Economie

L’ouverture de l’économie marocaine divise le FMI et la Banque mondiale

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Le Maroc s’est-il bien ouvert ? A-t-il bien préparé son ouverture ? «Le questionnement est légitime mais il a perdu en clarté puisque le pays semble douter de ses choix !» C’est en substance ce qu’a martelé, vendredi 9 mai 2014, à Rabat, Simon Grey, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb, dont l’allocution a été lue par sa  représentante, Joumana Cobein, lors du forum public-privé consacré à l’ouverture économique au Maroc en partenariat avec le ministère de l’économie et des finances.

Les responsables de cette instance financière ont énuméré les progrès économiques du Maroc, mais ils trouvent que «le pays ne dispose pas de politique extérieure claire. D’où l’intérêt d’une offre exportatrice variée».  Pour assurer l’ouverture du pays, il n’existe pas de recette miracle.

«Il faut oser d’autres réformes !», exhortent les responsables de la Banque mondiale qui considèrent que le creusement du déficit courant de la balance des paiements principalement a été occasionné par les politiques macroéconomiques et non par l’ouverture de l’économie marocaine.

Chez les pouvoirs publics marocains, c’est le revers de la médaille : «L’ouverture n’est pas une fin en soi. Elle doit être associée à une ouverture en interne à travers une économie sociale», a relevé Mohamed Chafiki, directeur des études et des prévisions financières au ministère de tutelle. Pour ce faire, il faudrait instaurer une compétitivité en s’ouvrant sur de nouveaux marchés et produits.

Pour sa part, l’argentier du Royaume s’est montré optimiste. «L’ouverture de l’économie marocaine a permis de réaliser des avancées significatives en matière de renforcement des échanges, d’attraction des investissements directs étrangers et de modernisation du tissu productif national, cependant elle a mis à rude épreuve la capacité de notre pays à atteindre le niveau adéquat pour affronter la concurrence mondiale», a indiqué Mohamed Boussaid dans une allocution dont lecture a été donnée par le secrétaire général du ministère des finances.

Concernant le déficit de la balance commerciale, le ministre de l’économie et des finances a précisé que sa détérioration est due au dynamisme limité de l’offre exportatrice nationale et sa concentration sur quelques produits et marchés. «La forte dépendance des importations incompressibles, la prédominance des produits à basse technologie et à forte intensité de ressources naturelles et de main-d’œuvre, et la faible qualification de la main-d’œuvre ainsi que sa faible productivité ont engendré une détérioration du déficit de la balance commerciale», a expliqué M. Boussaid.

Pour rappel, le déficit de la balance commerciale a quintuplé en passant de 44 milliards de dirhams en 2000 à 201 MMDH en 2012.

Le ministre des finances a saisi cette occasion pour appeler le secteur privé à renforcer davantage son rôle et exploiter sa créativité dans des segments d’activité qui sont en phase avec les tendances mondiales, dans une logique partenariale avec le secteur public.
Cet optimisme a été exprimé, le même jour, par Christine Lagarde qui se rend pour la première fois au Maroc en tant que directrice du Fonds monétaire international.

«L’ouverture d’un pays est mesurée selon le volume des investissements directs étrangers et les échanges bilatéraux. Le Maroc a fait des progrès considérables dans ce sens», a-t-elle expliqué à ALM. Par l’occasion, le numéro un du FMI a indiqué qu’elle a, entre autres, eu des échanges avec M. Boussaid à propos du chômage. Elle a indiqué, à cet égard, qu’elle ne dispose pas de potion magique.

«La réduction du taux de chômage passe par la réforme du marché de l’emploi», a-t-elle précisé à ALM.    
Ceci étant, les résultats économiques du Maroc se sont, selon la directrice du FMI, améliorés en 2013 en dépit d’un environnement international difficile. «Nous prévoyons que la croissance du Royaume ralentira au-dessous de 4 % en 2014», a estimé Mme Lagarde en rappelant que l’économie mondiale est en train de finir sa récession.

Concernant la ligne de précaution et de liquidité, qui vient à expiration le 2 août 2014, Mme Lagarde a indiqué : «Le FMI est toujours disposé à évoquer une autre LPL avec le Royaume, si les autorités marocaines l’estiment utile». Et c’était autour de M. Boussaid de se montrer enthousiaste à l’idée.

Etait également de la partie, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, qui a précisé que l’impact de la récente hausse du SMIG sur l’inflation  s’élève à 0,2%. A propos de la politique de change du Maroc, M. Jouahri a révélé que l’ouverture extérieure du Royaume impose une évolution du régime de change, qui sera envisagée dans les meilleures conditions possibles. A chacun sa version des faits !

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