Un rapport de la BAD décrypte ses effets positifs sur les villes
L’urbanisation contribue à l’accélération des performances économiques de villes africaines. Les retombées positives de l’urbanisation s’étendent également aux zones rurales, qui bénéficient de la proximité des villes. Elle présente d’immenses opportunités pour accélérer le progrès du continent et pour promouvoir l’intégration continentale dans le contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
C’est en tout cas ce que dévoile un rapport commun de la Banque africaine de développement (BAD), le Club du Sahel et l’Afrique de l’Ouest, ainsi que la Commission économique pour l’Afrique. Intitulé «La dynamique de l’urbanisation en Afrique 2022», ce document évalue la puissance économique des villes africaines en s’appuyant sur les données de 2.600 villes de 34 pays. En effet, les villes sont des hubs pour les échanges de biens, de capitaux et connaissance. Infrastructures ferroviaires, réseau routier, raccordement à l’électricité… autant d’aspects qui ont été pris en compte dans le cadre de ce rapport qui revient aussi sur le développement des lignes ferroviaires au Maroc depuis le lancement du premier Train à grande vitesse en Afrique. Il explique à cet effet que cette ligne reliant Tanger à Rabat et Casablanca fonctionne en partie sur une ligne de chemin de fer existante modernisée et une partie sur une nouvelle ligne qui permet d’atteindre une vitesse dépassant 320 kilomètres par heure. Cette ligne a permis de réduire largement le temps de trajet entre Tanger et Casablanca. Au cours des 16 premiers mois de son exploitation, 3 millions de passagers ont voyagé sur cette ligne. Et ce n’est pas tout. D’autres projets sont en cours de réalisation dans le ferroviaire et d’autres à l’étude comme la construction de la Ligne à grande vitesse qui va relier Marrakech à Agadir.
Le rapport cite également l’extension du rail en banlieue à Casablanca qui devrait améliorer les liaisons des gares avec la zone métropolitaine environnante. Par ailleurs, ce document a identifié plusieurs «City clusters» en Afrique dépassant les 2,5 millions de population urbaine dans un périmètre de 100 kilomètres. Le cluster Casablanca-Rabat-Meknès est classé quatrième en termes de nombre de population puisqu’il compte plus de 14,57 millions de personnes avec une population urbaine de 10,66 millions après le cluster Johannesburg-Soshanguve-Evaton Central. Le cluster «Le Caire-Alexandrie-Suhag» arrive en première place avec une population urbaine de plus de 81 millions de personnes. Sur le plan socio-économique, les villes africaines dépassent nettement les pays dans lesquels elles sont situées. En Afrique, l’écart entre la performance des villes africaines et les moyennes nationales est plus important que dans de nombreuses autres régions du monde.
L’une des réalisations les plus sous-estimées des villes africaines au cours des 30 dernières années est que, malgré une croissance de 500 millions d’habitants, elles ont maintenu leur performance économique, offrant à plusieurs centaines de millions de personnes de meilleurs emplois et un meilleur accès aux services et aux infrastructures.
L’urbanisation est l’une des transformations les plus profondes que connaîtra le continent africain au XXIe siècle. Depuis 1990, le nombre de villes en Afrique a doublé – de 3.300 à 7.600 -, leur population cumulée a augmenté de 500 millions de personnes. Il en ressort que les villes africaines sont celles qui connaissent la croissance la plus rapide au monde, occupées en large majorité par les jeunes.
Leur impact sur le paysage économique, social et politique de l’Afrique au cours des prochaines décennies sera probablement profond, selon la même source. Pour les décideurs africains, cela implique des défis très importants dans la planification, la gestion et le financement de la croissance urbaine, tant au niveau local que national.
