Entretien avec Mohamed Sadiki, ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts
Eclairage : La 15ème édition du SIAM est l’occasion de mettre le point sur les réalisations accomplies dans le secteur agricole mais surtout de trouver des solutions plus adaptées aux problématiques majeures que connait l’agriculture comme le changement climatique, la sécheresse ou encore le stress hydrique. Il s’agit aussi dans un autre registre d’explorer de nouvelles pistes de coopération. D’ailleurs, le Royaume-Uni est le pays d’honneur lors de cet évènement. L’opportunité se présente pour les opérateurs des deux pays de tenter d’élargir leur spectre de partenariats. Sur ces questions et bien d’autres Mohamed Sadiki, ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts nous fait part de sa vision.
ALM : Vous avez signé un mémorandum d’entente avec le Royaume-Uni. Quels sont les domaines concernés par cet accord et quels sont les axes de coopération agricole à améliorer entre les deux pays ?
Mohamed Sadiki : Le Royaume-Uni est l’invité d’honneur de la 15ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc. A ce titre nous avons organisé un forum entre la délégation britannique conduite par Monsieur le ministre de l’agriculture et les opérateurs marocains. Ce forum a centré les discussions autour des échanges entre les deux pays en matière de produits agricoles, des échanges commerciaux et également la coopération technique et scientifique. Et puis nous avons signé un mémorandum d’entente autour du renforcement des chaînes de valeurs et le travail pour leur équilibre suite à cette série de crises qui a perturbé les chaînes de valeurs à travers le monde, particulièrement dans cette zone méditerranéenne. Evidemment le travail va continuer pour essayer de revoir l’accord que nous avons entre nos deux pays sur le plan commercial, mis en œuvre en mai 2021 après le Brexit. L’objectif serait d’augmenter le volume des exportations vers ce marché qui est très apprécié par les opérateurs marocains comme ils l’ont fortement exprimé. Cela concerne les améliorations en matière de quotas ou encore de procédures.
Comment se présente la saison agricole 2022-2023 ? Et quelles sont les perspectives de croissance attendues ?
La campagne agricole 2022-2023 est meilleure que l’année dernière. Nous venons de publier les résultats qui font état de 55,1 millions de quintaux de céréales pour une année très sèche où nous avons enregistré une pluviométrie de 907 millimètres au total. Un peu plus que l’année dernière mais beaucoup moins qu’une année moyenne. Je pense que vu ces conditions, les résultats annoncés sont une performance. Mais évidemment ça reste limité. Pour ce qui est des perspectives pour les agrumes, l’olivier, les arbres fruitiers, elles sont bonnes. Donc nous nous attendons à une croissance positive. Contrairement à l’année dernière où elle était négative. Dans ce sens tout un ensemble d’actions d’appui aux agriculteurs, aux éleveurs, aux chaines de valeurs de manière globale sont actionnées et vont être intensifiées dans le futur pour pouvoir maintenir l’équilibre au niveau de l’agriculteur pour qu’il continue à produire et approvisionner le marché national. Notre souci est également pour le consommateur. Nous essayons de stabiliser et de réduire les prix d’un certain nombre de produits essentiels qui ont augmenté à cause de la flambée des prix des intrants agricoles et donc le coût de production, surtout pour les produits importés comme engrais azotés. Donc voila en gros le contexte dans lequel évolue cette campagne agricole.
Le Maroc à l’instar de plusieurs pays dans le monde connaît un stress hydrique important. Quelles sont les mesures prises pour parer à cette problématique ?
C’est une année sèche qui arrive après une année de sècheresse aiguë succédant à une année qui n’était pas pluvieuse. Ce déficit hydrique se creuse de plus en plus. Le manque d’eau est un sujet sérieux. Nous avons eu une compensation au niveau de la capacité des barrages. A ce stade on est à 33% au lieu de 32% l’année dernière. Mais ça reste très limité. Dans plusieurs régions l’irrigation est arrêtée parce que la priorité est donnée à l’eau potable. Donc toute la gestion de l’eau dans ces conditions est focalisée sur la valorisation en mieux de cette denrée et de centrer les efforts sur les cultures essentielles qui approvisionnent le marché national d’abord et puis sur les cultures fourragères qui nous permettent aussi de maintenir l’élevage.