Economie

L’inquiétante hausse des intrants

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La flambée des prix des céréales sur le marché mondial se répercute lourdement sur le secteur avicole. Le maïs a augmenté de 30% par rapport à l’année dernière note-t-on à la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (la FISA) qui craint en outre que la tendance haussière ne soit qu’à ses débuts. Face à cette éventualité, les professionnels interpellent le gouvernement. La hausse du prix du maïs se répercutera directement sur les coûts des produits avicoles marocains, aujourd’hui parmi les plus chers au monde, selon les professionnels. En fait, ce que les aviculteurs dénoncent en premier lieu, ce sont les taxations douanières, jugées excessives par la FISA. L’interprofession a toujours souhaité la réduction à 2,5% du droit d’importation appliqué sur le maïs. Une revendication vieille, ravivée il faut le dire, par les toutes dernières mesures d’ajustement les droits de douane pour le blé, suite à la hausse des cours mondiaux de cette denrée, « peut-être plus politique », selon les commentaires d’un membre de l’interprofession. Bref, le maïs est un élément clé du secteur avicole, entrant pour 60 à 70% dans les formulations des aliments destinés à la volaille. La fragilité du secteur vient de sa forte dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Dans ces conditions, s’engager dans la voie du libre-échange passe par la résolution de la question des coûts des intrants dont la quasi-totalité sont importés. « L’Etat, note un producteur, a signé des accords de libre-échange avec la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie. Nous ne pouvons pas faire jeu égal avec ces pays. En Tunisie, l’importation du maïs ne supporte aucune taxe, en Egypte et en Jordanie, les taux sont très bas. Nous ne demandons pas des subventions, mais juste des mesures de soutien » Les droits de douane sont faits normalement pour protèger les produits locaux. Hors, d’après le responsable administratif à la Fisa, le Maroc produit à peine 40 000 tonnes de maïs étalées sur deux récoltes. «La profession a besoin d’un million de tonnes de maïs par an » poursuit-il. En fait, cette quantité ne représenterait qu’une partie de la production nationale, celle de la culture sous pivot, indique-t-on au ministère de l’Agriculte, où le problème avicole est suivi de près. « La récolte du maïs traditionnel dépasse à elle seule les 300.000 tonnes » selon la même source. « Si on baisse le prix du maïs, on tue le prix de l’orge ». Il s’agit donc d’un dossier complexe, comme le reconnaît, M. Serghini, Directeur des Affaires Economiques au ministère de l’Agriculture. Le responsable au ministère, l’un des interlocuteurs de la FISA, impute néanmoins les dernières hausses intervenues dans les cours des céréales aux aléas de la conjoncture internationale. Mais si le prix du maïs reste déterminant dans les coûts de production du secteur, l’erreur consisterait néanmoins à imputer tous les problèmes liès à la productivité à ce seul aspect. A l’évidence, poursuit M. Serghini, avant toute libéralisation, il faudra mettre en place des mécanismes appropriés, en accord étroit avec les professionnels. Pour le moment, en ce qui concerne la question principale, à savoir la baisse des importations de maïs à 2,5%, ce sera à la commission interministérielle de trancher. Aucune date n’est avancée, preuve que les aviculteurs ne sont pas encore au bout de leurs peines. Car, en attendant une solution providentielle, les professionnels devront composer avec les aléas de de la conjoncuture et des problèmes structurels qui touchent toute la filière, de l’élévage à l’abattage. L’adoption de certaines mesures, comme la loi 49-99, a permis quand même de réduire le poids du secteur informel. Mais en ce qui concerne le schéma directeur national des abattoirs avicoles, le chemin à parcourir est encore long, comme le fait remarquer souvent l’ Association Nationale des Abattoirs Avicoles (l’Anavi). La batterie de mesures promise par le ministère de l’Agriculture, à savoir améliorer les conditions techniques et sanitaires de l’abattage, assurer le contrôle de la salubrité des produits, promouvoir la qualité et, partant, protéger l’environnement, s’est réduite à une seule résolution : l’instauration du code d’importation des poussions. D’evidence, c’est insuffisant pour mettre la filière dans le sens de la marche vers la mise à niveau.

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