Economie

«Nous sommes promoteurs des marchés et des filières»

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ALM : Pouvez-vous nous présenter la mission du CDER ?
Mohamed Baradai : La mission principale du CDER porte sur le développement, à grande échelle, des énergies renouvelables en visant les enjeux énergétiques, économiques et environnementaux importants liés à l’utilisation stratégique de ce type d’énergies.
Nous sommes ainsi promoteur des marchés et des filières par nos actions d’observation de l’évolution du secteur, de développement d’approches prospectives et de planification rationnelles, de montage et de mise en oeuvre d’initiatives nouvelles visant la transformation des marchés, d’accompagnement technique dans l’introduction des technologies «énergies renouvelables» aux niveaux des programmes nationaux d’infrastructures et de développement économique et social, contribuant notamment à la réalisation des objectifs visés pour la réduction de la pauvreté. Nous sommes également acteur de développement par notre implication accrue dans la recherche visant l’extension des champs d’applications des énergies renouvelables, la promotion de la qualité des équipements et des services et la professionnalisation de la formation aux fins de capitalisation et d’élargissement de l’expertise nationale.
Pouvez-vous faire une rétrospective des différents programmes réalisés à ce jour?
Depuis sa création, le Centre a cherché à consolider la position des énergies renouvelables dans le paysage énergétique marocain à travers des programmes promotionnels à caractère national. Je citerai essentiellement :
– L’électrification rurale décentralisée :
Le Centre a été porteur d’efforts d’innovations techniques, d’organisation et de financement permettant le développement des bases du concept d’électrification hors réseau notamment au niveau de programmes intégrés d’électrification réalisés (Kénitra, Azilal, Errachidia, Safi Chefchaouen, Taounate…). Les résultats encourageants de ces efforts ont abouti à l’intégration de l’ERD dans le PERG (150.000 foyers sont visés). Le développement de l’ERD continue cependant pour étendre sa base technologique comme le recours aux micro centrales hydro-électriques, les petites éoliennes, les systèmes hybrides, ainsi que pour étendre son application aux services sociaux de base et aux activités génératrices de revenus.
– L’énergie de puissance :
Nous nous sommes également intéressés au développement de la filière éolienne ou solaire pour la production d’électricité de puissance. L’Atlas éolien publié dans ses différentes versions a constitué une base d’identification de plusieurs sites disposant d’un potentiel exploitable considérable et d’investigation de nombres de promoteurs nationaux et internationaux intéressés par l’investissement dans ce domaine. Ce travail en amont permet l’identification des projets de parcs tels que celui d’«Abdelkhalek Torres» de 50 MW réalisé par l’ONE ou ceux en préparation à Tanger, Essaouira, Taza…
Actuellement, des études prospectives de développement de l’éolien au Maroc sont en cours de réalisation. Elles portent sur les possibilités d’intégration de l’énergie éolienne, à plus grande échelle, au réseau électrique national à partir de sites disposant de ressources énergétiques appropriées ou encore sur les nouveaux procédés technologiques utilisant l’énergie éolienne, en particulier le dessalement de l’eau (Site de Tan-Tan et celui Chriga) en partenariat avec l’ONEP.
– L’efficacité énergétique :
Cette filière importante est aussi prise en considération à travers les programmes suivants : Le programme promotionnel des chauffes eau solaires Promasol qui s’inscrit dans le cadre de la coopération entre le Ministère de l’Énergie et des Mines, le Fonds Mondial pour l’Environnement (GEF) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), est dans sa phase de réalisation.
Le programme vise principalement la promotion des chauffe-eau solaires (CES) pour une mobilisation accrue des ressources énergétiques nationales, l’amélioration de la courbe de charge électrique nationale et la préservation de l’environnement. Ainsi, le projet porte sur l’implantation de 100.000 m de capteurs solaires thermiques en 4 ans.
Le programme de mise à niveau énergétique des hammams et des fours boulangeries dont l’objectif est la diffusion de technologies améliorées d’économie de bois au niveau des hammams et fours boulangeries. Ces technologies permettent une économie d’au moins 50% du bois de feu.
