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Maroc-OCDE : De nouvelles priorités stratégiques fixées

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Le Royaume et l’Organisation renforcent leurs relations en actant à Rabat une nouvelle phase de coopération

Protocole d’accord. L’OCDE et le Maroc franchissent un nouveau cap de coopération. Lors de la cérémonie de clôture du Programme-pays II, un nouveau protocole d’accord a été acté entre les deux parties. Cette rencontre a été l’occasion de dévoiler l’étude économique consacrée au Maroc.
Les détails.

Le 11 septembre 2024 marque une phase importante dans les relations entre le Maroc et l’OCDE. En effet, les deux parties ont renouvelé leur coopération à travers la signature à Rabat d’un protocole d’accord visant à continuer d’aider le Maroc à atteindre ses objectifs de croissance économique et de développement. Cette rencontre a été axée sur la clôture du Programme-pays II et la discussion de l’étude économique du Royaume du Maroc. S’exprimant à l’ouverture de cette conférence, le chef de gouvernement Aziz Akhannouch a expliqué que «La relation entre le Maroc et l’OCDE est riche d’une longue et fructueuse coopération». Il a indiqué à ce propos que «depuis l’adhésion du Maroc à l’initiative régionale MENA-OCDE, nous n’avons eu de cesse de la renforcer.

Le processus de rapprochement entre le Maroc et l’OCDE s’est accéléré, quand le Royaume a été parmi les 4 premiers pays au monde à signer un protocole d’accord pour un Programme-pays avec l’OCDE. En effet, soucieux d’adopter les meilleures pratiques internationales et avec la volonté de construire une économie ouverte et transparente, le Maroc a adhéré à une trentaine d’instruments juridiques de l’OCDE et participe à une dizaine de ses organes et comités». Lors de cette cérémonie, le chef de gouvernement a également mis en avant la volonté du Maroc de renforcer ses relations de coopération avec l’OCDE. Le pays a dans ce sens signé un protocole d’accord pour un 2ème Programme-pays. «Ce programme a visé, comme vous le savez, la réalisation d’actions stratégiques de soutien aux objectifs de notre pays dans divers domaines, notamment la gouvernance publique, l’économie et l’investissement, l’inclusion sociale et le développement territorial», souligne le chef de l’Exécutif.

Le Maroc, un modèle régional
Lors de son allocution Aziz Akhannouch a passé en revue les réalisations et les ambitions du Maroc. Il a indiqué dans ce sens que le Royaume a édifié des institutions modernes et démocratiques citant comme exemple la Constitution, adoptée en 2011, ou encore la réforme du Code de la famille et la régionalisation avancée. De même, il a mis en exergue les projets d’infrastructures mises en place par le Maroc. Ces infrastructures, comme l’explique le chef de gouvernement, «confèrent au Maroc une connectivité air-terre-mer inégalée dans la region» citant 2.000 km de réseau autoroutier qui passera à 3.000 km à l’horizon 2030, la première ligne ferroviaire à grande vitesse d’Afrique, le plus grand port du continent sur la Méditerranée et bientôt l’un des plus grands sur l’Atlantique ainsi que 19 aéroports internationaux offrant une capacité de projection africaine très importante.

Parallèlement aux projets de développement, le Maroc entretient des relations de confiance, notamment en Afrique. «Ces 20 dernières années, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a effectué plus de 50 visites pour aboutir à la signature de plus de 1.000 accords de coopération. Fort de ses accords de libre-échange avec l’Union européenne, les Etats-Unis et à travers la mise en place de la ZLECAF, investir au Maroc donne accès à un marché de 2 milliards de consommateurs», rappelle dans ce sens le chef de gouvernement. En termes de développement durable, le Royaume a aussi franchi un cap important. «Le Maroc est également devenu un des leaders mondiaux du développement durable, qui constitue le défi économique et humain de notre génération. Les énergies renouvelables représentent ainsi 38% de notre mix énergétique, et notre ambition est de les porter à plus de 50% d’ici 2030. Cette ambition culminera avec le développement de la filière hydrogène vert, qui fera du Maroc un acteur majeur de la décarbonation de l’économie mondiale», argumente Aziz Akhannouch.

