celui de la data. Pour le Pr. Jaafar Heikel, économiste de la santé à l’Université Mohammed VI des sciences de la santé, «la data doit être la boussole des politiques publiques de la santé mais reste largement insuffisante».

Accompagnement

L’industrie pharmaceutique emploie aujourd’hui 50.000 personnes. Le récent contrat programme ambitionne 16.000 emplois supplémentaires et un doublement du chiffre d’affaires d’ici 2026. Pour Abdelmounim Belalia, «le secteur dispose d’une expérience solide et peut espérer dépasser sa part de 5% du PIB industriel national». Une des solutions réside également dans l’accompagnement de la montée en valeur des chaînes de production locale, notamment sur les nouveaux produits qui pèsent sur la balance commerciale et sur le coût de la santé.

Si la politique du médicament va accompagner la généralisation de la couverture médicale, «l’objectif d’une souveraineté sanitaire passe aussi par un changement de paradigme», selon le Pr. Jaafar Heikel. Saluant les nombreux projets en cours dont le projet d’installation d’une unité de fabrication de vaccins à Ben Slimane, l’économiste de la santé a appelé à une gouvernance de la santé plus inclusive et efficiente. «En moyenne, seul 70% du budget total de la santé prévu dans les lois de Finances est réellement dépensé et une grande partie de ce budget est destinée au CHU», a-t-il rappelé.

Contrat programme

Un contrat programme 2022-2027 sur le secteur pharmaceutique permettant la création de près de 16.000 emplois industriels avait été signé à Casablanca en septembre. Paraphé par le ministre de l’industrie et du commerce, Ryad Mezzour, le ministre de la santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, le vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Mehdi Tazi, les Entreprises du médicament au Maroc (LeMM), l’Association marocaine du médicament générique (AMMG) et la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), ce contrat programme se fixe pour objectifs de créer une valeur ajoutée directe additionnelle d’environ 6 milliards de dirhams (MMDH).

Il vise aussi à améliorer la balance commerciale de près de 10 MMDH et d’augmenter le chiffre d’affaires direct d’environ 15 MMDH. A cette occasion, M. Mezzour a indiqué que ce contrat programme marque le lancement du quatrième lot d’opportunités des banques de projets (BP), notant que celles-ci présentent de nouvelles opportunités d’investissement industriel dans le cadre de la souveraineté industrielle, sanitaire et alimentaire.

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Banque de projets

 

Née pour promouvoir la fabrication locale, renforcer le capital marocain dans l’industrie, l’entrepreneuriat et l’intégration industriels dans le but de préserver et de dynamiser l’export, la banque de projets a connu un franc succès en, à peine, deux années d’existence, a fait savoir M. Mezzour, ajoutant que cette réussite est due aussi au dispositif d’accompagnement multidimensionnel qu’elle offre aux porteurs de projets bénéficiant, dans ce cadre, d’un appui financier à l’investissement, de la commande publique et privée, du foncier industriel, ainsi que d’une formation adaptée et de la mise en conformité.

Le ministre de la santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, avait affirmé de son côté que ce contrat programme vise à promouvoir l’entrepreneuriat industriel, à encourager la fabrication locale et à renforcer l’intégration des filières, et revêt la plus haute importance, non seulement pour le ministère de la santé et de la protection sociale, mais aussi pour l’avenir de notre pays tout entier. Il a également indiqué que la souveraineté sanitaire s’impose aujourd’hui, à la lumière des enseignements tirés de la gestion de la pandémie Covid-19.

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