Le programme d’efficacité énergétique dans les bâtiments visant le développement d’une réglementation thermique du bâtiment et le lancement de la mise à niveau énergétique de bâtiments dans les secteurs de la santé, l’habitat, l’éducation nationale, l’Hôtellerie et les collectivités locales. Ce programme permettra à terme l’économie de 150000 TEP par an. L’effort du centre porte également sur les mesures d’accompagnement à même d’assurer la réussite de ces programmes :
-Développement d’une approche qualité globale par la formation, le contrôle de qualité, l’agrément des installateurs et des équipements en appui aux opérateurs industriels et commerciaux privé. En effet, la réalisation de programmes de développement faisant appel à l’exploitation des ER ne peut être réussie sans que la satisfaction de l’utilisateur final ne soit pleinement assurée. Cette satisfaction passe nécessairement par la maîtrise de la qualité des équipements utilisés.
C’est pour cela que nous avons mis en place au CDER des laboratoires de tests et de certification des équipements ER, l’élaboration de normes marocaines (NM) pour un certain nombre d’équipements relevant des filières énergétiques renouvelables éprouvées, et particulièrement le solaire thermique et photovoltaïque (en préparation) ainsi qu’un centre de formation, offrant des stages techniques diversifiés touchant à plusieurs technologies énergies renouvelable.
– Développement d’outils de financement appropriés A ce propos nous oeuvrons avec les opérateurs financiers intéressés pour organiser progressivement une entrée diversifiée de techniques de financement novatrices dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. L’objectif d’ensemble est d’accompagner la croissance des marchés par la promotion de ces outils auprès des différentes catégories d’agents économiques marocains (micro-entreprises, PME, entreprises de service,..). Il s’agit ainsi de l’«assurance partenariats commerciaux » qui encourage l’extension des réseaux de distribution et de maintenance, de l’ «Appui à l’investissement industriel», du leasing pour inciter les secteur hôtelier et industriel à recourir aux énergies renouvelables.
-Le développement d’expertise de proximité dans les villages en milieu rural et dans les quartiers en milieu urbain : c’est le programme «Maison Energie» :
Quel est le concept de la Maison énergie ?
La Maison énergie est une micro entreprise conçue pour offrir des services énergétiques de proximité de conseil, d’assistance et des prestations techniques et commerciales. Dans sa phase-pilote, le programme a permis d’intéresser une centaine de jeunes promoteurs qui sont aujourd’hui opérationnels essentiellement en milieu rural mais aussi en milieu urbain, dans des activités liées au solaire photovoltaïque, à la sous-traitance de petites prestations dans le cadre du PERG, à la promotion d’équipements d’économie du bois de feu. D’une manière générale, la Maison d’énergie peut accompagner les différents programmes mentionnés grâce à sa présence rapprochée des consommateurs.
Comment un jeune promoteur peut-il ouvrir une maison d’énergie dans sa localité ?
Tout candidat répondant à des critères techniques et entrepreneurials désirant s’investir dans des activités de services énergétiques de proximité en milieu rural ou urbain peut contacter le CDER et déposer son dossier au Centre. Après prise en considération de la candidature, il s’engage dans un cycle de formation pluridisciplinaire pris en charge par le programme (gestion, technique, l’utilisation des NTIC …).
Il est entendu que le jeune promoteur est accompagné dans la phase de création de sa Maison énergie (étude d’approche, démarches administratives, recherche financement,..) et de développement de partenariats commerciaux.
Quels impacts cette maison d’énergie aura-t-elle sur le monde rural ?
Au cours de la phase-pilote, le projet a permis la mise en place d’une centaine de maisons-énergie dans différentes régions du pays.
Compte tenu des résultats de la phase pilote, Le Ministère de l’Energie et des Mines, le CDER et le PNUD ont lancé en association avec un ensemble de partenaires publics et privés un programme visant l’implantation de 1000 Maisons d’énergie sur une période de quatre ans.

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