Cet événement met en lumière les défis et perspectives de la filière agrumicole et constitue un moment-clé pour l’avenir d’une filière qui ambitionne de développer sa compétitivité et sa durabilité ainsi que sa capacité d’innovation.
Challenges : Marrakech abrite du 13 au 15 mai 2025 le Congrès national de l’agrumiculture, une initiative portée par Maroc Citrus. Cette rencontre réunit les professionnels du secteur ainsi que les représentants des institutions et experts nationaux et internationaux autour du thème «Challenges multiples sur la filière des agrumes : quels leviers pour agir ?». L’eau reste la grande problématique à laquelle fait face le secteur.
Pilier socio-économique, la filière agrumicole joue un rôle central dans l’agriculture marocaine. Il génère en termes de chiffre d’affaires entre 7 et 8 MMDH annuellement. Avec plus de 500.000 tonnes d’exportations, la filière contribue au rapatriement de la devise. Toutefois le secteur connaît de multiples défis. Afin d’en débattre, d’en renforcer la productivité et faire face à la pénurie des ressources en eau, Maroc Citrus a organisé du 13 au 15 mai à Marrakech, sous l’égide du ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, une rencontre sous le thème «Challenges multiples sur la filière des agrumes : quels leviers pour agir ? ». Cet événement met en lumière les défis et perspectives de la filière agrumicole et constitue un moment-clé pour l’avenir d’une filière qui ambitionne de développer sa compétitivité et sa durabilité ainsi que sa capacité d’innovation.
Défis et opportunités
«Le sujet de toutes nos préoccupations c’est l’eau», affirme Kacem Bennani Smires, président de Maroc Citrus, invitant les différents acteurs à définir ensemble une stratégie durable pour préserver le patrimoine agricole. Le Maroc a perdu près de 40.000 hectares de plantations des agrumes en 10 ans. Toutefois, les opportunités sont là pour le secteur. En effet, le verger reste équilibré et a rajeuni à 50% grâce aux investissements des dernières années. Il fait preuve également d’une bonne évolution dans l’export des petits fruits. Lors de cette rencontre la mise à jour du recensement du verger d’agrumes a été dévoilée. Celle-ci se base sur une enquête réalisée sur 68.033 hectares visant ainsi à estimer l’évolution des plantations et arrachage entre 2021 et 2025. Selon cette enquête, la superficie des plantations est passée de 103.188 ha en 2021 à 91.342 ha en 2025 alors qu’elle se situait à 127.719 ha en 2014, accusant une baisse de 28% en 10 ans. «Les plantations en clémentines constituent la part la plus importante des plantations … mais également des arrachages», relève à ce propos M. Bennani Smirès. Il s’avère également que les tendances baissières depuis 2014 s’affichent dans toutes les catégories (-33% pour les petits fruits et -22% pour les oranges).
Ce repli est dû, selon la même enquête, à la sècheresse, le manque de lâchers d’eaux de barrages, les changements climatiques, les changements des stratégies de culture ainsi que l’adaptation aux évolutions du marché, notamment la concurrence avec l’Egypte et la Turquie. Il faut dire que la filière fait vivre 13.000 familles et génère environ 32 millions de journées de travail.
Les signes de résilience
Impactée par les épisodes de sécheresse successifs, la filière agrumicole marocaine a subi un véritable choc contraignant les producteurs à procéder à un arrachage massif des vergers. Malgré cette contraction de la superficie et une production en repli à 1,5 million de tonnes, le secteur présente des signes de résilience. Le verger agrumicole national, désormais rajeuni, affiche une structure équilibrée en termes de variétés. Près de la moitié des plantations ont moins de 15 ans et la qualité des fruits, à forte valeur ajoutée, constitue un atout majeur pour la relance de la filière.
Impact sur les zones agrumicoles
Le Maroc est un acteur majeur d’agrumes. Ce positionnement se traduit par la diversité de la culture des agrumes à travers le Royaume, avec des contributions notables de chaque région. En termes de superficie, Souss Massa détient 28.829 ha, en baisse de 9% depuis 2021 et 28% par rapport à 2014. Rabat-Salé Kénitra dispose en 2025 de 17.245 ha, en repli de 6% par rapport à 2021 et de 35% par rapport à 2014. Beni Mellal-Khénifra a 16.064 ha de plantations en 2025, soit en baisse de 15% comparé à 2021 et 4% par rapport à 2014. L’Oriental dispose pour sa part de 15.234 ha en 2025 enregistrant une baisse de 23% par rapport à 2021 et 28% en 2014. Du côté de Marrakech-Safi, la région compte en 2025 plus de 9.800 ha, en stagnation par rapport à 2021 mais en baisse par rapport à 2014 de 41%. Concernant Fès-Meknès, la région a 2.570 ha en 2025, en baisse de 12% comparativement à 2021 et 44% par rapport à 2014. Tanger-Tétouan qui dispose en 2025 de 1.578 ha connaît un recul de 16% par rapport à 2021 et 4% comparé à 2014.
Rajeunissement du verger
Modernisation
En termes de taille des vergers, ladite enquête dévoile que les plus petites parcelles (1,5 ha) sont les plus nombreuses (11.187 unités) alors que les grandes parcelles (155,1 ha) sont très rares (109 unités). Cette enquête fait également état de l’âge des vergers précisant que 48% des superficies ont été lancées à partir du PMV. Ainsi, 68% sont constituées de vergers de 5 à 20 ans et sont productifs. Il en ressort également que les plantations les plus récentes (0-10 ans) représentent 22% du total, indiquant le renouvellement important du verger. On notera aussi que les vergers les plus anciens (plus de 40 ans) occupent encore 15% des superficies, avec un impact sur le rendement futur. Pour ce qui est des porte-greffes, la tendance est à la modernisation.
En effet, la part des porte-greffes précoces (31%) vise à améliorer la productivité, à accélérer les cycles de production et optimiser la rentabilité. Lors de ce Congrès, des pistes de solutions seront explorées pour assurer la pérennité du secteur et l’amélioration de sa production, dans un contexte marqué par la pénurie de la ressource en eau, la concurrence internationale et les exigences de plus en plus croissantes des marchés internationaux. A noter que Maroc Citrus englobe l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur agrumicole au Maroc.
Côté production, elle fédère l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM), l’Association des producteurs de nadorcott au Maroc (APNM) et l’Association marocaine des producteurs de plants d’agrumes certifiés (AMAPAC). Pour la valorisation et l’export, elle inclut l’Association des conditionneurs d’agrumes du Maroc (ASCAM), l’Association marocaine de l’industrie de transformation des agrumes (AMITAG) ainsi que l’Association des exportateurs d’agrumes du Maroc (Citrus Export).