L’Arabie Saoudite a suspendu les services des BlackBerry, suivant les Emirat Arabes Unis, ces pays du Golfe exigeant de pouvoir surveiller les téléphones multimédias du fabricant canadien, qui réplique n’accorder aucune dérogation à son système de cryptage, particulièrement sûr. Mardi soir, le régulateur des télécommunications saoudiennes a annoncé avoir ordonné aux trois opérateurs du pays de suspendre les services de BlackBerry, le fabricant canadien Research in Motion (RIM) n’ayant pas accepté de modifier ses appareils pour «se conformer aux exigences de la réglementation». La Commission de la technologie des communications et de l’information (CITC) n’a pas précisé à quelles «exigences» exactement les BlackBerry ne répondaient pas, mais elle emboîte ainsi le pas aux Emirats, centre d’affaires du Golfe, qui ont décidé dimanche de suspendre à partir du 11 octobre certains services du téléphone multifonctions, qui soulèveraient des problèmes de sécurité. Il s’agit notamment des services de messagerie instantanée, courrier électronique et navigation internet. Les Emirats comme l’Arabie Saoudite censurent l’accès à internet, notamment aux sites pornographiques ou présentant des images dénudées, ainsi qu’à certains sites politiques. Or, les appareils de RIM présentent, selon les experts, un niveau de cryptage des données supérieur à la plupart des «smartphones», rendant très difficile la surveillance de leurs utilisateurs. «Le cryptage est si fort que personne ne sait les surveiller. Ils ont un niveau de sécurité si bon que certains pays n’acceptent pas de ne pouvoir les contrôler», ,souligne ainsi John Hering, patron de la société américaine de sécurité en télécoms Lookout. Le gouvernement indien, évoquant lui aussi des questions de sécurité nationale, a également récemment menacé d’interdire les appareils de RIM dans son pays, marché mondial en plus forte croissance pour la téléphonie mobile après la Chine. Selon Utthan Kumar Bansal, un haut responsable du ministère de l’Intérieur indien, la firme a promis de répondre aux préoccupations de l’Inde en matière de «monitoring du BlackBerry». Déclaration qui pourrait laisser entrevoir des arrangements particuliers avec certains pays. L’ambassadeur émirati à Washington, Youssef al-Otaïba, avait d’ailleurs assuré que son pays n’attendait de RIM que le même respect du «cadre juridique et réglementaire que celui que le fabricant accorde au gouvernement américain et à d’autres gouvernements». RIM a répondu mardi, niant avoir accordé de quelconques privilèges à certains pays. Il n’y a «qu’un système BlackBerry disponible dans le monde», a affirmé la firme dans un communiqué. «RIM coopère avec tous les gouvernements avec la même cohérence dans les normes (de sécurité) et le même degré de respect».