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Moubarack Lo: «Le Maroc, un pont entre les différents segments de l’Atlantique»

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Entretien avec Moubarack Lo, Senior Fellow à l’OCP Policy Center

ALM : On parle aujourd’hui d’une transition atlantique tout en portant le regard sur l’Afrique.  Quel rôle joue le Maroc dans cette dynamique?

Moubarack Lo: Le Maroc est un pays qui, sur le plan géographique, se situe entre  l’Afrique et l’Europe. C’est un pays qui historiquement a de bonnes relations avec les Etats-Unis. Ainsi, le Maroc peut jouer un rôle moteur pour créer  un pont entre ces différents segments de l’Atlantique qui sont l’Europe, l’Amérique et l’Afrique.  Maintenant il ne peut pas  réussir ce rôle seul. Il faut que les autres pays africains atlantiques l’accompagnent dans ce processus. Il faut que toute la communauté africaine développe cette volonté commune pour pouvoir établir une relation atlantique forte. Elle doit tirer profit de cette appartenance à une zone commune  pour pouvoir développer des coopérations et gérer ensemble  les défis sécuritaires. C’est en quelque sorte les challenges que nous devons piloter ensemble.

La zone atlantique connaît d’énormes  disparités entre la rive nord et sud. Sur quoi devrait capitaliser l’Afrique pour mener à bien cette transition?

L’Afrique est peut-être pauvre en matière de technologie et capacités humaines mais regorge de richesses naturelles. La question qui se pose aujourd’hui est comment mettre en valeur ces ressources naturelles et comment développer les capacités humaines pour pouvoir émerger demain et après-demain développer.

N’oublions pas que de par leur rendement décroissant et la hausse des coûts de production, les pays du Nord sont actuellement obligés de délocaliser et de créer de nouvelles dynamiques qui leur permettront de créer une croissance. La coopération avec les pays du Sud est gagnante. L’Europe dans son ensemble et l’Amérique peuvent dans un partenariat gagnant-gagnant avec les pays de l’Atlantique sud, notamment africains, bâtir un partenariat très fort à même d’équilibrer la coopération qui va se développer au niveau du Pacifique.

Quels sont les secteurs phares qui dynamiseront ce partenariat ?

Il faut d’abord commencer par développer  le capital humain, ensuite les infrastructures, car sans ces dernières on ne pourra jamais coopérer. Il faut avoir des lignes maritimes entre l’Amérique latine et l’Afrique. il faut également que les liaisons aériennes fonctionnent. Il faut également renforcer l’infrastructure routière et ferroviaire. Il faut que demain un TGV puisse quitter Paris pour arriver à Rabat ou à Casablanca et que ce même TGV puisse continuer vers le reste de l’Afrique. Après tout, le monde a été créé pour être uni. Je rêve que demain les frontières n’existent quasiment plus . C’est à travers les infrastructures qu’on pourra concrétiser ce rêve. Après le capital humain et l’infrastructure, intervient l’énergie.

Nous devons utiliser l’énorme potentiel africain en matière d’énergie (pétrole et gaz) pour connecter l’Afrique, l’éclairer et pour qu’on puisse également préparer le terrain pour les investissements, notamment dans le domaine de l’agro-industrie. Une fois ces leviers prêts nous pourrons développer l’industrie. Nous avons la chance en Afrique d’avoir des coûts modérés, ce qui favoriserait  la délocalisation d’activités des pays de l’Atlantique nord en Afrique . Sur le plan agricole, nous pouvons allier  la technologie du Nord et les terres et l’eau du Sud pour pouvoir nourrir la population et accélérer la croissance.

Si l’on se permet de se projeter dans l’avenir, comment voyez-vous cette Afrique atlantique ?

Je pense que le potentiel est là-maintenant il faudrait le transformer en réalité. C’est pourquoi en tant que think tank interne au gouvernement sénégalais, nous envisageons l’année prochaine d’organiser avec  l’OCP Policy Center un groupe de travail stratégique avec les pays de l’Amérique latine pour voir comment transformer ce potentiel en réalité et identifier des actions concrètes  de coopération qu’on présentait aux gouvernements pour aller de l’avant. Plus de place à la parole, nous devons passer à l’acte.

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