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Malou Caluza: «QNET s’est toujours orientée vers des objectifs allant au-delà de l’aspect financier des choses»

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Entretien avec Malou Caluza, PDG de QNET

[box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]La Gig Economy et le commerce transfrontalier connaissent une croissance fulgurante dans la region MENA. Comment cette économie impacte-t-elle l’écosystème des startups de la région ? Qu’est-ce qui la rend si attrayante ? Comment la vente directe se compare-t-elle à la Gig Economy? Autant de questions auxquelles répond Malou Caluza, PDG de QNET, dans cet entretien accordé à ALM.[/box]

ALM : En quoi consiste la Gig Economy dans la région MENA et comment influe-t-elle sur le commerce transfrontalier ?

Malou Caluza : La Gig Economy désigne une économie à la tâche, grâce à laquelle des individus s’érigent en micro-entrepreneurs et parviennent à dégager des ressources. En zone MENA, elle concerne principalement les femmes, les jeunes diplômés au chômage et les catégories sociales précaires. Cette région voit désormais éclore beaucoup de petits business liés à la livraison, à la vente de produits cosmétiques/artisanaux, à la logistique ou encore au stockage. Grâce à ce modèle, les personnes peuvent proposer leurs prestations ou leurs marchandises, localement comme à l’étranger, via des plateformes mises en place à cet effet. Tout cela sans avoir à se déplacer ! De tels échanges contribuent à booster le commerce transfrontalier à divers niveaux. Lorsqu’une entreprise expérimente une hausse d’activité, elle est maintenant en mesure de solliciter des compétences étrangères par pays interposés. On parle à bon escient «d’immigration online». En termes de vente de biens, les délais sont rendus encore plus courts depuis les plateformes digitales, favorisant ainsi les exportations. Nous sommes face à l’économie de la flexibilité et de l’adaptation. Ce modèle a globalement produit 5.000 milliards de dollars en 2021 et selon les spécialistes, les plateformes de la Gig Economy concentreront 1/3 des transactions de main-d’œuvre d’ici 2025.

Quel impact la Gig Economy a-t-elle sur l’écosystème des startups en région MENA ?
A mon sens, ces deux blocs que l’on pensait incompatibles ou opposés sont en train de connaître un solide rapprochement. Beaucoup de startups se posent à présent comme des supports de la Gig Economy ; en proposant par exemple des solutions financières aux micro-entrepreneurs, histoire de leur faciliter la tâche. D’autres peuvent leur apporter un encadrement, contribuer à leur promotion ou les familiariser avec la digitalisation. Les acteurs de la Gig Economy se tournent, eux, vers les FinTechs pour pouvoir proposer des modes de paiement immédiat à leurs clientèles. C’est non seulement plus en accord avec l’économie digitale, mais cela permet également d’éviter les retards, les frictions ou autres désagréments dont ces auto-entrepreneurs font parfois les frais. Petit à petit les choses se structurent et vont déboucher sur une véritable symbiose entre ces acteurs économiques d’un genre différent.

Qu’est-ce qui rend ce système si attractif ?
Je dirais la possibilité pour ces personnes de fonder leurs propres business sans pour autant sacrifier d´autres aspects de leurs vies. Des millions de gens aujourd’hui ont pu gagner de nouvelles sources de revenus en dehors du traditionnel 9h/17h. Il n’existe pas d’obligations contractuelles, de clauses à long terme ou de rigidité horaire. Les personnes armées d’une bonne éthique de travail et qui aspirent à rester libres réussissent à trouver leurs voies et à s’épanouir professionnellement. Aucun employeur ne leur reprochera de ne pas avoir assez de diplômes, d’être trop jeunes, trop âgés ou d’être des femmes. Tous sont logés à la même enseigne et peuvent réaliser des profits depuis chez eux. Je voudrais également souligner que le nombre de travailleurs indépendants dans le monde s’élève à 84 millions, soit 3% de la population active. 0,3% d’entre eux tirent leurs revenus de la Gig Economy, ce qui montre combien d’argent ils gagnent.

En quoi la vente directe peut-elle être comparée à la Gig Economy ?
La vente directe est le modèle original de la Gig Economy. C’est elle qui a favorisé l’émergence de tous ces entrepreneurs en leur garantissant la flexibilité qui leur manquait. Ils ont fondé leurs micro-entreprises aussi bien en ligne qu’au sein de leurs communautés en fournissant des produits de qualité ou des services personnalisés. Il existe d’autres points communs entre les deux : la nécessité de recourir à des plateformes de mise en relation pour proposer de la marchandise ou des services, les transactions se font par mode digital avec la possibilité de paiements immédiats, enfin les protagonistes sont tous des travailleurs inscrits à leurs propres comptes.

Comment QNET tire-t-elle partie de cette tendance ?
QNET œuvre auprès des petits business dans différents pays afin de développer des produits exclusifs améliorant la qualité de vie des individus. Ceux-ci sont ensuite vendus à l’échelle mondiale via nos plateformes de e-commerce. Mais le plus intéressant ici, c’est que nous donnons aux gens la possibilité de développer une activité de vente en faisant la promotion de ces produits. Il s’agit d’un système win-win favorisant les entreprises de taille réduite, les marchés locaux et les auto-entrepreneurs. QNET s’est toujours orientée vers des objectifs allant au-delà de l’aspect financier des choses. Ce qui prime à nos yeux c’est un changement durable dans le monde. Changement intégrant les besoins économiques, sociaux et environnementaux des populations.

Parlez-nous de la dynamique engendrée par la participation croissante des femmes à l’économie indépendante…
Un grand nombre de femmes sont tentées par ce système et se lancent avec succès. Il leur convient car elles sont en mesure de gérer familles, plannings et vies sociales en parallèle. La majorité d’entre elles font face à de nombreux obstacles dans les circuits standards. C’est encore plus vrai au Moyen-Orient et en Afrique du nord. Malgré de nombreux efforts pour accroître la diversité sur les lieux de travail, la zone MENA affiche le taux de représentativité féminine le plus bas. La Gig Economy intervient comme LA solution à des environnements professionnels non adaptés à la réalité des femmes. Cette configuration via laquelle elles sont payées à la mission leur fournit de la liquidité, peu importe la conjoncture économique. Elle les rend autonomes financièrement parlant, contribue à résorber les inégalités et donc à redresser l’économie mondiale de façon pérenne. C’est connu, une femme disposant de moyens est une femme qui consomme, soutient les siens et produit de la richesse.

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