L’industrie du ciment au Maroc devrait poursuivre son développement dans les années à venir du fait de l’accroissement de la demande du bâtiment.
Malgré les inquiétudes suscitées par la détérioration des perspectives économiques, les entreprises cimentières et les institutions financières restent confiantes dans l’avenir du marché, comme en témoigne le contrat de prêt récemment accordé. Dans le cadre de la construction d’une nouvelle unité de production à Agadir, l’entreprise marocaine de matériaux de construction Ciments du Maroc a signé, le 9 juillet dernier, un crédit à moyen terme de 274 millions de dollars avec un consortium composé de cinq banques. Le crédit permettra de financer partiellement l’investissement précité d’un montant global de 480 millions de dollars.
Les cinq banques incluent Attijariwafa bank, BMCE Bank, BMCI et Crédit du Maroc (filiales des groupes français BNP et Crédit Agricole respectivement) et l’entreprise française Société Générale.
Ciments du Maroc, filiale du groupe italien Italcementi, cinquième producteur de ciment au monde, entend démarrer la production en mars 2009. L’unité de production aura une capacité annuelle de 2,2 millions de tonnes de ciment et de 1,6 million de tonnes de clinker.
L’unité de production d’Agadir a été conçue pour répondre à l’accroissement de la demande en ciment au Maroc ainsi que pour maintenir Ciments du Maroc au même niveau que ses deux principaux concurrents sur le marché national, c’est-à-dire l’entreprise française Lafarge Ciments et le groupe suisse Holcim, qui se sont aussi engagé à investir dans l’accroissement de la capacité de leurs usines de production implantées dans le Royaume. En effet, Lafarge est en passe de doubler la production de son usine à Tétouan, tandis qu’Holcim vient de s’implanter à Settat, à 7 km au sud de Casablanca, moyennant un investissement de l’ordre de 390 millions de dollars. Cette nouvelle unité de production est en mesure de mettre sur le marché local 1,7 million de tonnes de ciment supplémentaire.
Le groupe a enregistré de bons résultats l’année dernière, avec des bénéfices en hausse de 17% à hauteur de 83,7 millions de dollars à la fin décembre 2007, ce qui explique, partiellement, pourquoi Ciments du Maroc a réussi à contracter un crédit important à un moment où la conjoncture économique n’est pas favorable à l’octroi de crédits.
Par ailleurs, le marché du ciment au Maroc a progressé de l’ordre de 12,6% durant la même période, et enregistre une croissance moyenne de 8% depuis l’an 2000, selon des études internationales. Les dirigeants de Ciments du Maroc prévoient une croissance à deux chiffres cette année, et sont déterminés à satisfaire l’augmentation de la demande.
Les cimentiers bénéficient d’un marché de l’immobilier et du bâtiment en pleine expansion. En effet, quelque 1,3 milliard de dollars ont été investis dans l’amélioration du réseau routier rural, tandis que le réseau autoroutier fait l’objet d’une remise en état. Le gouvernement s’est engagé à construire 150 000 nouveaux logements à prix réduit par an et à apporter un investissement total de 4,4 milliards de dollars dans le secteur du tourisme d’ici à 2010. L’usine d’Agadir, située sur la côte marocaine, semble particulièrement bien placée pour approvisionner les projets d’aménagement touristiques.
Reste à savoir si le gouvernement sera en mesure de tenir son engagement de 150000 unités par an, étant donné l’ampleur de la tâche et le renchérissement du coût des matériaux de construction. Dans tous les cas, l’augmentation du nombre de logements est une priorité absolue.
Sur un plan plus général, l’impact du ralentissement de la croissance mondiale et du resserrement du crédit sur l’industrie du bâtiment au Maroc demeure incertain mais n’apparaît pas de bon augure pour le financement de projets. Par aillleurs, le ralentissement de la croissance et la hausse des taux d’intérêts en Europe sont susceptibles de détériorer le marché marocain du tourisme et de l’exportation.
Tenant compte de ces turbulences liées à l’évolution de l’environnement économique international, le gouvernement marocain a révisé ses perspectives économiques à la baisse, passant de 6,8% à 6,2% en juin. Néanmoins, les entrées touristiques ont progressé de 11% au cours de cinq premiers mois de l’année, en comparaison avec la même période de l’année 2007, tandis que les agents immobiliers font état d’un regain d’intérêt en faveur de la résidence vacancière. Par ailleurs, le coût de la construction ainsi que le taux d’inflation devraient vraisemblablement décélérer, sous l’effet du repli des opérations à terme de l’acier sur la scène internationale et de la baisse du prix du pétrole.
À long terme, l’essor de l’industrie du bâtiment est appelé à décroître, l’offre immobilière à rattraper son retard, et par conséquent, la croissance redescendra de ses sommets actuels. Mais à l’heure actuelle, les investissements d’infrastructures sont soutenus par un marché en bonne santé.
• Oxford Business Group
Le 7 août 2008