Accélération de la transformation socio-économique malgré un contexte mondial défavorable
Le Maroc a lancé durant ces dernières années d’importantes réformes sur le plan socio-économique comme celle relative à la protection sociale, à la santé et à l’éducation. «Ces réformes ont notamment permis d’ouvrir l’assurance maladie aux deux tiers de la population marocaine qui n’en bénéficiaient pas jusque-là, ainsi qu’une aide financière directe destinée aux familles les plus démunies», explique le chef de gouvernement. Et de souligner : «Le Maroc est conscient des défis auxquels il fait face, notamment celui de la sécheresse, ayant des répercussions sociales et économiques, notamment sur la perte d’emploi dans le secteur agricole entraînant une hausse du taux de chômage. Pour les surmonter, le Maroc s’attelle à la diversification des sources d’approvisionnement en eau à travers un plan national mobilisant un budget d’envergure de plus de 14 milliards de dollars et le lancement notamment de plusieurs stations de dessalement».

En matière d’investissement, le pays mène des réformes structurelles pour la redynamisation du marché de l’emploi et la relance économique, notamment à travers le déploiement continu des dispositifs d’investissement, déjà effectif à travers la nouvelle Charte de l’investissement, sera complété par la Charte PME avant la fin de l’année, pour les investissements inférieurs à 50 MDH. «Afin d’appuyer le modèle national d’investissement, le gouvernement marocain s’est attelé, dès le début de son mandat, à accélérer de nombreux chantiers à même de faciliter l’acte d’investir, dont la réforme fiscale, la mobilisation du foncier, l’effectivité de la déconcentration, la simplification et la digitalisation des procédures administratives, la réforme du décret des marchés publics et la révision de la loi sur les délais de paiement», relève le chef de gouvernement.

Et d’ajouter : «A ce titre, le Maroc a franchi un nouveau cap historique avec la sortie du pays du processus de surveillance renforcée, décidée à l’unanimité par l’institution internationale GAFI en février 2023, suivie de l’Union européenne en mai 2023. Ces décisions traduisent le respect total par le Maroc de ses engagements ainsi que l’efficacité et la transparence de son modèle en termes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le Maroc jouit ainsi d’autant plus d’une attractivité privilégiée à l’international, comme plateforme d’investissement en Afrique» notant que ces réformes couplées à une stabilité macro économique, sont régulièrement saluées par les institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale. Pour ce qui est des perspectives de coopération avec l’OCDE, le chef de l’Exécutif a affirmé que le Maroc poursuivra ses travaux au sein des comités et organes de l’OCDE, et de nouvelles initiatives verront le jour, comme le développement de la collaboration triangulaire OCDE – Maroc – UA ou encore l’étude d’un programme d’échange de fonctionnaires marocains.

Les principales conclusions de l’étude de l’OCDE
Le Maroc fait preuve d’une solide résilience. Selon l’étude économique de l’OCDE consacrée au Maroc, le rebond du développement économique après la pandémie de Covid-19 et la crise énergétique se poursuit au Maroc, malgré le séisme de 2023 et les sécheresses répétées. «La croissance a bien résisté tandis que l’inflation recule, et le Maroc a désormais engagé des réformes majeures pour encourager l’investissement et renforcer la protection sociale», indique la même étude. Celle-ci prévoit une croissance du PIB de 3,5 % en 2024, dans le droit fil des 3,4 % enregistrés en 2023, suivie d’une hausse qui la portera à 4 % en 2025 sous l’effet de l’expansion de l’investissement et de la vigueur des exportations. «À mesure que le déficit budgétaire du Maroc se réduit, le ratio dette publique/PIB devrait diminuer progressivement, passant de 69,5% en 2023 à 68,9 %a en 2024 et 68,2 % en 2025.

L’inflation, qui a reflué sur fond d’apaisement des tensions sur les prix des produits alimentaires à l’échelle mondiale, devrait chuter, passant de 6,1 % en 2023 à 2,3 % en 2024, puis 2,0 % en 2025», rapporte la même source. Ce document met en avant l’ouverture du Maroc aux échanges et à l’investissement direct étranger (IDE), mais souligne que l’investissement privé intérieur est faible et que les liens avec l’économie locale devraient être renforcés. «La nouvelle Charte de l’investissement favorise la réalisation d’investissements nouveaux par le secteur privé en s’appuyant sur un nouveau système d’incitations conjugué à des améliorations de la gouvernance et des initiatives destinées à promouvoir un climat des affaires plus favorable», évoque le même rapport.

