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Nadia Laraki : «Le succès de nos emprunts s’explique par la solidité de notre business model»

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Entretien avec Nadia Laraki, directrice générale de l’Agence nationale des ports (ANP)

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L’ANP a fait de sa politique de financement un des leviers moteurs pour préserver sa santé financière et en faire un catalyseur de l’intervention de l’Agence sur le marché financier à la fois national et international.

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ALM : La dernière émission obligataire de l’ANP a été un succès historique. Elle a été souscrite 76,2 fois. Comment expliquez-vous cet engouement de la place pour le papier ANP ?

Nadia Laraki : A l’instar de sa première émission obligataire effectuée en octobre 2017 pour un montant de 500 millions DH, la 2ème émission obligataire de l’ANP d’un montant d’un milliard DH a enregistré un taux de souscription record de 76,2 % jamais réalisé sur le marché obligataire national, soit l’équivalent d’un total de souscriptions de 76,2 milliards DH. De plus, elle a couvert l’ensemble des catégories d’institutionnels et d’investisseurs. Ce résultat traduit ainsi la qualité de la signature de l’Agence, la solidité de son business model et de ses équilibres financiers fondamentaux. en témoigne la confiance affichée et réitérée de ces institutionnels et investisseurs à accompagner le secteur portuaire national dans son développement à travers l’appui des projets d’investissement de l’Agence voire d’appuyer l’investissement public d’une façon plus générale.

Est-ce que vous vous attendiez à un succès d’une telle ampleur à la veille de l’opération ?

L’intervention de l’ANP sur le marché obligataire en octobre 2017, à travers l’émission du premier emprunt obligataire, a permis à l’Agence de mesurer l’appétit des investisseurs et institutionnels pour le papier ANP. Cette opération a permis d’enregistrer un résultat record sans précédent sur le marché obligataire national. Forts de cette première expérience, nous étions assez optimistes quant à la réussite de cette 2ème opération, mais sincèrement pas à un tel exploit en termes de souscription. Certes, nous avons été confortés à travers nos contacts avec les différents intervenants sur ce marché, notamment à l’occasion de road shows, des entretiens et échanges avec le Conseil financier et du suivi propre par l’Agence de la situation dudit marché. Nous avons senti un intérêt manifeste de ces intervenants pour accompagner l’ANP et le secteur portuaire en général eu égard à son positionnement stratégique dans les échanges externes de notre pays, la nature du trafic transitant par les ports relevant de l’ANP et les garanties que l’Agence offre.

En quelques mots, si vous deviez nous résumer les facteurs clés et déterminants du succès d’une opération pareille, quels seraient-ils ?

Au-delà de l’émission obligataire elle-même, et à l’instar de tous les financements que l’Agence a mobilisés à date d’aujourd’hui, l’ANP cherche à bâtir un véritable cadre de partenariat avec les intervenants dans le marché obligataire national, basé sur la transparence, la garantie d’une relation gagnant-gagnant et le respect des engagements mutuels. A ce titre, je rappelle que le souci de l’ANP, tel qu’affiché auprès de ces intervenants, n’est pas de mobiliser des financements, mais de le faire en préservant sa capacité de remboursement et ses équilibres financiers. D’autres éléments ont, bien entendu, contribué à ce succès. Il s’agit notamment tel que précisé auparavant de la solidité du business model de l’Agence, de la nature de l’activité des ports traitant du trafic domestique et de ses perspectives de développement, du choix du timing et de la structuration de l’émission et de la situation du marché financier.

Avec une telle demande sur le papier ANP, cela laisse supposer que les acteurs du marché seraient prêts à souscrire encore à d’autres opérations. Est-ce qu’on peut s’attendre à d’autres levées de fonds à moyen terme?

Tout à fait, comme je vous l’ai déjà précisé, l’ANP veut se positionner comme émetteur régulier sur le marché obligataire. D’autres levées de fonds peuvent être envisagées dans le futur. L’ambition est encore grande pour permettre la réalisation des investissements de l’Agence. Dans le même cadre, et eu égard à l’effort consenti par l’Agence en matière de préservation de l’environnement (Investissement, exploitation, participation à différentes instances,…), l’ANP manifeste son intérêt de faire appel à la finance verte en envisageant d’émettre des Green Bonds, à l’occasion de ses prochaines émissions pour pouvoir financer ses prochains projets à caractère environnemental et s’inscrivant dans un développement durable ainsi que de pouvoir bénéficier des avantages additionnels que procure une émission « verte » par rapport à une émission obligataire classique.

Qui dit levée de fonds, dit endettement à moyen et long termes. Qu’en-est-il justement des fondamentaux de l’ANP et quid de son état d’endettement actuel ?

L’ANP a fait de sa politique de financement un des leviers moteurs pour préserver sa santé financière et en faire un catalyseur de l’intervention de l’Agence sur le marché financier à la fois national et international. Cette politique fait de la diversification de ses modes de financement un des leviers de sa politique financière au même titre que la garantie d’une gestion dynamique de la dette pour mettre à contribution les évolutions favorables du marché et soutenir en permanence ses capacités de mobilisation des financements. C’est pour cela et à titre d’illustration que, soucieuse de préserver la solidité de ses indicateurs, l’ANP a marqué délibérément entre ses deux émissions obligataires «une pause» en s’appuyant essentiellement sur ses propres ressources financières. Cela a permis d’améliorer notablement le niveau d’endettement affiché par l’Agence à fin 2018 qui est de 53 %, donc nettement en deçà du seuil permis. Nous veillerons au maintien de ce taux dans la limite de ce seuil pour les trois prochaines années.

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