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L’intelligence artificielle, priorité du chantier de la transformation digitale

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Vers une politique nationale dans le domaine

Le marché mondial de l’IA connaît une croissance fulgurante et devrait atteindre en 2025 pas moins de 90 milliards de dollars. Le Maroc n’est pas en reste. Il devrait connaître, dans les prochaines années, une accélération du déploiement de l’IA dans plusieurs secteurs. Reposant sur un processus d’imitation de l’intelligence humaine qui se base sur la création et l’application d’algorithmes, l’intelligence artificielle a un avenir prometteur et représente une énorme opportunité pour le pays. Toutefois, il est indispensable de préparer le terrain pour l’usage de cette technologie, voire de participer à son développement aussi bien dans le secteur public que privé.

Préparer les entreprises marocaines à franchir le pas
«Le défi pour les entreprises marocaines est de passer de la phase expérimentale à la phase opérationnelle. Les entreprises doivent résoudre un certain nombre de défis potentiels, tels que le moyen d’intégrer les systèmes d’IA avec les processus métiers ou le reste de la plateforme digitale de l’organisation, ainsi que la manière de gérer, sécuriser, mettre à jour et monétiser l’IA d’une façon rentable et éthique. Avec des systèmes intelligents fondés sur l’IA, les entreprises de toutes tailles pourront étendre leurs services sur mesure à tous leurs clients, et plus seulement aux plus grandes entreprises», indique la CGEM dans un document sur l’intelligence artificielle ayant pour objectif de sensibiliser les entreprises marocaines aux grands enjeux à venir et de les aider à anticiper les transformations dues à l’arrivée de l’IA au Maroc. Cette analyse cite huit secteurs clés et matures aptes à utiliser pleinement l’intelligence artificielle et à en tirer profit.

Il s’agit des banques, des télécoms, des assurances, de l’industrie automobile, de l’agriculture, l’énergie, l’auto-entrepreneuriat et de l’e-government (administration électronique). La CGEM préconise d’investir dans le domaine de la R&D liée à l’IA, renforcer les capacités humaines et préparer la transformation du marché du travail, de repenser l’IA comme un actif pour l’entreprise et de former les entreprises à l’IA. «Aux entreprises qui s’inquiètent de leurs résultats et de leurs coûts, il faut faire comprendre que les dépenses faites dans les domaines de la data science, du machine learning et de l’IA ne sont pas superflues. Ce sont précisément ces investissements qui permettront une plus grande efficacité et donc une amélioration de leur chiffre d’affaires et une augmentation de leur part de marché», indique la même source.

Une stratégie pour l’IA
Au niveau de l’Etat, quelques initiatives sont à retenir comme celle du département en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et le ministère en charge de l’industrie et du commerce qui ont lancé en 2019, par l’intermédiaire du CNRST et l’ADD, le programme «Al Khawarizmi» d’appui à la recherche en intelligence artificielle et ses applications. On compte à 45 le nombre de projets (sur un total de 251) qui ont été retenus dans le domaine de l’IA et de la big data. On citera également l’ADD qui travaille sur un projet de «feuille de route nationale de l’IA» afin d’accompagner l’évolution de cette technologie au Maroc. Eriger l’intelligence artificielle en priorité du chantier de la transformation digitale au vu de son importance capitale aux plans stratégique et économique. C’est ce que préconise le Conseil économique, social et environnemental dans son dernier avis sur la transformation numérique.

«En effet, l’IA permet d’améliorer les facteurs de production en optimisant les ressources en capital et en dépassant les limites physiques du travail», indique la même source. Il est question dans ce sens de sensibiliser les parties prenantes du secteur public et privé à la nature transformationnelle de l’IA et ses différentes opportunités économiques, de mettre en avant au niveau de l’ADD le lancement d’une étude d’opportunités approfondie des applications de l’IA et d’un débat national dans l’optique d’établir «une feuille de route nationale de l’IA». Il s’agit également d’accélérer le chantier de la libération des données publiques (open data) et améliorer sa gouvernance afin de disposer des données nécessaires au développement d’applications de l’IA.

Ledit avis recommande d’accompagner l’émergence d’un écosystème d’acteurs nationaux opérant dans le domaine de l’IA et de l’économie des données pour accélérer la mise en œuvre d’applications concrètes de l’IA qui répondent aux besoins de notre société (santé, éducation, agriculture, industrie) et de développer les compétences et les ressources humaines, en quantité et en qualité, dans les métiers de l’IA et des données. L’objectif étant de se positionner sur les chaînes de valeur mondiales de l’IA. Il est recommandé aussi de concentrer et mutualiser les moyens de recherche disponibles dans des pôles technologiques portant sur les différentes technologies de l’IA en partenariat avec les industriels pour aboutir à des applications sectorielles.

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