Par ailleurs, ce document indique que la productivité du travail pourrait être tirée vers le haut par le développement des compétences de la main-d’œuvre, l’amélioration de l’efficience de l’investissement public, le renforcement de la concurrence et l’application de règles du jeu équitables à toutes les entreprises, s’accompagnant d’une intensification des efforts de lutte contre la corruption. Pour l’OCDE, le taux d’activité des femmes et des jeunes est faible. «Il est indispensable d’accroître le nombre d’emplois de qualité dans le secteur formel et de relever le taux d’activité pour améliorer le niveau de vie», précise la même source. S’agissant de la durabilité, le rapport rappelle que le Maroc a pris l’engagement ambitieux de réduire, d’ici à 2030, ses émissions de 45% par rapport à 2010, et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. «Pour atteindre ces objectifs, il sera important de mettre en œuvre les mesures de transition climatique envisagées, au nombre desquelles une approche globale de la tarification et de la fiscalité du carbone, étayée par des réglementations et des aides au niveau sectoriel», relève la même source.

Nadia Fettah : «les prévisions de l’OCDE et du Gouvernement sont globalement alignées»

Coopération. « Notre pays a en effet tissé une relation privilégiée et multidimensionnelle avec l’OCDE depuis l’année 2005. Cette coopération couvre un large éventail de domaines de politiques publiques clés, notamment la politique d’investissement, la gouvernance publique, l’éducation et le développement territorial. Elle vise à soutenir le processus de réformes dans notre pays, à favoriser son appropriation des bonnes pratiques et à faire avancer son statut dans les différents instruments de l’OCDE (Comités, Groupes de travail, Conventions…) », affirme Nadia Fettah, ministre de l’économie et des finances. Elle a expliqué qu’avec le 2ème Programme-pays, en cours depuis 2019, cette relation a franchi un nouveau palier, notamment parce qu’elle a prévu pour la première fois une coopération sur le volet du développement économique, à travers la création d’un bureau Maroc au sein du département des affaires économiques de l’OCDE et la réalisation d’une étude économique. « Les principales recommandations du rapport sont en phase avec nos diagnostics, bien que nous puissions diverger sur certaines recommandations de politiques publiques ou leurs approches de mise en œuvre. L’étude pointe aussi des défis majeurs, tels que les contraintes géographiques, le développement rural, le stress hydrique, la transition durable et l’impact des conflits géopolitiques et propose un certain nombre de recommandations pertinentes », souligne Nadia Fettah à ce propos notant par ailleurs que quelques analyses et recommandations gagneraient à être adaptées aux spécificités du contexte marocain. La ministre a aussi rappelé que l’intégration du Maroc aux prévisions économiques de l’Organisation a également été actée depuis le printemps 2023. «Nous sommes heureux de constater que les prévisions de l’OCDE et du gouvernement sont globalement alignées, notamment en termes de croissance et d’inflation, traduisant la convergence des pratiques de modélisation utilisée et une bonne compréhension du contexte national par les économistes de l’Organisation », déclare-t-elle.

Mathias Cormann : «le Maroc est engagé dans une demarche ambitieuse»
Lancement. « Le lancement de cette étude (…) est un grand événement qui marque trois étapes majeures de notre coopération : le lancement de la première étude économique de l’OCDE consacrée au Maroc, la conclusion de la deuxième phase du Programme-pays OCDE-Maroc, et la signature d’un protocole d’accord visant à continuer d’aider le Maroc à atteindre ses objectifs de croissance économique et de développement » affirme Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE. Lors de son allocution, il indique que «le Maroc s’est engagé dans une démarche ambitieuse pour améliorer le niveau de vie de sa population et favoriser son développement économique afin d’accélérer sa convergence vers les économies à revenu élevé. Stimuler la productivité en multipliant les investissements et en insufflant du dynamisme au secteur privé, relever les défis du marché du travail pour permettre la création d’emplois de qualité et progresser sur la voie de la transition climatique sont autant de priorités d’action grâce auxquelles le Maroc pourra avancer dans cette démarche».

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