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Mohamed Sadiki: “La superficie emblavée en céréales d’automne a atteint 3,58 millions ha”

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Entretien avec Mohamed Sadiki, ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural, des eaux et forêts

Le ministère a réussi à mobiliser 1,57 million de quintaux dont 92% proviennent de la Sonacos (1,45 MQX). Le blé tendre représente 67%, le blé dur 21% et l’orge 12%. De plus, un soutien significatif à l’utilisation a été mis en place notamment 170 DH/Ql pour le blé tendre; 205 DH/Ql pour le blé dur et 310 DH/Ql pour l’orge.

ALM : Les 100 premiers jours ont coïncidé avec le lancement d’une nouvelle campagne. Peut-on faire déjà le point ?

Mohamed Sadiki: A la veille de chaque nouvelle campagne agricole, le ministère de l’agriculture met en place une série de mesures de nature à encourager les agriculteurs, assurer la disponibilité des intrants essentiels au déroulement de la campagne à des prix raisonnables et parfois annoncer de nouvelles mesures. Pour cette campagne il assure la disponibilité des semences certifiées. En effet, le ministère a réussi à mobiliser 1,57 million de quintaux dont 92% proviennent de de la Sonacos (1,45 MQX). Le blé tendre représente 67%, le blé dur 21% et l’orge 12%. De plus, un soutien significatif à l’utilisation a été mis en place notamment 170 DH/Ql pour le blé tendre; 205 DH/Ql pour le blé dur et 310 DH/Ql pour l’orge. A ce jour, les ventes de semences certifiées ont atteint presque 1 million de Qx, soit plus de 60% de l’offre disponible. L’effort sur le secteur semencier ne s’arrête pas à l’utilisation, chaque année il faut s’assurer de la mise en place d’un nouveau programme de multiplication pour garantir la semence de la prochaine campagne. C’est un effort continu. Lors de cette campagne nous avons programmé avec les professionnels près de 50.000 ha (dont 36% en irrigué) de blé tendre (48%), blé dur (32%) et orge (20%) pour assurer un disponible en semences pour la prochaine campagne de 1,5 million de Qx. A date, 94% de ce programme a été réalisé. Aussi, dans un contexte mondial marqué par la hausse des matières premières et des intrants agricoles, il fallait se mobiliser aussi et rapidement pour assurer la disponibilité des engrais de fonds pour les cultures d’automne en partenariat avec le Groupe OCP et les opérateurs du secteur. En effet, malgré la hausse vertigineuse des prix des engrais phosphatés sur le marché mondial, les prix de vente aux agriculteurs au Maroc n’ont pratiquement pas changé. Cette période de l’année, la demande sur les engrais azotés augmente mais les prix ont créé une situation difficile pour tous les pays importateurs des engrais azotés.

Quel est le taux de couverture de l’assurance multirisque dans le secteur?

Par ailleurs, le risque climatique omniprésent pour nos agriculteurs a fait que le ministère avait développé dans le cadre du PMV une assurance multirisque climatique de céréales, légumineuses et oléagineuses qui a donné de bons résultats. Notre ambition est de l’étendre pour couvrir 2,5 millions ha dans le cadre de Génération Green. Lors de cette campagne nous avons programmé une superficie de 1.200.000 ha et une superficie pour la garantie multirisque climatique arboriculture de 50.000 ha. Près de 83% de la superficie AMC (assurance multirisque) a été souscrite par les agriculteurs. Sur le plan climatique, cette campagne est très particulière. Depuis 1989, c’est la dernière campagne en termes de volume des précipitations. Le cumul pluviométrique moyen national au 21 janvier 2022 à 6 heures : 70,6 mm, soit une baisse de 63% par rapport à la moyenne de 30 ans (188,3 mm) et de 62% par rapport à la campagne précédente à la même date (184,3 mm). Comparativement à une moyenne des 30 dernières années, le déficit pluviométrique est généralisé pour l’ensemble des régions économiques. De plus, le taux de remplissage des barrages à usage agricole est de 32% contre 41% la campagne précédente à la même date. Nous restons toutefois optimistes quant à l’évolution de la campagne, le secteur a vécu des années plus difficiles par le passé.

Y a-t-il eu un impact sur la superficie déjà cultivée?

Malgré ces conditions et grâce à la mobilisation des agriculteurs, la superficie emblavées en céréales d’automne a atteint 3,58 millions ha avec un stade végétatif des céréales : Levée-début tallage selon la date de semis et état végétatif différencié selon les régions. Pour assurer l’approvisionnement continu du marché en produits maraichers pour les mois à venir, le programme des cultures maraichères d’automne est pratiquement achevé avec l’installation d’environ 102.300 ha au 31 décembre 2021, soit un taux de réalisation moyen de 85 %. Maintenant nous commençons aussi le programme des cultures maraichères d’hiver dont 10.700 ha, soit 14% du programme a été réalisé à date. La superficie semée en betterave sucrière est de 38.807 ha, soit près de 82% du programme. La superficie en place de la canne à sucre s’élève à près de 10.373 ha dont 1.807 ha plantés en automne 2021, soit environ 69% du programme des plantations d’automne.

