Economie

Monterrey : Entre fonds publics et privés

«La plupart du développement économique réel viendra du flux de capitaux vers les pays pour créer des emplois et des niveaux de vie élevés», a déclaré, Paul O’neill, le secrétaire américain au trésor, lors de la conférence de Monterrey au Mexique. Un message sans équivoque. La contribution américaine arrachée tourne uniquement autour de 10 à 15 milliards de $ par an d’ici 2007. Et le dénigrement vient de l’Union européenne.
Cette dernière juge la focalisation des Etats-Unis sur leur chasse gardée notamment l’Amérique Latine et l’Asie. «De tous les investissements directs étrangers, seulement 2 ou 3% se dirigent vers l’Afrique subsaharienne», a commenté le commissaire européen au développement Poul Nielson. Et c’est bien cette région du globe qui demeure principalement visée par les éventuels pays bénéficiaires des fonds américains. En effet, lors d’une intervention devant les représentants de la presse et de responsables américains, il en ressort que les 5 milliards de $ sur trois ans reposeraient sur un certain mode de sélection. Cette somme s’annexe à l’augmentation de 18% de la contribution américaine à la Banque Mondiale, qui s’élève actuellement à 2,5 milliards de $ sur trois années. Aussi, pour les Etats-Unis, il s’agirait de pays adoptant «une politique économique saine et une nouvelle stratégie qui impliquent une plus grande responsabilité de la part aussi bien des pays donateurs que bénéficiaires».
Le ministre marocain des Finances présent à cette manifestation adhère à la thèse du nouveau continent, et développe ses attentes : «améliorer les gouvernances nationales et encourager l’émergence d’une gouvernance mondiale».
Placée sous l’égide des Nations-Unies et des organismes financiers internationaux, comme la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, la conférence reste au regard de l’argentier du royaume l’occasion: «de mettre en place un système mondial ouvert et équitable». Sur ce volet, les réactions européennes n’ont pas manqué de virulence. La délégation a été on ne peut plus claire sur les inquiétudes du moment. C’est ainsi qu’ils ont mis l’accent sur la manière dont les Américains imposent aux pays peu nantis, des moyens qui se basent sur des critères de «bon gouvernement, de démocratie et de transparence».
Cette méthode de sélection, dans l’octroi de financement décriée par les Européens est également relayée avec beaucoup plus d’agressivité par les organisations non gouvernementales et les agences spécialisées de l’ONU. Les agriculteurs marocains seront également mécontents de la déclaration du directeur général du FMI qui a déclaré : «on peut juger la crédibilité des efforts des pays riches en matière de lutte contre la pauvreté en fonction de leur disposition à ouvrir le marché et à supprimer les subventions qui entravent le commerce dans les domaines où les pays en développement ont un avantage comparatif». La lutte n’en est qu’à son début.

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