La BAD constate que si les pays de la Communauté est-africaine baissent leurs droits de douane de moitié, les exportations marocaines augmenteraient de 40%.
Après la compétitivité, la Banque africaine de développement (BAD) s’intéresse à la politique commerciale du Maroc. Une analyse a été publiée dans ce sens. Elle met en exergue l’impact de la politique tarifaire du Maroc sur sa position de hub. C’est ainsi que la BAD insiste sur la révision à la baisse des droits de douane. Une réduction qui contribuerait, selon l’institution financière d’Afrique, à redynamiser les échanges bilatéraux. «La réduction des droits de douane demeure un outil de politique commerciale capital sur le continent. Et si l’on renégociait à la baisse les droits de douane appliqués par le Maroc comme par ses pairs africains, subsahariens surtout, sans doute que les échanges augmenteraient à leur tour, au profit des deux parties», conclut la BAD dans son analyse. Et de préciser que «la baisse des droits de douane appliqués par le Maroc sur les importations en provenance de l’Afrique sub-saharienne aura un effet positif sur les exportations africaines et, réciproquement, une baisse des droits de douane appliqués par les pays».
Dans son analyse, la banque africaine indique que la politique tarifaire menée par le Maroc au titre des deux dernières décennies a conduit à «créer involontairement un écart de taux défavorable pour les pays d’Afrique hors pays méditerranéens, et ce comparativement aux droits de douane appliqués sur les produits en provenance de l’Europe, l’Amérique et la Méditerranée». En établissant une évaluation entre 2001 et 2012, il ressort que les tarifs des pays africains appliqués aux importations depuis le Maroc sont relativement supérieurs aux tarifs appliqués aux importations européennes ou américaines. La BAD relève ainsi une hausse moyenne avoisinant les 4%. Elle a, à cet effet, analysé la sensibilité des exportations marocaines aux droits de douane appliqués par les quatre principales communautés économiques, en l’occurrence le marché commun de l’Afrique orientale et australe, la Communauté Est-africaine, la Communauté économique de l’Afrique centrale et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest. Plusieurs scénarios ont été tracés dans ce sens. La BAD constate que si les pays de la Communauté est-africaine baissent leurs droits de douane de moitié, les exportations marocaines augmenteraient de 40%. De même si la même réduction est appliquée par la Communauté économique de l’Afrique centrale, les exportations marocaines gagneraient 23%. Elles augmenteraient par ailleurs de 15% si le marché commun de l’Afrique orientale et australe réduisait ses droits de douane de moitié.
En ce qui concerne la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, l’impact de la baisse de leurs tarifs serait de 5%. En contrepartie, si le Maroc réduit ses tarifs de moitié, les importations subsahariennes se consolideraient de 20% contre 10% pour les importations du reste du monde. «Les décideurs marocains peuvent encore, s’ils le souhaitent, utiliser la réduction des tarifs pour intensifier les importations en provenance de l’Afrique», peut-on lire dans l’analyse de la BAD. S’agissant du positionnement du Maroc en tant que hub, la Banque indique dans son analyse qu’il pourrait prendre une position de hub s’il mettait en place un ou des accords de libre-échange bilatéraux ou multilatéraux avec les pays subsahariens et ce dans la mesure où les Etats-Unis n’ont signé aucun accord avec ces pays. La banque africaine attire l’attention sur l’application de la zone panarabe de libre-échange. Une fois effective, cette zone ouvrirait de grandes opportunités pour le Maroc. Le Royaume aurait ainsi la possibilité d’avoir une position de hub dans le cadre d’un plus grand nombre de pays. Citons d’une part les Etats-Unis et l’ensemble des pays de la zone panarabe de libre-échange et d’autre part l’Union européenne, les Etats-Unis et les pays de la zone panarabe de libre-échange n’ayant toujours pas d’accord de libre-échange avec l’Union européenne.