Economie

«Nous ne sommes pas seuls sur le marché»

© D.R

Aujourd’hui Le Maroc : Que pensez-vous des performances du secteur touristique national dans le cadre de la vision 2010 ?
Hassan Sebbar : En fait, il faudrait d’abord pour une meilleure compréhension des performances actuelles, remonter aux origines de cette vision 2010. Il y a eu une étude d’aménagement en 1994, laquelle a connu un début d’exécution en 1995. Ce qui a donné une poussée importante, et notamment la reprise enregistrée entre 1998 et 2000.
Pour cette dernière année, nous étions arrivés à un total de 2,4 millions de touristes étrangers, auxquels il faudrait ajouter les Marocains résidents à l’étranger. Ce sont des touristes à part entière du point de vue de l’Organisation mondiale du tourisme. Pour le cas du Maroc, on peut dire que les MRE sont des touristes certes, mais des touristes qui ne sont pas le produit de la politique touristique nationale.
Bref, la vision 2010 a pris pied sur ces résultats et sur le plan quinquennal 2 000 – 2004. Ce plan avait recensé un certain nombre de projets qui existaient dans le temps mais stagnaient faute d’incitations.
Environ 17 000 lits se trouvaient dans ce cas. Les projets nouveaux recensés dans la période 1998- 2000 cumulaient un parc de 10 000 lits. La vision 2010 a fédéré toutes ces énergies. Pour ma part, j’avais suggéré de tenir en compte que nous ne sommes pas seuls sur le marché. La croissance du secteur touristique, secteur transversal par excellence, devait se situer à deux à trois points au dessus du PIB marocain.
Du temps de votre mandat, vous aviez réservé un accueil plutôt glacial à ce programme 2010 ?
Non, pas du tout. J’avais fait les mêmes remarques que celles exposées ci-dessus. Devant le Premier ministre, j’ai suggéré aux concepteurs de cette vision de tenir en compte que nous ne sommes pas seuls sur le marché. A l’époque, nous venions à peine d’adopter le plan quinquennal lequel comportait aussi des engagements. J’avais demandé que l’on remplisse d’abord les objectifs contenus dans ce programme, à savoir 4 millions de touristes (2000-2004) avant de s’attaquer par la suite à la vision 2010 proprement dite.
Finalement, la vision 2010 a tenu toutes ses promesses ?
La vision 2010 a permis de mobiliser les acteurs du public et du privé autour d’un objectif volontariste. L’Etat a mis à la disposition du secteur un certain nombre de moyens. La multiplication par trois des budgets de promotion, les exonérations fiscales et la mise à disposition du foncier sont autant d’exemples d’engagements concrets. Malheureusement, au niveau des résultats, nous ne sommes pas encore revenus au niveau de l’année de référence 2000. Pour l’année 2004, il était prévu d’arriver à 18 millions de nuitées. Or, nous sommes à seulement 13 millions, MRE inclus. C’est ce qui explique la détérioration des taux d’occupation des hôtels.
Les quatrièmes Assises nationales du tourisme ont été un moment fort de la déclinaison de cette vision. L’orientation donnée par SM le Roi pour le développement d’une destination comme Ouarzazate est une bonne chose. C’est sur de tels produits, spécifiquement marocains, que nous pouvons réaliser des performances. Le balnéaire est important, mais c’est un produit où des destinations concurrentes sont bien positionnées.
L’augmentation rapide du parc d’hébergement n’est-il pas à l’origine de la détérioration des taux d’occupation ?
La capacité additionnelle n’est pas la cause. Disons que des lits se sont ajoutés à l’existant sans que, de l’autre côté, la demande ne suive. Dans tous les cas, tout investissement a un délai de maturation.
Les hôtels qui ouvrent actuellement sont en général des investissements annoncés en 1998. C’est à partir de 2006, que les projets du contrat-programme vont vraiment commencer à entrer en activité. Les investisseurs qui s’engagent pour une destination savent ce qu’ils font.
Que pensez-vous de l’évolution des recettes ?
Il y a une amélioration des recettes. C’est dû à l’évolution de l’activité bien sûr, mais c’est aussi lié aux mesures draconiennes prises en Europe et au delà suite aux attentats du 11 septembre 2001.
Actuellement, les banques européennes exigent des justifications pour tout dépôt de plus de 5000 euros. D’où moins de fuites en partant du Maroc et un mouvement de rapatriement plus prononcé. Ces fuites étaient importantes dans les années 60, atteignant parfois 40 à 50% des recettes. Dans les années 1990, le taux était tombé à 15%. Maintenant, il faut consolider ces acquis.
L’élimination du verrou aérien représente quand même l’une des évolutions majeures de ces dernières années ?
C’est vrai. L’Etat a tenu ses engagements sur ce volet, la libéralisation du ciel marocain est effectif. Mais il faut attendre encore les résultats.
Aux TO maintenant, signataires des contrats d’objectifs avec l’Etat, de remplir leur part du contrat.

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