L’exécutif prend en charge la mise en œuvre du chantier royal de l’élargissement de la couverture sociale. Où en est actuellement l’aspect concernant les agriculteurs et le milieu rural ?

S’inscrivant en droite ligne des Hautes Orientations Royales, la généralisation de la protection sociale représente un levier majeur pour l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs et de la population rurale en général. La généralisation de la protection sociale constitue un facteur d’accélération de l’accès d’une grande partie des ménages agricoles à la classe moyenne. Pour ces considérations, ce programme est érigé comme un axe stratégique prioritaire dans le cadre du premier fondement portant sur le capital humain de la stratégie agricole Génération Green 2020-2030. En vue de concrétiser l’engagement de l’Etat en matière de politique de la protection sociale des agriculteurs et leurs familles, le gouvernement a mis en place un cadre légal et réglementaire permettant à la catégorie des travailleurs non-salariés de bénéficier de la couverture médicale (loi 15-98) et du régime des pensions (loi 15-99). De plus, la loi-cadre 09.21 a consolidé les orientations royales selon une démarche forte qui précise la nature des prestations de protection sociale, le chiffrage des catégories bénéficiaires, le calendrier de mise en œuvre et les budgets. Cette loi-cadre est l’expression de la ferme volonté de généraliser la protection sociale. Pour mettre en œuvre cette loi dans le secteur agricole, une convention-cadre relative au secteur agricole a été signée sous la présidence de SM le Roi qui prévoit l’instauration, dans un premier temps, de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) pour 1,6 million d’agriculteurs. Depuis le lancement de la stratégie Génération Green par SM le Roi, que Dieu L’Assiste, le département de l’agriculture en concertation avec les professionnels, les départements ministériels concernés et la CNSS a mené une profonde réflexion pour définir les catégories d’agriculteurs et leurs niveaux de cotisation.

Quelles sont les mesures prises dans ce sens au cours des premiers 100 jours?

Durant les 100 premiers jours du gouvernement, le département de l’agriculture a accéléré la mise en œuvre de ce chantier avec la finalisation de fixation des éléments de tarification en concertation avec les professionnels du secteur tout en s’appuyant sur une étude ayant utilisé les données du Recensement général de l’agriculture et de terrain (revenus, tailles d’exploitation et activités selon les zones agro-écologiques, etc.). Cette grille de cotisation est constituée au total de neuf (9) classes de revenu forfaitaire correspondant à des niveaux de cotisation. Sur le plan légal, le gouvernement a adopté le décret 2.21.1019 portant application de la loi 98.15 relative au régime de l’Assurance maladie obligatoire de base et de la loi 99.15 instituant un régime de pensions pour les catégories des agriculteurs. Ce décret précise les niveaux de cotisation et l’organisme de liaison qui n’est autre que le ministère de l’agriculture. De même, le décret n° 2.21.1036 relatif aux attributions et à l’organisation des directions centrales du département a été adopté en vue d’y apporter de nouvelles attributions, notamment celles relatives à l’activation, au suivi et à l’évaluation de la protection sociale au profit des agriculteurs, ainsi que la coordination de ce programme.

Concrètement, comment vous organisez le déploiement de cette couverture sociale?

S’agissant du volet organisationnel, le département de l’agriculture est désigné comme organisme de liaison responsable de deux principales missions : identification et mise à jour des listes des agriculteurs bénéficiaires et leur transmission à la CNSS. Dans ce cadre, une convention de partenariat avec cet organisme est en cours de finalisation pour définir les modalités d’échange des données en vue d’assurer l’immatriculation des agriculteurs. Il est à signaler que le département a mis en place un dispositif du suivi et de coordination chargé de la mise à jour des listes des agriculteurs, de leur catégorisation et de communication de ces données à la CNSS. A ce jour, ces activités enregistrent des taux de réalisation satisfaisants permettant d’atteindre l’objectif d’immatriculation généralisé des agriculteurs dans le délai prévu par les textes réglementaires (1er mai 2022). A ce jour une liste de près de 1 million d’agriculteurs a été élaborée et transmise progressivement à la CNSS. Le processus de déploiement de ce chantier stratégique se poursuit avec la mobilisation du département de l’agriculture et toutes ses structures sous tutelle et en parfaite coordination avec les partenaires ministériels et institutionnels pour réussir la mise en œuvre de la couverture sociale telle que voulue par Sa Majesté le Roi, que Dieu L’Assiste.

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