Economie

L’OCP passe à l’offensive

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Le 18 mai dernier, l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) et la compagnie Libya Africa Investment Portfolio ont signé un protocole d’accord pour la construction de trois usines de fabrication de produits phosphatiers  pour un investissement total estimé à 1 milliard de dollars , selon la presse locale. Au terme de cet arrangement, les usines produiront de l’acide phosphorique, de l’ammoniac hydroxide et des engrais. Les unités de production d’acide phosphorique et d’ammoniaque seront construites à Jorf Lasfar, dans le sud-ouest de Casablanca, et celle des engrais soit au Maroc soit en Libye.
La réalisation de l’usine de production de Jorf Lasfar devrait nécessiter un investissement de quelque 350 millions de dollars et sa production annuelle est prévue pour atteindre 1 million de tonnes d’acide phosphorique, selon les agences de presse locales. Cette unité sera probablement construite au sein du «Jorf Phosphate Hub», le plus grand complexe phosphatier du Maroc. Ce site accueille actuellement 10 unités de production intégrées d’engrais pour une production de 2,5 millions de tonnes actuellement. OCP table sur une production d’engrais de 10 millions de tonnes à l’horizon 2015, en partie grâce à la réalisation d’un programme d’investissement quinquennal s’élevant à 2,5 milliards de dollars et suite à la signature de plusieurs partenariats avec des sociétés étrangères. OCP produit actuellement 27,25 millions de tonnes de phosphate brut par an et détient 46,5% des parts du marché mondial de phosphates, 47,2% du marché de l’acide phosphorique et 9,5% de celui des engrais. Le groupe contribue à hauteur de 17% aux exportations marocaines. Le sous-sol marocain renferme 37 milliards de mètres cubes de réserves de phosphate – ce qui en fait le troisième producteur mondial derrière la Russie et les Etats Unis. Quelques jours avant la signature de l’accord avec Laip, le 13 mai, l’OCP signait un autre accord avec les compagnies Petro Vietnam Fertiliser et Chemical Joint Stock Company portant sur la construction d’une usine d’engrais Dap pour un montant de 600 millions de dollars. Une fois opérationnelle en 2011, cette usine aura une capacité de production qui variera de 660 000 à 1 million de tonnes d’engrais par an. Dap est une engrais soluble produit à partir de l’acide phosphorique et de l’ammoniac. La production de cette nouvelle usine sera probablement exportée à destination du Vietnam. «Le marché agricole du Vietnam est au coeur de l’économie du pays et représente un marché très important», a indiqué OCP. «Nous pensons que la demande en engrais Dap va augmenter sensiblement».
Le Brésil, quatrième producteur mondial et importateur de phosphates, souhaite également instaurer un partenariat avec le Maroc. «La perspective d’un investissement étranger est très intéressante étant donné les activités à l’exportation déjà bien établis entre le Maroc et le Brésil», a déclaré Eduardo Daher, secrétaire et directeur de l’Association nationale pour la promotion des engrais et des citrons, à une agence de presse. M. Daher a indiqué qu’un régime fiscal avantageux, le faible coût du travail et du foncier, ainsi que les exportations vers le Brésil exempt de taxes étaient autant d’atouts qui faisaient du Maroc un marché attractif pour les producteurs de phosphate et d’engrais. Le phosphate est aussi relativement facile d’accès et donc peu onéreux à exploiter.
L’année dernière, l’OCP a conclu une joint-venture avec le groupe new-yorkais Bunge International, spécialisé dans l’agroalimentaire, portant sur la construction d’un complexe phosphatier au Maroc pour un investissement total de 350 millions de dollars pour couvrir les besoins des usines de production d’engrais du groupe Bunge en matières premières et intermédiaires.
Selon une étude conduite par Ali Saab, un agronome auprès du ministre brésilien de l’Agriculture, le Brésil a utilisé 24,5 millions de tonnes d’engrais en 2007, dont 15 millions provenant des importations. A l’horizon 2016, la consommation devrait atteindre un montant total estimé  à 30,6 millions de tonnes, dont les deux tiers seront importés. Le Maroc est bien placé pour tirer profit de cette évolution étant donné qu’il exporte déjà vers le Brésil. L’année dernière, le pays maghrébin a exporté plus de 450 millions de dollars d’engrais à destination du Brésil (soit près de 85% de l’ensemble des importations brésiliennes provenant du Maroc). Le secteur des phosphates et des engrais marocain est résolument tourné vers les marchés émergents en pleine expansion au cours des prochaines années. Les accords conclus récemment ont l’avantage d’assurer d’importants débouchés pour l’exportation de ces pays ainsi que de garantir des partenaires (qui partageront les risques) pour la réalisation des unités de production. L’agriculture devient un secteur de plus en plus opportun pour faire des affaires dans les pays émergents et le Maroc a mis en place une stratégie afin de tirer son épingle du jeu.

• Oxford Business Group
(26 mai 2008)

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