Economie

Marine Marchande : navigation à vue

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Les perturbations de l’opération Transit 2006 enregistrées dans la journée de mardi sur certains points de passages maritimes des MRE (notamment à  Almeria où 6000 MRE étaient bloqués) reposent de plus belle le problème de la régulation de trafic. Qui régule, qui tranche, qui donne ou refuse des licences aux bateaux, qui juge inutile l’arrivée des navires rapides  sur les axes de transit ?
La plupart des opérateurs interrogés pointent du doigt la Direction de la Marine marchande, une institution aujourd’hui affaiblie et qui ne prend aucune décision à son niveau. «Les  formalités administratives doivent passer par le ministère de tutelle et les questions d’ordre technique  sous traitées auprès des cabinets d’experts», déclare un armateur de la place pour qui l’on est en train d’assister à une  «centralisation des décisions». Et d’ajouter : «cet organisme sous-traite l’établissement de certains  certificats y compris ceux afférant à la stabilité du navire avec les sociétés de classification»
Dans ces attributions, clairement identifiées, la Marine marchande a en charge le suivi de l’application des normes techniques relatives à la sauvegarde de la vie humaine en mer et d’établir les certificats pour la flotte marocaine. Créée en 1964,  rattachée au ministère du Transport le 13 août 1997, l’institution trouvait jusque-là son fonds de commerce dans la délivrance des autorisations. Mais depuis que le ministère a mis en route le chantier de la  libéralisation et de ne plus soumettre ces lignes sous autorisation, cette Direction, gérée par intérim depuis le départ d’Azzedine Diouri,  a perdu de son importance.  La Direction de la Marine marchande a perdu du terrain encore plus depuis la circulaire du 30 mai 2006 émanant de la tutelle et consacrant la libéralisation de ces lignes régulières. En fait, comme le déclare un membre du Collège des experts maritimes du Maroc, «la libéralisation des lignes régulières, à peine 6% de l’activité maritime, est un coup d’épée dans l’eau». Et de se demander pourquoi l’on maintient le fret (un volume de 60 millions de tonnes de marchandises) en dehors de processus ? 
Dans son discours prononcé à Casablanca le 20 décembre 2005, le ministre de l’Equipement et du Transport, Karim Ghellab avait pourtant évoqué la «redéfinition de la mission de la Marine Marchande», en présentant l’étude sur la libéralisation. Depuis, c’est le statu quo. Cela, alors que dès juillet 2007, le calendrier ministériel prévoit de rendre le transport maritime entièrement libre. D’aucuns parmi les experts maritimes pensent que toute libéralisation ne pourra se faire avant la privatisation de la Comanav et surtout, avant la redéfinition des missions de la Marine marchande.

 
Cadrage


La Marine marchande est-elle devenue “l’homme malade“ du secteur maritime ? La question mérite d’être posée à la lumière des problèmes actuels de transport des passagers MRE qui soulignent l’insuffisance des rotations entre les villes espagnoles d’embarquement et les ports de destination au Maroc. Ce n’est pas du tout normal alors que nombre d’entreprises maritimes privées de part et d’autre ne demandent qu’à investir davantage dans une activité où la demande croît au fil des années. Mais à chaque fois, des critiques se font jour dans le milieu des professionnels qui accusent la Marine marchande de s’être transformée, à son corps défendant peut-être, en facteur de blocage là où elle a obligation d’être un agent à la fois facilitateur et régulateur. Pourquoi, par exemple, refuser d’autoriser des bateaux rapides sur la ligne Tanger-Algésiras alors que ces navettes modernes opèrent depuis longtemps dans beaucoup de pays comme l’Espagne et l’Angleterre ? Qu’est-ce qui justifierait une telle décision? Une réponse officielle claire s’impose. Sauf à considérer que le Maroc, nonobstant ces deux belles façades maritimes, doit continuer à s’aligner sur les standards les plus bas ! Ce n’est là que la partie visible de l’iceberg. D’autres défaillances liées à la réglementation minent le transport de marchandises. L’état des lieux n’est guère brillant. Sans directeur général plein galon, engluée dans une crise sans fond,  incapable de montrer le cap, la Marine marchande est gérée par le ministre de tutelle qui se trouve également être le titulaire du portefeuille de l’Équipement. Mais celui-ci, absorbé par nombre de dossiers importants, n’a pas le temps de s’en occuper. Alors quelle attitude adopter ? Continuer à faire semblant que tout va bien ou prendre les choses à bras le corps ? Une chose est sûre :  il est urgent de repenser la politique maritime nationale qui n’en finit pas de se noyer dans ses contradictions.   

Les attributs théoriques de la Direction de la Marine Marchande

• préparer et mettre en œuvre les orientations et les actions propres à assurer le développement et la protection du pavillon marocain;

• assurer en relation avec les administrations et les organismes intéressés, la préparation, l’exécution et le contrôle des plans de développement de la flotte de commerce et de la construction navale;

• élaborer et assurer le suivi de toute étude économique et technique relative au transport maritime et à ses activités connexes;

• préparer et mettre en application les mesures législatives et réglementaires relatives à la Marine marchande;
• veiller à l’application du régime disciplinaire et pénal de la Marine marchande;

• promouvoir, organiser et diffuser l’information et la documentation maritime dans le domaine de la marine marchande;

• participer à la représentation du Maroc auprès des institutions maritimes internationales et régionales, et veiller à l’application des conventions maritimes internationales adoptées par le Maroc, notamment dans le domaine du transport, de la navigation, de la sécurité et du travail maritimes ainsi que de la pollution marine.

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