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Mobile Banking : Jouahri seul au monde ?

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Le wali de BAM compte sur le Parlement pour apporter des incitations fiscales

«Nous disposons aujourd’hui de 1,5 million de wallets. De même, tous les tests de switchs ont été effectués. Sur le plan institutionnel, le Groupement d’intérêt économique est mis en place avec toutes ses structures. Et en termes de la mise en œuvre de l’inclusion financière, les sept comités de travail sont constitués et avancent. Il faut que l’écosystème se mette
en place!»

Si la loi de Finances rectificative a apporté quelques mesures, le paiement mobile est probablement le grand oublié du projet de loi de Finances 2021. Pourtant, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, compte énormément sur les mesures fiscales pour faire décoller (enfin) le paiement mobile au Maroc.

En effet, le gouverneur de la banque centrale du Royaume n’y est pas allé par quatre chemins il y a à peine quelque temps, pour critiquer le retard dans la mise en oeuvre de ce chantier. Plus d’une décennie s’est écoulée alors que le Maroc se trouve à la traîne non seulement par rapport à ses voisins européens mais également ceux de l’Afrique. Alors, le numéro un de BAM s’impatiente. «Je serai là pour veiller à ce que ce Mobile Banking soit opérationnel dans les meilleurs délais quitte à ce que je tape à toutes les portes», avait annoncé Abdellatif Jouahri à l’issue du dernier conseil d’administration de la banque centrale il y a quelques semaines.

Une impatience qui reflète le caractère stratégique de ce dossier, l’un des piliers de la stratégie nationale d’inclusion financière, fruit d’une vision conjointe de Bank Al-Maghrib et le ministère de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration. «Nous disposons aujourd’hui de 1,5 million de wallets. De même, tous les tests de switchs ont été effectués. Sur le plan institutionnel, le Groupement d’intérêt économique est mis en place avec toutes ses structures. Et en termes de la mise en œuvre de l’inclusion financière, les sept comités de travail sont constitués et avancent. Il faut que l’écosystème se mette en place !», avait martelé M. Jouahri. Pour ce dernier, il faut une forte impulsion sur le plan fiscal pour donner au paiement mobile son envol.

Concrètement, le wali de BAM compte sur le Parlement pour donner cette impulsion. Ce combat de M. Jouahri est d’autant plus important qu’il constitue probablement l’un des derniers remparts contre le cash. En effet, la circulation de l’argent fiduciaire explose tous les records depuis quelques mois. Dans un exposé sur la situation économique à fin juin dernier et les perspectives de l’année 2020, lors d’une réunion conjointe entre la commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants et la commission des finances, de la planification et du développement économique relevant de la Chambre des conseillers, le ministère de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration a donné les derniers chiffres sur les besoins en liquidités durant les derniers mois. Pour la tutelle, des tensions sont apparues sur les liquidités depuis le déclenchement de la pandémie au Maroc. Ces tensions sont dues selon la même source à des retraits inhabituels de dépôts de la part de nombreux ménages.

Le déficit en termes de liquidités a dans ce sens atteint pratiquement 94 milliards DH en moyenne durant le deuxième trimestre. Les interventions de la banque centrale ont ainsi totalisé plus de 97 milliards DH durant la même période. Pour stopper «l’hémorragie», la LF rectificative avait institué un délai de grâce. Concrètement, le montant du chiffre d’affaires réalisé par paiement mobile ne sera pas pris en compte pour la détermination de la base imposable de l’IR dû au titre du revenu professionnel par les contribuables pendant 5 exercices. Cette mesure s’appliquera également pour des seuils d’imposition à l’IR selon les régimes susvisés et d’assujettissement à la TVA. Il s’agit là d’une version revue et corrigée d’une première disposition introduite par la loi de Finances 2020 qui avait prévu un abattement de 25% sur la base imposable correspondant au chiffre d’affaires réalisé par les personnes utilisant le paiement mobile.

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