Le successeur de Ramon Enciso, ex-directeur général du second opérateur de téléphonie mobile Méditel, est décidé à donner un nouveau souffle aux rapports qu’entretien l’opérateur avec son environnement.
Lors d’une rencontre de presse, Miguel Menchén, récemment nommé directeur général de Méditel, plaide pour de nouveaux rapports bilatéraux avec son concurrent direct, l’opérateur historique Maroc Telecom. Cet ingénieur en télécommunications, diplômé de l’Université polytechnique de Madrid, titulaire d’un MBA et d’un diplôme de l’Université d’Harvard, se dit enthousiaste quant au devenir des rapports, jusque là conflictuels aussi bien avec son concurrent qu’avec l’autorité de régulation l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). « Depuis mon arrivée au Maroc, j’essaye de comprendre la nature des rapports établis.
Un certain nombre de problèmes sont à résoudre. Je reste convaincu qu’un nouveau départ est désormais possible quitte à redémarrer à zéro. Je suis pour une logique de paix et de concertation », laisse-t-il entendre. Quand Méditel a démarré, l’objectif premier était de devenir un opérateur de référence. L’activité était orientée vers le client, tout en misant sur la qualité, l’innovation et l’accessibilité. Actuellement, l’opérateur affiche un chiffre d’affaires de 300 millions de dollars, emploie plus de 690 personnes directement et près de 10.000 indirectement mais les pertes cumulées atteignent 7,5 milliards de DH. À intervalle régulier, de nouvelles offres, destinées notamment aux entreprises et professions libérales, venaient étoffer la gamme déjà offerte.
La concurrence a toujours été considérée comme stimulant de la consommation. «À condition qu’elle s’exerce dans un climat de transparence et de sérénité. Or, je suis au regret de constater que des problèmes sont survenus.
Les règles de concurrence n’ont toujours pas été à la hauteur de nos espérances », estime Miguel Menchén qui n’exclut toutefois pas un changement dans les attitudes des différents acteurs derrière cette concurrence qualifiée de « préjudiciable». Aussi, l’amélioration de la compétitivité ainsi que des règles de la concurrence sont attendues. L’ANRT a, selon Miguel Menchén, un rôle à jouer dans ce sens. Selon son expérience mondiale, le régulateur est amené à statuer sur les différents problèmes en place. En tête, l’épineux problème de l’interconnexion.
Cette situation est assurément préjudiciable aux seconds opérateurs Telecom : « Le manque à gagner, suite aux déséquilibres des règles, est de l’ordre de deux milliards de dirhams », estime Miguel Menchén. Aussi, la difficulté d’offrir des prestations téléphoniques à l’administration en dépit d’une offre de 30 % plus avantageuse en temps de communication, reste un autre volet à surmonter sur la voie d’une concurrence optimale.
À la question de la manifestation d’intérêt pour la seconde licence fixe, après la première tentative avortée, le patron du second opérateur se dit prêt à considérer le dossier, toutefois à trois conditions. En premier, le prix de l’interconnexion qui est, selon lui, 300 fois plus cher que la norme mondiale, est à reconsidérer.
En second, l’établissement de règles aussi claires que possibles en matière d’accès à l’infrastructure réseau existante (colocalisation). Enfin, l’établissement d’une loi sur les remises et les discouts. Toutefois, Méditel entend améliorer ses performances en dépit des entraves rencontrées. Miguel Menchén n’exclut pas la réalisation de performances plus grandes, puisque il entend par une nouvelle politique institutiionnelle élargir les champs d’interventions deMéditel grâce notamment à une meilleure définition des règles du jeu dans ce secteur.