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Mostapha Bousmina: «Nous n’avons pas encore d’experts dans le climat»

© D.R

Entretien avec Mostapha Bousmina, chancelier de l’Académie Hassan II des sciences et techniques

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L’Académie Hassan II des sciences et techniques a organisé les 21, 22 et 23 février 2017 sa douzième session plénière solennelle sur le thème scientifique  «Océan et climat – cas du Maroc». Lors de la clôture de cette session l’Académie a réuni des scientifiques et des experts sur les océans et le climat. A cette occasion nous sommes allés à la rencontre de Mostapha Bousmina, chancelier de l’Académie Hassan II des sciences et techniques, afin de nous éclairer davantage sur les différentes thématiques abordées.

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ALM : Les océans, pourquoi le choix de ce thème ?

Mostapha Bousmina : Le Maroc assure la présidence de la COP22 et l’académie a jugé bon de dédier cette session au climat et aux océans.

Comme vous le savez, 50% de l’oxygène que nous respirons viennent des océans, les océans absorbent de la chaleur solaire et en réémettent une partie. Et ce faisant, ils régulent par ce mécanisme naturel la température de la planète. Il faut savoir que sans les océans nous aurions des températures de -18°C. Mais encore, l’océan est également un formidable puits pour la séquestration du CO2, c’est un réservoir de gaz à effet de serre qui empêche les rayonnements solaires qui tapent notre planète de se réfléchir.

Pourriez-vous nous en dire plus ?

Quand il y a une augmentation du CO2 dans l’atmosphère, la température de la planète augmente, ce qui cause le réchauffement des océans.

Par conséquent, il y a de la vapeur d’eau qui s’échappe et aussi un effet de serre qui se produit. Celui-ci ne dure que quelques jours dans l’atmosphère mais grâce à cette évaporation, le CO2 qui a été séquestré commence à s’échapper des océans.

Le fait aussi qu’il y ait beaucoup de CO2 change la salinité de l’eau, celle-ci devient plus acide et cela détruit la faune et la flore.

Qu’est-ce que cela implique pour le Maroc ?

Il est très important pour le Maroc qui dispose de 3.500 km de côte d’avoir des données réalistes concernant l’interaction climat-océans. Et pour cause, les ressources halieutiques et la pêche font vivre beaucoup de familles au Maroc. Nous n’avons pas encore exploité de façon optimale nos ressources halieutiques, c’est dans le sillage de cette stratégie que nous discutons avec des experts internationaux et nationaux pour produire un rapport qui va servir aux décideurs politiques pour concevoir une politique qui permettrait à la fois d’atténuer et de s’adapter aux effets du changement climatique mais aussi d’améliorer l’exploitation de nos ressources halieutiques.

Quelle est la principale recommandation de cet écrit ?

Nos recommandations seront écrites par l’académie sur un cahier blanc et elles seront finalisées dans quatre semaines. La principale recommandation de ce cahier est de créer un observatoire marocain pour le climat. Notre première recommandation est de constituer une équipe de chercheurs marocains qui suit le climat, le changement climatique mais aussi l’impact du changement climatique sur un certain nombre de données telles que la raréfaction de l’eau, l’impact sur la faune et la flore, les effets des changements climatiques sur les épidémies, ou encore les données sur les flux migratoires en relation avec l’Afrique, etc. Pour ce faire, l’académie est prête à participer à la création de ce centre, et est prête à promouvoir avec d’autres la constitution des équipes de recherche dans ce domaine. Nous n’avons pas encore d’experts dans le climat, nous avons des experts dans la météo. Or, le climat et la météo sont deux domaines différents. En effet, la météo vous permet de prévoir le temps sur une semaine ou deux alors que le climat est une donnée qui se mesure sur le long terme, soit des dizaines, des centaines d’années. Mais également, les outils qui sont utilisés pour prévoir la météo ne sont pas exactement les outils utilisés pour suivre le climat. En effet, pour suivre le climat, il est nécessaire de disposer d’outils beaucoup plus robustes et plus complexes. La raison est simple, la quantité des données collectées est extrêmement massive et diversifiée.

Propos recueillis par

Leila Ouchagour  (Journaliste stagiaire)

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