Durant ces dernières années, le Maroc a franchi des étapes importantes dans l’inclusion financière.
Mais, il reste du chemin à faire pour libérer le potentiel de la finance numérique et favoriser l’accélération de l’accès à ses services à l’ensemble de la population, notamment les moins desservis. Pour en décrypter les tendances et promouvoir l’inclusion financière, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Maroc et Bank Al-Maghrib viennent de publier une étude comportementale intitulée «Financial Inclusion» (inclusion financière). Cette analyse s’inscrit dans le cadre du partenariat entre les deux entités qui porte, d’une part, sur la promotion de l’inclusion financière numérique à travers l’utilisation des moyens de paiement digitaux, et d’autre part, sur la vulgarisation des services financiers numériques auprès de l’ensemble des couches sociales. « Notre collaboration avec le PNUD confirme notre fort engagement et notre détermination à surmonter les défis restants et à fournir le soutien nécessaire aux écosystèmes, en particulier dans les aspects les plus critiques tels que la numérisation, la Fintech, la finance inclusive et la finance verte », affirme Abdellatif Jouahri, le gouverneur de Bank Al-Maghrib. De son côté, Edward Christow, représentant du PNUD au Maroc, explique qu’aujourd’hui « il n’y a pas de retour en arrière dans la dépendance croissante à l’innovation technologique et aux services financiers numériques. Cela nous offre une occasion sans précédent de récolter leurs avantages au profit de l’inclusion financière » soulignant par ailleurs que ces évolutions sont accompagnées d’une multitude de nouvelles mises en garde qui concernent la sécurité financière et la cybersécurité.
Pourquoi le «Mobile Money» ne perce pas ?
La stratégie nationale d’inclusion financière a été développée en 2019 par la Banque Centrale. Toutefois l’usage des technologies dans le secteur financier connait des résistances, notamment au niveau de l’acceptation. Par exemple, l’usage du Mobile Money n’a pas encore été généralisé. Il ressort de cette étude que 29% de la population dispose d’un comptes Mobile Money en 2019. Paradoxalement, l’utilisation des téléphones mobiles est très répandue et accessible. Ainsi, le taux de pénétration des abonnements mobile atteindra environ 150% en 2023 contre un taux de près de 50% pour les cartes bancaires. En 2019, seules 17% des femmes adultes au Maroc disposent d’un compte bancaire contre 41% pour les hommes. Plus encore, 34% des hommes sans emplois ont un compte bancaire contre 14% pour les femmes. Quant à l’usage d’Internet, la fracture numérique reste à surmonter puisque 21% de la population en 2021 ne l’utilise pas. De plus, 36% de la population n’a pas les connaissances de base sur l’usage des nouvelles technologies en 2021.
Le cash reste dominant
Changer les habitudes sur les échanges monétaires des Marocains est lié à des systèmes complexes, notamment celui relatif aux commerces de proximité. Selon ladite étude, ces commerces doivent être encore plus incités à l’usage des nouvelles solutions offertes par la technologie. A cela s’ajoute la nécessité de renforcer les réseaux bancaires dans le monde rural qui ne couvrent que 1% pour 12.000 habitants dans ces zones, rapporte la même source.
Une tendance positive du «M-Wallet» depuis 2020
La crise de la Covid-19 a fait que l’usage des téléphones mobiles est plus fréquent. Ainsi, le nombre des abonnements M-Wallet est passé de 1,4 mllion à fin 2020 à 3,4 millions à fin octobre 2021. Cette tendance reste toutefois plus lente que prévu et est marquée par l’augmentation de l’utilisation du M-Wallet pour le paiement des factures. Au niveau des commerçants, l’acceptation n’est pas encore suffisante. Le volume de transactions était de 1,4 million à fin 2020 contre plus de 4,98 millions à fin juin 2021. Ce volume est appelé à évoluer rapidement une fois la communication sur l’usage des différents aspects du paiement mobile est lancée d’une manière plus large.
Encourager l’émergence de la Fintech
Les services financiers numériques jouent un grand rôle dans la promotion des start-ups fintech locales. De même, le réseau mondial d’innovation financière (Global Financial Innovation Network) pourrait être un excellent moyen de donner une impulsion pour l’inclusion financière grâce à l’innovation dans les services financiers. Ce réseau facilite l’échange responsable des expériences et des idées innovantes dans le secteur, notamment sur le plan réglementaire. Par ailleurs, cette étude voit en le Partenariat Public-Privé une piste de solution pour résoudre les défis réglementaires. Ainsi, la collaboration au niveau des données peut aider dans le développement des modèles prometteurs pour la gestion des innovations de la fintech.