La plupart des pays riches ont introduit à la fin des années 1990 et en 2000 des mesures incitatives visant à faciliter le recrutement des travailleurs étrangers hautement qualifiés, note l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans son dernier rapport sur « les tendances des migrations internationales ». Selon ce rapport rendu public mercredi dernier, le vieillissement démographique, voire la pénurie de main d’oeuvre, ont incité les pays de l’OCDE à recruter des travailleurs étrangers qualifiés, tout en ayant par ailleurs du mal à endiguer des flux migratoires orientés à la hausse depuis la moitié de la dernière décennie. Le phénomène de l’immigration, particulièrement sensible au Japon, en Corée du Sud et aux Etats-Unis, toucherait aussi l’Europe, et se serait poursuivi malgré le ralentissement économique. Il vise en premier lieu des personnes originaires des pays en développement, mais aussi des cadres d’entreprises issus d’Etats membres de l’OCDE. Plusieurs pays d’Europe ont lancé des programmes spécifiques pour attirer des informaticiens. « En France, même si les effectifs concernés restent très limités, on constate également une augmentation des entrées de travailleurs et plus particulièrement d’informaticiens, d’enseignants et de personnel de santé », note l’OCDE. Cette évolution ne concerne pas la seule main-d’oeuvre qualifiée. Agriculture, construction, soins aux personnes âgées, employés, services domestiques constituent d’autres gisements d’emplois accessibles aux migrants moins bien formés. Néanmoins, souligne le rapport, la migration à des fins d’emploi n’explique pas à elle seule la progression des flux migratoires depuis la fin des années 1990. Plusieurs pays de l’OCDE, dont une partie de l’Europe et la France, ont connu une forte hausse durant cette période. C’est alors le regroupement familial qui demeure le principal moteur de l’immigration, même si son impact a tendance à reculer un peu partout, du fait de la vague des « nouveaux travailleurs immigrés ». Le rapport s’interroge par ailleurs sur les limites d’un modèle de migration orienté vers la recherche d’emploi. Dans la plupart des pays d’Europe, les étrangers souffrent davantage du chômage que les autochtones. Leur intégration professionnelle dans le pays d’accueil demeure très précaire, malgré les opérations de régularisation menées en France, Italie, Grèce ou Espagne.